Le Neveu de Rameau, Diderot

Fiche : le Neveu de Rameau, Diderot

1. Extrait classiques :

• La loi de la Jungle : on peut exploiter les riches sans remords puisque loi naturelle et loi sociale se rejoignent, les hommes se dévorent. D’une certaine façon, la justice se rétablit ainsi. Si le neveu était riche sa principale jouissance serait de commander et d’opprimer à son tour

• L’immoraliste : Rameau dissipe toute illusion, le jeu de massacre ne laisse subsister aucune valeur. Patriotisme, ambition, responsabilité, devoir… tout n’est que « vanité »

• La pantomime des gueux : Le Neveux, vertigineux caméléon, singe toutes les postures, « contrefaire l’homme admirateur, l’homme suppliant, l’homme complaisant ». Voilà la « pantomime des gueux, le grand branle de la Terre »

1. Les Thèmes clés :

• La comédie humaine : Le monde est un théâtre. Le philosophe et le Neveux s’accordent mais le Neveux décrit avec une lucidité cruelle les comportements humains : chacun est le chien d’un autre. Les deux sont moralistes. Il tire parti de cette connaissance des autres pour subsister. Il cultive l’art de flatter et de plier l’échine avec l’art de Tartuffe. Parfois il explose et refuse de « baiser le cul au figuré ». M. Foucault dit « Ce qu’il y a de vorace et d’éhonté dans le Neveu de Rameau, tout ce qui peut renaitre en lui de cynisme, ce n’est pas une hypocrisie qui se décide à livrer ses secrets car son secret, justement, est de ne pouvoir pas être hypocrite ». Le Neveu ne se pose pas pour autant en héros de la franchise, il se moque de lui-même, de ses prétentions au-dessus de son statut

• Illustration des idées de Diderot sur l’art :

• La pantomime ou la mécanique du vivant : Pour Rameau comme pour Diderot, elles tiennent du défi esthétique : comment donner l’impression de la musique sans disposer de l’instrument pour l’un et du son pour l’autre ? Il cherche à démontrer que l’art tient d’une fiction élaborée par l’imagination plus que la reproduction du réel. La leçon morale est claire : l’homme est-il autre chose qu’un pantin ?

• Le paradoxe du comédien :  le créateur n’est pas l’homme sensible, celui qui vit dans le délire de ce qu’il évoque, mais l’esprit lucide et le cœur froid. Les hommes d’esprit font le malheur de leur entourage en ne mettant pas leur génie à leur service mais au service des générations futures. L’indifférence de l’oncle à l’égard de son Neveu alors que sa musique est empreinte des plus touchantes émotions annonce la distinction de Proust : « le moi de l’artiste n’est pas le moi de l’œuvre » 

• Une philosophie de la vie :

• Pertinence de l’impertinent : le Neveu rappelle que la première étape du philosophe est de connaitre les hommes tels qu’ils sont : « on tire parti de la mauvaise compagnie, comme du libertinage. On est dédommagé de la perte de son innocence, par celle des préjugés ». La question est de savoir s’il faut s’adapter ou non au cours d’une société que les deux personnages ne peuvent envisager changer.

• Une morale selon la nature : La première leçon est que la société est une jungle : « Dans la nature toutes les espèces se dévorent ; toutes les conditions se dévorent dans la société ». La seconde leçon est celle que la vertu n’est peut-être pas faite pour tout le monde « la voie de la conscience (…) est bien faible, lorsque les boyaux crient » signale le Neveu. Et le philosophe qui méprise l’original et lui assène ses vérités, est-il le plus sage ?

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