Le personnage de Dora Doulebov dans les Justes de Camus

Dora Doulebov

Faites le portrait du personnage pour lequel vous prendriez partie. Vous veillerez à évoquer son profil moral et les idées qu’il défend.

Dora Doulebov est un personnage clé des Justes de Camus, une pièce de théâtre composée de cinq actes, qui reprend les événements postérieurs et antérieurs d’un attentat, mené par un groupe de terroristes membres du parti socialiste révolutionnaire russe.

Dora est l’unique femme du groupe terroriste. Son personnage plus sensible que les autres, pourrait nous évoquer celui d’une mère. Elle est attentive envers ses camarades, les comprend et cherche à les aider. Dora se montre rassurante avec Kaliayev pour qui elle nourrit des sentiments amoureux « Ils t’aiment et te comprennent » ou encore « Tu es courageux ». Elle est également prévenante « Il faut que tu saches, il faut que tu sois prévenu ! ». Son attitude de mère se mêle à celui d’une sorte de sage, en disant « Je suis plus vieille que toi dans l’organisation », elle se donne un statut de savante, c’est elle qui garde les pieds sur terre, avoue sa peur et pose des questions surprenantes de la part d’une révolutionnaire. « La paix ! Quand la trouverons nous ? » elle va jusqu’à remettre en cause leurs actions. Cette paix tant convoitée existera-t-elle réellement à la fin de tous ces sacrifices et prises de risque ? Ce personnage aux qualités humaines indéniables est chargé de la fabrication des bombes. Ajouté à cela Dora prend un rôle de mère. On peut se demander si Dora en confectionnant les bombes n’exprimerais pas l’idée de la naissance de la liberté à travers elles. Comme si chacune des explosions causées par celles-ci permettaient un gain de liberté, et d’émancipation pour le peuple russe, selon le groupe terroriste.

Au-delà de son humanité Dora fait preuve d’une grande détermination. Elle défend ses convictions face au groupe essentiellement masculin, tuer oui, à condition que cela puisse sauver des vies. Pour rendre ses propos fort et parlant elle pose des questions au groupe, tel que : « Pourrais-tu, toi, Stepan, les yeux ouverts, tirer à bout portant sur un enfant ? », cela permet de déclencher une éventuelle remise en question de ses camarades, mais aussi elle questionne le lecteur. De plus Dora utilise l’organisation pour souligner ses propos, et les rendre valables aux yeux des terroristes les moins convaincus. Pour elle et le parti, si l’on tue n’importe qui, en l’occurrence des enfants, le mouvement de révolution ne vaut pas mieux que celui de la dictature. Elle dit : « Même dans la destruction, il y a un ordre, il y a des limites » pour elle, la mort d’enfants, même membre de la famille du tsar n’est pas une option. Les didascalies « avec violence », « avec élan » soulignent son caractère de guerrière.  

Dora Doulebov est dévouée à « L’Organisation », en rentrant dans ce parti elle a fait une croix sur sa vie d’individu. Elle vit pour ce groupe. Son identité en tant que femme est secondaire, c’est l’identité du parti qui domine. Kaliayev lui dit « Je ne vous sépare pas toi et l’Organisation », ces deux identités sont confondues. Elle se prive de l’amour, s’y refuse, pour elle il rend faible et ne peux fonctionner avec sa position de justicière « L’amour courbe doucement les têtes ». Cependant la personne qu’elle avait était reste en bruit de fond, elle était « belle » et « rêveuse ». A cette époque elle se considérait comme insouciante et légère. Son choix de se rallier au parti correspondrait alors à une prise de conscience sur le monde qui l’entoure, de ces injustices, de sa misère. Cette insouciance était pour elle « l’été », et depuis sa prise de conscience c’est un « éternel hiver ». Malgré son changement identitaire marqué aimer un être lui fait envie « Si l’on pouvait oublier, ne fût-ce qu’une heure, l’atroce misère de ce monde et se laisser aller enfin. » Elle décide finalement de s’y abandonner, en décidant de mourir pour ses deux grands amours que sont le parti et Kaliayev. C’est à l’annonce de la mort de Kaliayev qu’elle décide de pousser cet amour jusqu’au bout en désirant tuer puis mourir, dans une nuit froide et sur la même corde de Kaliayev. Elle pourrait ainsi achever sa mission en tant que terroriste, et rejoindre celui qu’elle aime. La mort est perçue comme une délivrance « Tout sera plus facile maintenant ». A la fin de cette pièce elle ne se considère plus comme un être humain ni homme ni femme, mais la porteuse d’un message universel « Suis-je une femme maintenant ? », répond-elle face à une remarque sexiste. Son acte qui la précipitera vers la mort est-il alors une vengeance pour Dora ?  Ou bien s’est-elle finalement mise en accord avec le meurtre et l’amour qu’elle exprime ? Dora reste toutefois humaine, lors de sa dernière réplique elle pleure.

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