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Le poète humaniste : Joachim Du Bellay

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Par   •  30 Mars 2013  •  Commentaire de texte  •  1 821 Mots (8 Pages)  •  6 362 Vues

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Poète humaniste de la première partie du XVIème siècle, Joachim Du Bellay a beaucoup travaillé pour la réhabilitation et l’enrichissement de la langue français dont l’ouvrage théorique Défense et illustration de la langue françaises est le fruit. Il faisait partie de la Pléiade, un groupe de sept poètes français de la Renaissance formé autour de son ami Pierre Ronsard. Les Regrets est un recueil de poèmes de 191 sonnets en alexandrins paru en 1558, à la suite d'un voyage à Rome de 1553 à 1557, qui l'a rempli d'amertume et où il dépeint un véritable drame personnel. En effet,il est d'abord exalté à l'idée de son départ : il accompagne son oncle envoyé en ambassade à Rome auprès du pape et se trouve ravi de visiter le centre culturel vers lequel portent tous les regards à cette époque. Rome incarne alors un rêve pour tout humaniste, car elle est le berceau de l’Antiquité puis de la Renaissance en Italie. Mais il est rapidement déçu par l’atmosphère sulfureuse qui règne dans la cité pontificale qui n’est que nid d’intrigues, de jalousies, de complots et par les activités futiles que lui réserve son oncle qui le traite tel un valet. Il regagnera donc la France avec dans ses bagages les textes de cette expérience plutôt amère qui explique le titre du recueil dont le registre principal est le lyrisme et la tonalité élégiaque. C’est donc un enthousiasme qui se transforme en désenchantement, allant jusqu’à provoquer chez le poète un sentiment de profond doute quant à son inspiration, c’est ce que Du Bellay transcrit dans cet extrait. Par quel procédés le poète nous fait-il sentir le désarroi dont il souffre suite à la disparition de son inspiration? Nous étudierons tout d’abord comment la structure du sonnet est mise au service de l’expression de ses sentiments. Dans un second temps nous nous intéresserons de plus près a l’évocation du passé et pour finir à celle du présent.

Lorsqu’on se penche sur la structure de ce sonnet, on s’aperçoit qu’elle est marquée par la répartition des types de phrase, en effet la première et la seconde strophe sont composées de deux quatrains et reflètent le pouvoir qu’était celui de l’auteur lorsqu’il était inspiré alors qu’il s’interroge sur le devenir de l’inspiration perdue. C’est pourquoi il utilise de nombreuses phrases interrogatives dont deux vers commencent par «Où ». Les deux strophes qui suivent sont composées de deux tercets qui font référence au doute et au manque de confiance liés à la perte de son inspiration, le poète emploie ici la forme affirmative car il est persuadé d’avoir littéralement perdu sa plume. Du Bellay utilise donc ici un système de questions-réponse où phrase interrogative trouve son antithèse dans une phrase déclarative. En effet à la lecture de ce poème, des répétitions nous interpellent mais elles sont voulue et adroitement utilisées, tout d’abord au vers 1 et 9 on retrouve le mot «maintenant» utilisé avec le présent d’énonciation et qui implique donc un changement. De même l’auteur aborde l’attitude face à la « Fortune » qui est une allégorie car cette divinité préside la destinée humaine, et dont la présence à deux reprises mais placé différemment dans la phrase implique une variation du sens exprimé. Puis c’est le courage qui fait l’objet d’une redondance lorsque au vers 2 et 10 revient « cœur » tout d’abord désigné avec une certaine distance car précédé de l'article « ce » puis avec un côté lyrique et plus affectif lorsque il est précédé de « mon ». Par la suite, Du Bellay utilise a deux reprise une forme semblable : « je n’ai plus » au vers 12 et « je ne l’ai plus » dans le vers qui suit, afin d’insister sur le constat de disparition, ainsi qu’un vocabulaire péjoratif connotant la perte (« serf », « s'enfuient »). De plus, il utilise aussi des synonymes tels que « immortalité » et « postérité » au vers 3 et 12 lorsque il aborde l’intérêt qu’on lui portera à titre posthume; et l’énergie créatrice : « flamme » et « ardeur » (à l’origine ardere voulait dire brûler en latin) dans les vers 4 et 13. Enfin c’est au tour de l’inspiration poétique perdue incarnée par les « Muses » d’être reprise par deux fois (vers 6 et 14). L'absence et la distance sont aussi rendues par l'emploi particulier des déterminants car tous les groupes nominaux des cinq premières phrases débutent par des démonstratifs (ce, cet, cette, ces).Ceux-ci, en début de poème, servent à présenter les sentiments dont veut parler le locuteur : « mépris de Fortune », « coeur », « désir d'immortalité », « flamme », « plaisirs ». Mais ils les désignent comme extérieurs au poète, à jamais perdus. Par opposition aux déterminants possessifs, les démonstratifs suggèrent que ces sentiments appartiennent à un passé révolu. Le dernier groupe nominal, « ces doux plaisirs », est d'ailleurs complété par une subordonnée relative à l'imparfait (« que les Muses me donnaient »).Le changement dont se plaint le poète apparaît en outre dans le choix des verbes. Les sept premières phrases sont construites avec le verbe être, les deux négatives suivantes, avec avoir, la dernière, avec un verbe de mouvement (« s'enfuient »). Ce qui « était » (et qui faisait vivre le poète, le faisait exister) n'est plus. Le verbe enfuir prend alors toute sa portée ; dernier

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