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La Vie profonde, d'Anna de Noailles

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Par   •  8 Avril 2022  •  Commentaire de texte  •  1 808 Mots (8 Pages)  •  8 467 Vues

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La Vie Profonde

Anna de Noailles, Le Cœur innombrable, 1901

Introduction : Anna de Noailles, son Coeur innombrable , et sa “Vie profonde”;

Anna de Noailles est une femme de lettres française d’origine roumaine dont le premier recueil, très apprécié, Le Coeur innombrable, a été publié en 1901 et l’a rendue célèbre.S’y exalte son lyrisme passionné pour l'amour et la nature.

Dans “La Vie profonde”, poème en alexandrins de quatre quatrains, issu de la première partie du recueil, elle partage une experience sensuelle , intense et mystique, de l’humanité et de la nature.

Problématique et plan

Quelle est la relation entre humanité et nature dans ce poème aux rimes embrassées ?

  1. De comparées à enchevêtrées, nature et humanité intenses et fusionnelles (1ère strophe)
  2. Des cinq sens aux quatre éléments (jusqu’à « terre. »)
  3.  Mystique de la Nature.

Être dans la nature ainsi qu'un arbre humain, Étendre ses désirs comme un profond feuillage,

Les deux premiers vers, ainsi que la plupart des vers du poème commencent par un verbe à l’infinitif, ce qui permet de décentrer cette expérience partagée par la poétesse, et de lui donner une dimension universelle. Le premier verbe choisi : « être », permet d’inscrire cette expérience dans une radicalité essentialisée.

Les deux premier vers contiennent des comparaisons introduites par « ainsi qu’ » et « comme » (le comparé, humain, et le comparant, arbre).

Toutefois, ces comparaisons sont intensifiées par l’emploi du groupe nominal « arbre humain », qui opère une fusion du comparé et du comparant.

De même, l’expression « étendre », d’habitude utilisée pour les branches d’un arbre, a ici pour COD les « désirs » humains (métonymie). : humain et arbre se retrouvent d’autant plus enchevêtrés, enchevêtrement exprimé aussi par l’enjambement entre le troisième et le quatrième vers. L’adjectif qualificatif épithète « profond », fait écho au titre du poème, dans lequel il qualifie le terme « Vie » (humaine, ou naturelle ?)

Et sentir, par la nuit paisible et par l'orage, La sève universelle affluer dans ses mains !

Anna emploie toujours l’infinitif, partageant ainsi cette expérience de la « vie profonde » avec tous. L’adjectif « universelle » rend cette intention encore plus explicite.

Le verbe « sentir » mis en relief par la virgule qui le suit, exprime l’extrême sensualité de ce poème, qui ne parle pas seulement de l’âme humaine qui trouverait une consolation dans la nature, mais de la fusion charnelle / corporelle / incarnée de la nature et de l’humanité.

De même, le terme « affluée », souvent utiliser pour le « sang », a ici pour sujet la
« sève » qui afflue dans « ses » mains : ici, l’adjectif « ses », est à comprendre comme possessif du pronom indéfini on.

L’opposition entre « nuit paisible » et « orage » introduit le motif des deux extrêmes équivalents, important dans la suite du poème.

Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face

A nouveau, faisant écho aux autres infinitifs : “Être” et “sentir”, le premier mot du premier vers est un infinitif.

Ici, il est même suivi d’un autre infinitif : “avoir”

Le verbe fait aussi écho au substantif éponyme du poème.

L’adjectif indéfini “la” permet encore une fois de conserver ce flou : de quelle “face” la poétesse parle-t-elle ? De la sienne? De la notre? Le lecteur peut ainsi s’approprier cette sensation.

Boire le sel ardent des embruns et des pleurs, Et goûter chaudement la joie et la douleur

[pic 1]

Les deux infinitifs “boire” et “goûter” permettent de continuer à partager une expérience sensorielle universelle : celle du goût.

La conjonction de coordination “et” met sur le même plan les “embruns” et les “pleurs”, tous deux salés, l’un venant de la nature, et l’autre des humains.

Elle met aussi sur le même plan “joie”, et “douleur” comme si l’important était dans l’intensité (exprimée ici par l’introduction du motif du feu avec les mots
« ardents » et « chaudement ») des sensations et des sentiments ; peu importe qu’ils soient généralement considérés comme agréables, ou désagréables. Le tout est renforcé par un jeu de métonymie et métaphores.

Qui font une buée humaine dans l'espace !

Première proposition qui ne soient pas une proposition infinitive indépendante. Le verbe est ici conjugué au présent, à la troisième personne du pluriel.

C’est ce mélange actif de la nature et des humains et de ces sentiments de joie et de douleur, qui crée cette vapeur se déposant en fines gouttelettes formées par condensation (définition de la buée).

Les éléments du feu et de l’eau semblent se mêler et s’évaporer dans l’air, et même dans « l’espace », dont la mention ouvre l’imagination du lecteur. Cette évocation suggestive peut aussi faire penser à la tradition de l’alchimie (Science occulte en vogue au Moyen Âge, née de la fusion de techniques chimiques gardées secrètes et de spéculations mystiques).

Cette fusion est encore renforcée par l’adjectif épithète « humaine », qualifiant la buée.

On remarque que la deuxième strophe, comme la première, est ponctuée par un point d’exclamation, exprimant l’enthousiasme et l’intensité du poète, son exaltation.

Sentir, dans son coeur vif, l'air, le feu et le sang Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre.

On retrouve ici les infinitifs, et le verbe “sentir”, ainsi que les motif des quatre éléments, qui sont tous explicitement nommés dans ces deux vers, alors qu’ils n’étaient que suggérés dans les vers précédents.

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