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Les Critiques De La Negritude

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Par   •  16 Juin 2013  •  1 204 Mots (5 Pages)  •  4 912 Vues

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Les critiques de la negritude

Pour les europeens la Négritude a procédé à la représentation d’un homme, qu’il a appelé le Noir, magnanime, bon, sans défauts, en harmonie avec lui-même et la nature, un homme créé pour ne pas faire du mal, ne pas souffrir, jusqu’à l’avènement du méchant serpent, le jaloux destructeur, le Blanc. On crie à hue et à dia sur l’homme Blanc méchant, avide, insatiable, corrompu, qui ne vit que pour piller l’homme noir bien,impartial,clement Le mouvement fut ainsi détourné de son objectif original, transformé du cri du cœur, du cri humain qu’il était censé être en une mélopée idéaliste, verbeuse et creuse. N’était-ce sûrement pas le danger que portait en lui ce mouvement chargé de trop d’émotions que le Prix Nobel nigérian Wolé Soyinka, l’un de ses premiers détracteurs, percevait en écrivant « Le Tigre ne crie pas sa tigritude, il bondit sur sa proie et la dévore

Pou lui la Négritude n’a pas pu rester fidèle à son ancêtre le mouvement culturel La Renaissance de Harlem des années vingt dont l’un des chantres, Langston Hughes, écrivait en 1926 dans l’hebdomadaire américain The Nation, le texte intitulé The Negro Artist and the Racial Mountain où l’on retrouve l’une de ses plus célèbres formules « Les jeunes artistes nègres créent aujourd’hui dans le but d’exprimer notre propre peau noire, à notre manière, sans peur, ni honte. Si les Blancs sont satisfaits, nous sommes ravis. S’ils ne le sont pas ça n’a pas d’importance. Nous savons que nous sommes beaux. Et laids à la fois. » Et justement, la Négritude n’a pas cherché à explorer la laideur de l’homme noir, dépossédant ainsi ce dernier de son humanité.

Les œuvres de la Négritude, du moins la plupart, ont créé des personnages noirs tellement bons et complets qu’ils ne ressemblent pas à des humains. Et ces personnages n’existent, ne peuvent exister nulle part ailleurs que dans ces livres. La nature humaine est caractérisée par sa complexité et ses contradictions. Le pauvre petit boy noir respectueux maltraité par un commandant de cercle blanc méchant peut aussi être un petit chapardeur piquant des pièces de monnaie dans les poches de son patron, le magnanime vieux camerounais ayant offert ses terres et enfants aux Blancs ingrats qui l’humilient à une cérémonie de remise de médaille peut aussi être un père de famille méchant irresponsable, alcoolique, battant ses multiples femmes… Ces ouvrages ont trop voulu réhabiliter le Noir qu’ils en ont fait un être différent des tous les autres hommes de la Terre. Le « J’ai cherché à comprendre et à décrire la vie des Noirs aux Etats-Unis, et d’une manière éloignée, celle de tout humain » de Langston Hughes ne se retrouvait pas dans ces ouvrages qui peignaient des Noirs idéalisés et non des êtres humains.

Le succès que ce mouvement avait eu depuis sa création jusque dans les années soixante-dix, a fait qu’il n’avait pas du tout été facile pour les nouveaux intellectuels de traduire dans leurs ouvrages une autre vision de l’homme noir. La norme qui était inscrite par la sacro-sainte Négritude était la glorification du Noir. Et quand le contexte dans lequel le mouvement était né fut dépassé, le Noir s’étant retrouvé face à lui-même après les indépendances, il avait fallu que des penseurs téméraires comme le jeune brillant Malien Yambo Ouologuem, l’Ivoirien Ahmadou Kourouma, les Congolais Sony Labou Tansi et Henri Lopes… acceptent de passer à la guillotine de la critique et de l’opinion africaines pour rappeler qu’il était temps de cesser d’écrire l’Afrique et le Noir comme on les avait écrits jusqu’alors, de les écrire comme ils sont, et non comme on voudrait qu’ils fussent. Le premier de ces auteurs cités, Yambo Ouologuem, avait été le plus rudoyé pour son audace d’avoir voulu

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