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La Negritude Et La Migritude

Note de Recherches : La Negritude Et La Migritude. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Décembre 2014  •  1 067 Mots (5 Pages)  •  932 Vues

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Aujourd'hui comme hier, la plupart des écrivains africains francophones vivent en dehors de leur continent. Ils ne craignent pas que leurs écrits soient jugés trop européo-centrés : de toute façon, ils ne sont pas lus dans leur propre pays.

Le plus connu des écrivains togolais, Kossi Efoui, évoquant l'étonnant paradoxe qui caractérise l'héritage littéraire du continent africain, déclare : « Pour moi, la littérature africaine est quelque chose qui n'existe pas. » Autrement dit, c'est une littérature qui trouve ses racines loin du pays natal de l'auteur, où son oeuvre est rarement lue, voire pas du tout.

L'Afrique francophone a produit une multitude d'écrivains dits « fantômes », car ils vivent en Europe de l'Ouest et écrivent pour un lectorat occidental. Le Guinéen le plus prolifique, Tierno Monénembo, est établi en France, tout comme le Djiboutien Abdourahman A. Waberi, la Sénégalaise Fatou Diome et le Congolais Henri Lopes, ambassadeur de Brazzaville à Paris.

Ils ne craignent pas que leurs écrits soient jugés trop européo-centrés, car, de toute façon, ils ne sont pas lus dans leur propre pays. « Les gens pour qui j'écris ne s'intéressent pas à moi », se lamente Henri Lopes. Au Congo-Brazzaville, on sait qu'il est écrivain « uniquement par ouï-dire ».

Selon Jacques Chevrier, professeur émérite à l'université de la Sorbonne, une douzaine d'auteurs africains seraient publiés chaque année sur le continent, contre plusieurs centaines en France. Les librairies « ont pratiquement disparu, et celles qui survivent sont tenues par des expatriés français », affirme-t-il. On compte bien quelques maisons d'édition africaines francophones, mais le marché local est étroit en raison du fort taux d'analphabétisme. Les livres restent un luxe pour la majorité des Subsahariens.

Pourtant, cette littérature invisible est d'une grande richesse. Rien d'étonnant à ce qu'elle fleurisse hors du continent puisqu'elle est née en exil, plus précisément à Paris, destination privilégiée des jeunes intellectuels africains francophones. De nombreux écrivains contemporains avouent que leurs racines plongent dans la négritude, ce mouvement littéraire né dans les années 1930, qui s'était fait le chantre de l'expression culturelle noire en réaction à la colonisation française. Il a été fondé par deux étudiants de l'époque, Léopold Sédar Senghor du Sénégal et Aimé Césaire de Martinique.

Pour le critique littéraire congolais Boniface Mongo-Mboussa, « avant la négritude, la littérature africaine était une littérature coloniale qui se prétendait africaine ». Des romanciers connus comme le Béninois Paul Hazoumé ou le Sénégalais Bakary Diallo épousaient l'attitude coloniale au point de considérer la culture européenne comme très supérieure à la leur.

Mais si Paris était le coeur de la négritude, l'inspiration lui est venue d'Amérique. Les écrivains de la négritude admiraient Langston Hughes, Claude McKay, Alain Locke et W.E.B. DuBois, auteurs noirs américains qui sont passés un jour par la France, attirés par sa vitalité intellectuelle et sa relative tolérance. D'après Mongo Mboussa, « la négritude est peut-être le plus grand mouvement culturel de l'Afrique noire moderne, mais elle n'aurait pu exister sans la Harlem Renaissance ».

L'influence américaine a pris naissance dans les années 1920, lorsque Hemingway et Fitzgerald hantaient les cafés de Montparnasse et que Joséphine Baker dansait dans les cabarets. Cette énergie, Césaire l'évoque dans Cahier d'un

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