L’évolution du personnage de roman au fil du temps

L’évolution du personnage de roman au fil du temps :

Il est vrai que de nos jours, le personnage de roman est proche de notre vie réelle et grâce à cela nous pouvons, en tant que lecteur, nous identifier à lui à travers ses actes ou ses émotions. Nous le comprenons car il parle de nous, de notre vie, de nos préoccupations, de nos états d’âme, de notre ressenti. Mais avant de parvenir à ce statut, le personnage de roman a passé de nombreuses étapes.

Des personnages héroïques stéréotypés

Les premiers personnages de roman font leur apparition au 12ème siècle dans des œuvres qui ne sont pas qualifiées d’écrits de ce type mais s’en rapprochent, comme celle de Chrétien de Troyes. Idéalisés (on parle d’ailleurs plus de héros que de personnage), ils prennent la forme de chevaliers courageux ou de dames inaccessibles, qui n’existent que par des actions codifiées. L’univers merveilleux dans lequel ils évoluent accentue leur manque de vraisemblance et ne permet pas aux lecteurs de s’identifier à eux.

Le roman comique : un pas vers plus de réalisme

Au 15ème siècle, le mot « personnage » fait son apparition dans la littérature pour désigner une personne fictive, définie par la place qu’elle occupe dans le récit. Mais les portraits sont toujours stéréotypés et la description n’offre aucune surprise.

Le point intéressant qu’offre l’époque est le développement, en parallèle, du roman comique, dans lequel le personnage s’éloigne de ses sources mythiques et de son haut rang pour apparaître un peu comme au théâtre, grotesque, caricaturé, cherchant à faire rire le lecteur. Sur le modèle de Don Quichotte de Cervantès, il s’humanise et se rapproche des êtres réels ordinaires.

La Princesse de Clèves impose un nouveau genre avec l’exploration psychologique du personnage

La Princesse de Clèves de Madame de la Fayette marque un véritable tournant dans l’évolution du personnage de roman. Son héroïne échappe aux stéréotypes par son originalité. En prenant des risques, en s’affirmant, en étant autonome, elle s’éloigne du contexte de l’époque et des attentes des lecteurs. Ce qui est nouveau également, c’est qu’elle met à nu son intériorité et sa sensibilité.

Le 18ème siècle : point de départ du personnage de roman

Au 18ème siècle, le personnage s’impose chez les écrivains pour désigner le protagoniste d’un récit, remplaçant peu à peu le héros. Tout comme le roman est plus proche du monde réel, le personnage se rapproche des personnes réelles. L’auteur approfondit sa psychologie et enrichit sa personnalité.

Durant ce siècle, certains écrivains exploitent la dimension éducative du roman. Pour éclairer sur l’être et sur la société, ils donnent la parole à leurs personnages, d’où l’apparition de l’emploi de la première personne.

A la fin du 18ème siècle, le roman est libéré de sa forme héroïque.

Balzac, Flaubert et Zola

Au 19ème siècle, le roman, grâce à Balzac ou Zola, s’impose comme un genre qui permet une meilleure représentation de la vie. Le souci de l’auteur est de faire gagner son personnage en ressemblance et dans cet axe, on fait entrer les classes basses dans les romans.

Balzac, qui a créé Goriot, Eugénie Grandet, Rastignac, utilise le personnage comme axe central de la construction de ses romans. Il accorde une grande importance à leur apparence qui révèle leur appartenance sociale alors que Stendhal, au contraire, néglige leur description physique et vestimentaire au profit de la peinture des sentiments.

Zola écrit : « Pourquoi, avec Balzac, avec Flaubert, avec les Goncourt, la vie, toute la vie, est-elle entrée si largement dans le roman ? C’est qu’ils ont pu s’affranchir des idées faites sur la jeune fille, la mère, l’amant, toutes ces perfections dont le poncif passait de main en

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