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La princesse de Montpensier, transposition, interprétation

Commentaire d'oeuvre : La princesse de Montpensier, transposition, interprétation. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  31 Mars 2020  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 269 Mots (6 Pages)  •  357 Vues

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                          Princesse de Montpensier, transposition, interprétation

 Quelle difficultés pose la nouvelle de Madame de Lafayette à l’adaptation filmique ? Comment Tavernier les résout -il ?

 Un film peut raconter la même histoire qu’un roman mais il ne le fera pas de la même manière. Les différences sont de surcroît accentuées lorsque le film et le roman obéissent chacun à des codes esthétiques propres à leur genre et à leur époque. La nouvelle s’inscrit dans une esthétique classique, tendant à l’abstraction et à la stylisation. Le film de Tavernier relève de la tradition du film historique, « en costumes » qui présuppose un effort de reconstitution exacte d’une époque.

  1. Une nouvelle qui laisse beaucoup à imaginer

L’apparence des personnages, leurs costumes, les lieux dans lesquels ils se trouvent sont laissés à l’imagination du lecteur dans la nouvelle : ni portrait physique, ni description. Les qualificatifs sont superlatifs, jamais descriptifs : la princesse est d’une beauté » extrême » ou « surnaturelle » ; les hommes sont « fort bien faits », de « bonne mine », c’est-à-dire que leur apparence physique et vestimentaire est flatteuse et signale leur grandeur sociale. Aucun costume n’est évoqué, si ce n’est le déguisement de Maure lors du bal à la Cour, signalé puisqu’il justifie le quiproquo. Les lieux sont simplement nommés ( Champigny, la Cour). Lorsque la narratrice donne l’idée de leur disposition, de la position ou des déplacements respectifs des personnages, c’est seulement pour des besoins narratifs ; ainsi, lors de la rencontre sur la rivière, ou de l’entrevue clandestine, et surprise par le prince entre Guise et la princesse, avec l’entremise de Chabannes. Bien que ce soit une nouvelle historique située au XVIème siècle, il n’y a pas le moindre détail pittoresque pour peindre concrètement cette époque .

  Le film par définition montre, et donne une traduction visuelle de tout ce qui demeure invisible dans le texte. Les personnages, dont le lecteur forge sa propre représentation imaginaire, sont incarnés et revêtent pour le spectateur l’apparence singulière de tel ou tel acteur ; quand le lecteur fait acte de croyance, le spectateur fait une épreuve immédiate : la séduction de l’héroïne, par exemple , que le lecteur n’imagine que par la  médiation de la narratrice  et de l’effet produit sur les autres personnages, le spectateur la ressent et la subit lui-même grâce à l’actrice qui lui prête son éclat juvénile et sensuel, sa voix, son expressivité. Tavernier utilise le puissant effet de réel de l’image au service d’une reconstitution historique qui s’avère soigneuse et exacte concernant les décors, les vêtements, les objets ( cf Didier Lefur historien)

  Mais il ne s’arrête pas à la simple fonction illustrative et tire parti des capacités narratives et symboliques de l’image. Par exemple, les costumes magnifient la beauté des personnages mais varient aussi en fonction de leurs activités, ou de leur statut ( Marie jeune fille, arbore un décolleté, tandis que Marie, femme mariée porte un col montant). Les visions de champs de batailles tout brumeux de la fumée des armes contrastent avec le paysage paisible de la rencontre, embelli par les miroitements de la lumière (scène de la rivière). Le château où vit la princesse après son mariage est une bâtisse austère et isolée. Situé sur une hauteur , dominant une nature sauvage, il conserve un aspect médiéval qui l’oppose à la demeure de son enfance, dont l’architecture, les alentours aménagés évoquent les châteaux Renaissance. Le lieu choisi pour figurer Champigny dans le film , et qui prend le nom de Mont-sur- Brac, rend ainsi sensible au spectateur l’éloignement de la princesse après son mariage, de sa famille, de la guerre, de toute vie sociale. Symboliquement, il accentue les ruptures qu’elle vit : aussi bien son émancipation culturelle et intellectuelle grâce à Chabannes, que sa relégation et sa solitude finales. L’ambiance étouffante et dangereuse de la Cour, où chacun est toujours sous le regard de tous, est traduite par des plans serrés qui empêchent le spectateur d’avoir une vue d’ensemble de l’espace, un jeu de corridors, de tentures, de recoins où les personnages se croisent rapidement et risquent toujours d’être surpris.

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