LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

La lenteur

Commentaire d'oeuvre : La lenteur. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Février 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 181 Mots (5 Pages)  •  308 Vues

Page 1 sur 5

Dans notre société urbaine vouant un culte à la vitesse, il est devenu difficile de « prendre son
temps » au quotidien. On peut se demander si aujourd’hui cette « lenteur » est devenue un luxe, que peu de
gens pensent encore à s’offrir ? Tout d’abord, avec le temps la lenteur à pris une connotation négative à nos
yeux, synonyme de paresse et contre-sens de la société. Pourtant, on se souvient de son coté positif, associé
au bonheur de moment savouré, une qualité de caractère ou encore une esthétique. Enfin, l’évolution de
notre monde tournée vers la vitesse toujours croissante, remet au gout du jour la philosophie de la lenteur
comme guide vital.

En effet, aujourd’hui la lenteur comme manière de vivre va à l’encontre du déroulement de notre
société. Cette vie qui passe à un rythme endiablé à changé notre manière d’appréhender le temps qui passe.
Dans son livre « Du bon usage de la lenteur » parut en 2000, Pierre Sansot met en évidence que nous
évacuons de nos vies les instants de rêverie et de sérénité privilégiés semblant suspendre notre temps si
précieux et qui nous donne l’impression de le gaspiller. En outre, on pense que ce temps perdu a des
conséquences négatives sur la réussite de notre vie, comme le chanteur français Thomas Fersen le fait
apparaitre dans la chanson « Deux pieds », racontant la journée d’un homme adepte de la lenteur devenu
paresseux ce qui le conduit lui-même à gâcher sa vie.
Ainsi dans le monde d’aujourd’hui, le plaisir de la lenteur semble avoir disparu. Selon Milan Kundera,
dans son livre « La lenteur » publié en 1997, l’oisiveté est devenue un désœuvrement amenant à la
frustration et l’ennui. Cette inoccupation est inacceptable dans une communauté accro au mouvement et à
la rapidité. Cette dépendance collective en indigne certains qui croient encore aux bienfaits de la lenteur,
comme le chanteur français Anis qui, dans sa chanson « Oisif », oppose l’oisiveté à la productivité nécessaire
à la société, met en garde contre ce plaisir duquel il ne faut pas abuser et considère l’oisiveté comme « la
mère de toute les pensées ».

Comme le dit Anis « pas de désœuvrement juste prendre son temps, aborder les choses plus
calmement », finalement sous les critiques négatives de notre monde se dissimule la part positive de la
lenteur qui peut nous apporter bonheur et beauté.
Les partisans de la lenteur pensent qu’elle conduit à une vie de bonheur. Milan Kundera énonce ce
point de vue avec un proverbe tchèque qui décrit les oisifs comme « contemplant les fenêtres du bon
Dieu », ce qui signifie qu’ils ne s’ennuient pas et sont heureux. Un personnage de bande dessinée très
populaire illustre cette idée, l’anti-héro par excellence de André Franquin parut dès 1960, Gaston Lagaffe
savoure la lenteur des instants, accros aux siestes dans son hamac, inséparable de son chat et d’une rare
nonchalance toujours le mégot à la bouche. Ce personnage incontestablement heureux souligne le propos
de Pierre Sansot, étant que la lenteur attitude est aussi liée à l’idée de bien être et de sérénité.
La lenteur est une porte ouverte vers le bonheur mais elle peut également définir une qualité de
caractère et de comportement. Le film de Wong Kar-Wai sortie en 2000, « In the mood for love », veut
exprimer le temps qui passe et qui disparait lentement au rythme des plat saisonniers et des motifs


changeant des robes de madame Chan. Cette histoire d’amour platonique caractérise l’ancien amour
courtois et langoureux où l’on prenait le temps de se chercher. Une esthétique de la lenteur, caractéristique
de la danse et du cinéma asiatique, que l’on peut associer à la qualité qu’est la patience. L’artiste de land art
Andy Goldworthy, dans son film « Rivers and tides » sortie en 2005, nous fait partager une expérience
sensorielle de la lenteur dans une longue contemplation du temps qui unit l’homme et la nature. Avec son
étonnante patience, l’artiste nous rappel l’importance de la nature, opposée à la vie urbaine et la
technologie, dans le plaisir de la lente rêverie. L’exposition « Eloge de la lenteur », au musée du quai Branly à
Paris, souligne cette vision des choses en souhaitant faire oublier un instant aux visiteurs le rythme
frénétique de la vie parisienne en associant, entre autres, la nature apaisante à la lenteur.

Cette positivité de la lenteur nous amène vers une caractéristique ancienne de cette notion, remise
au gout du jour car elle se situe à l’encontre de la culture de la rapidité d’aujourd’hui : la philosophie de la
lenteur.
Cette ancienne louange à la lenteur est typique de la culture asiatique et particulièrement du Zen.
Henri Brunel, dans son livre « Les plus beaux contes zen », explique l’essence du zen grâce à des contes
montrant l’importance de la compassion, de la parole juste, de la désinvolture et surtout du bonheur. Dans
ces contes la notion de temps est primordiale, on nous enseigne que « Le fini est l’infini, et l’infini le fini » et
que « Le présent est l’éternité », la conception du temps de ces paroles est déroutante, mais pourtant
porteuse d’espoir dans notre société. Pierre Sansot partage cette idée du temps, il évoque l’histoire de la
pomme de Newton, une médiation dans la nature qui lui aurait donné l’intuition de la gravité terrestre afin
mettre en évidence que le fait de prendre son temps est une forme de sagesse. Il ajoute que lenteur
attitude, par la volonté de se laisser porter par le temps sans le brusquer ni lutter contre, serait comme une
fructueuse disponibilité de l’individu. Ainsi, dans notre société occidentale, la philosophie de la lenteur était
également importante auparavant. Le zen lui, ne souhaite pas être moralisateur mais simplement donner
lieu à des réflexions et médiations car « le zen est un chemin qui va », à l’inverse dans sa fable « Le lièvre et
la tortue » parut vers 1668, Jean de la Fontaine enseigne par un conte et sa morale la sagesse de la lenteur. Il
utilise la tortue, un symbole naturel pour représenter la lenteur, c’est également l’image de la sagesse dans
la culture chinoise.

En somme, j’ai voulu montrer que dans cette société, où la culture est à la rapidité, la lenteur à pris
un sens négatif. Pourtant, malgré que ce soit un plaisir à consommer avec modération, la lenteur est d’abord
positive et peut nous conduire au bonheur si l’on en fait bon usage. Ainsi la philosophie oubliée de la lenteur
revient peu à peu au gout du jour, car nous avons besoin de retrouver le bon équilibre entre lenteur et
vitesse dans nos vies. Nous avons vu que l’idée de lenteur est intimement liée à celle de la nature, en outre
l’importance de la nature est également richement remise au gout du jour depuis quelques années. On
écoute les paroles sages de Pierre Rabhi dans son film « Au nom de la terre » sorti en 2013, l’opinion de
Coline Serreau, réalisatrice du célèbre film « La belle verte », dans « Solutions locales pour un désordre
global » sorti en 2010, et encore bien d’autres films documentaires récents traitant de la crise écologique.
Ainsi, je pense que la philosophie de la lenteur va de paire avec le respect de la nature et que ces opinions
s’étalent lentement mais surement afin de faire prendre conscience à toujours plus de personnes, car « Tout
ce qui doit durer est lent à croitre » (Louis de Bonald).

...

Télécharger au format  txt (7.5 Kb)   pdf (25.2 Kb)   docx (287.8 Kb)  
Voir 4 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com