Le réalisme et le naturalisme et le personnage de roman au fil du temps.

Le Réalisme et le Naturalisme

Le Réalisme

Le terme « réalisme » vient du latin « realis » qui signifie « réel » (de « res » = chose, réalité). Au sens large, une œuvre réaliste s'applique à représenter les hommes et le monde le plus fidèlement possible, la réalité telle qu’elle est, sans artifice et sans idéalisation. Le respect du réel peut s’afficher en contradiction avec l’imaginaire rêvé dans laquelle le romantisme se réfugiait. Ce mouvement nait avec la parution de la revue Réalisme en 1856 et s'étend sur la seconde moitié du IXX ème siècle.

Fascinés par les progrès scientifiques de leur époque et en particulier par la nouvelle science du vivant, les écrivains réalistes entendent donner à la littérature une nouvelle mission. Ils s'appuient sur de nombreuses recherches et une abondante documentation afin de décrire un milieu de façon rigoureuse et précise. La description est le mode d'expression privilégié du romancier réaliste, elle permet d'ancrer l'histoire dans la réalité. Les thèmes abordés concernent principalement l’influence du milieu sur les individus, la vie urbaine ou provinciale et les misères et ascensions sociales.

Honoré de Balzac tout comme Stendhal, est considéré comme le père de ce mouvement. Son œuvre, La Comédie Humaine, décrit minutieusement la lutte des classes et témoigne de la place de l’argent dans les rapports sociaux. À travers de longues descriptions très détaillées et sensorielles, la société est représentée de façon complète dans tous ces romans : Balzac nous raconte tout ce qu’il est possible de voir, de sentir et d’entendre avant même de s’attarder au caractère des personnages, lui donnant une importance moindre. Le réalisme balzacien comprend donc une dimension explicative, et non juste descriptive, de la société, du fait que les personnages utilisés soient aussi des images de leur temps et non juste fictionnelles.

On retrouve aussi le mouvement réaliste en art visuel, avec pour chef de file le peintre Gustave Courbet. Les artistes se montrent désireux de moderniser l'art a cette époque, non pas en rejetant le passé, mais en redéfinissant sa culture, son style et ses objectifs. On cherche a faire ressortir dans l'image l'idée de futur et le questionnement sur l'évolution.

ImageL'Atelier du peintre (1855), Paris, musée d'Orsay.

Courbet s'adresse à son ami Champfleury en janvier 1855 : « c'est l'histoire morale et physique de mon atelier, première partie. Ce sont les gens qui me servent, me soutiennent dans mon idée qui participent à mon action. Ce sont les gens qui vivent de la vie, qui vivent de la mort. C'est la société dans son haut, dans son bas, dans son milieu. En un mot, c'est ma manière de voir la société dans ses intérêts et ses passions. C'est le monde qui vient se faire peindre chez moi. »

Sa recherche s’oriente vers une peinture vivante dans laquelle l’homme redevient l’être humain d’une réalité qu’il oppose à l’imaginaire romantique.

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Le Naturalisme

Le terme « naturalisme » vient du latin « naturalis » signifiant « naturel ». Ce mouvement (1865-1890) s'inscrit directement dans le prolongement du mouvement réaliste auquel il est apparenté. Le naturalisme s'appuie sur les sciences de l'Homme et de la nature, entre autres la médecine et la psychologie. Le mouvement complète la phase d'observation minutieuse du réalisme par une phase d'expérimentation destinée à confirmer l'hypothèse de départ.

L’écrivain naturaliste vérifie expérimentalement dans ses romans le rôle déterminant des caractères sociaux et biologiques sur l’individu ou le groupe. Il invente une situation, il place le personnage dans un milieu défini (ouvrier…) et il se propose ensuite d’observer la situation et d’expliquer le comportement de son personnage avec une objectivité scientifique. Chaque roman devient donc une expérimentation nouvelle d’où le nom de "roman expérimental" ou "roman laboratoire".

Émile Zola est le chef de file incontesté du mouvement naturaliste. Il entend faire de ses romans "une étude du tempérament et des modifications profondes de l'organisme sous la pression du milieu et des circonstances" (préface à la seconde édition de Thérèse Raquin ,1868) comme il l'a fait avec les Rongon-Macquart.

La littérature naturaliste se caractérise par des procédés narratifs récurrents: une importance donnée aux descriptions, l'emploi d'un vocabulaire technique, la focalisation externe, ainsi qu'un discours indirecte libre.

Comme le mouvement réaliste, on retrouve aussi le mouvement naturaliste en art visuel. Il en reprend les traits en accordant une importance primordiale aux motifs, à la nature telle qu'elle est. Les naturalistes traitent uniquement des sujets de la vie quotidienne, ne peignent que des anonymes dans un milieu naturel et essayent de dépasser le réel en accentuant l'instantanéité du moment pour le rendre plus symbolique comme l'a dépeint Édouard Manet avec son tableau Le déjeuner sur l'herbe.

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Le déjeuner sur l'herbe, Édouard Manet

"On sait avec quelle puissance il a vaincu cette difficulté. Il y a là quelques feuillages, quelques troncs d'arbres, et, au fond, une rivière dans laquelle se baigne une femme en chemise; sur le premier plan, deux jeunes gens sont assis en face d'une seconde femme qui vient de sortir de l'eau et qui sèche sa peau nue au grand air. Cette femme nue a scandalisé le public, qui n'a vu qu'elle dans la toile."(texte de Zola décrivant la toile de Manet)

Il en reprend les traits en accordant une importance primordiale au motif, à la nature Pour cette jeune génération, en effet, la peinture ne peut plus se référer à l’idéal

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