Je vous envoie un bouquet de Ronsard

COMMENTAIRE DE TEXTE

Ronsard : “ Je vous envoie un bouquet”

Ronsard un poète du XVIe siècle (1524-1585) est l’un des poètes majeurs de son temps et du mouvement littéraire de la pléiade, on le surnommait “ Prince des poètes” ou encore “Poète des princes”. C’est un auteur de la Renaissance qui a écrit de nombreuses œuvres telles que les Odes à Cassandre, Les Amours, Continuations des Amours, Sonnet pour Hélène… On connaît beaucoup Pierre de Ronsard pour sa poésie lyrique et galante mais il n'a pas écrit que dans ce genre. Pour la poésie engagée: Les Hymnes, Discours. Sur l’épopée: Franciade. Si l'on voit que vers la fin de sa carrière de poète, Ronsard au fur et à mesure de ses poèmes prend plus de liberté avec les formes notamment du sonnet français introduit par Clément Marot en 1536, ses poèmes restent très codifiés. A ses débuts et toujours des années après Ronsard va beaucoup s'inspirer de la manière de faire de Pétrarque et de la renaissance italienne sur ses sonnets avec le décasyllabe, le schéma de rimes, les métaphores…

C’est le cas du sonnet “ Je vous envoie un bouquet que ma main” qui reprend les caractéristiques de vérifications de Pétrarque par un schéma de rime régulier et des décasyllabes mais laisse des termes plus simples et plus authentiques. Peu après l’écriture de ce poème, il abandonne totalement le schéma de rimes italiens et le décasyllabe pour passer à la version française avec l'alexandrin. Il est écrit en 1555 qui provient de Continuations des Amours. C’est un poème lyrique à la fois expressif, explicatif mais aussi argumentatif. On y trouve différentes tonalités: lyrique ( exprime ses sentiments envers Marie v1 “ Je vous envoie un bouquet” ), élégiaque ( c’est une plainte v10“ Las !” ), didactique ( il lui donne un conseil v14 “Pour c’ aimez-moi cependant qu’êtes belle” ) voire tragique ( il parle de la mort v11“ étendue sous la lame” ). C’est un poème dédié à sa Dame : Marie Dupin qui était une jeune femme d’un milieu modeste contrairement à Cassandre Salviati par exemple. Ronsard la rencontre à 31 ans et tombe fou amoureux d’elle. Il écrit de nombreux poèmes sur elle, sur sa beauté, sur son humilité... Dedans il développe son amour pour Marie par la courtoisie avec un bouquet, on y voit une belle image avec une fleur mais très vite on sent qu’il s'oriente vers la fuite du temps en la mettant en garde contre la vieillesse et lui conseille de se mettre avec lui avant que sa beauté ne laisse place aux dommages du temps. Nous verrons donc en quoi ce poème lie la requête amoureuse à la fuite du temps.

Dans un premier temps nous verrons le lyrisme amoureux puis dans un second plan nous parlerons de la fuite du temps.

Tout d’abord le poème est dans le registre du lyrisme amoureux. Dans l’intégralité du poème, Ronsard développe ses sentiments et son amour pour sa Dame, ici Marie Dupin une paysanne.

Ce sonnet est un poème galant grâce à sa requête amoureuse et cette métaphore filée tout le long du poème sur le bouquet, la fleur et Marie. On peut même dire que c’est un discours amoureux grâce au jeu des pronoms personnels que l’on distingue. On retrouve le pronom “ je ” qui montre bien que c’est lui qui s'adresse aux deuxième pronom ( v1 “je ”, v9 “ ma ”, v14 “ moi ” ). Le “ vous ” lui désigne sa bien aimée Marie ( v1 “ vous ”, v5 “ vous ”, v6” vos ”, v14 “ êtes ” ). On voit même le pronom “nous” ( v10 “ nous nous en allons ”, v11 “ serons ”, v12 “ nous ” ) qui crée un lien entre Marie et Ronsard tandis que le “je” suivi du “vous” au vers 1 est toujours dans l’accord de la proximité. Tout ce jeu avec les pronoms montre une situation de communication entre l’auteur et sa dame. En outre, on distingue une assimilation femme / fleur. Le premier quatrain est entièrement consacré à l’image du bouquet et de son envoi. Dès le premier vers le poète prouve son amour avec le bouquet de fleur qu'il fait et avec le verbe “envoie” cela montre un geste amoureux. Et il y a bien sûr la proximité du “je” et du “vous”. Le vers 2 se poursuit sur un enjambement du vers 1 montrant la continuation de l’action. Le groupe de mot “vient de trier” signifie que les fleurs viennent juste d’être cueillies et donc elles sont belles, éclatantes, récentes, c’est un geste délicat. Ce sentiment est renforcé par l’adjectif “épanies” qui dit que les fleurs sont au summum de leur beauté ( cela annonce aussi une forme de déclin). Avec ce vers, Ronsard veut montrer à quel point la fleur et donc Marie ( comparaison Marie / fleur ) sont au summum de leur beauté et que c'est maintenant qu’elles le sont. Ainsi il annonce une sorte de déchéance, car elles ne peuvent pas être plus belles et qu’il y a toujours une descente après. Les deux vers forment donc les premiers aspects de la métaphore femme / fleur et fleur/ jeunesse comme l’annoncera la suite du quatrain. On continue la métaphore dans le vers 6 “ Que vos beautés, bien qu’elles soient fleuries". Ici il insiste encore sur le fait qu’elle est belle et conserve sa métaphore avec le mot “fleuries” qui est l’adjectif de “beautés”. Ronsard veut par conséquent dire à Marie, par cette assimilation, qu’elle est belle (à son summum), délicate comme une fleur et par conséquent prouve son amour. De plus grâce au chant lexical de la fleur et de la beauté : v1 “bouquet, v2 “fleurs”, v2 “cueillies”, v6 “beauté”, v6 “fleuries”, v8 “fleurs”, v12 “amours”, v14 "belle". Il fait les louanges de Marie pour lui montrer son amour. Avec l’image de la fleur, il exprime ce qu’il ressent pour elle. On voit même qu'au vers 9 il l'appelle “ma Dame”. Ainsi cela prouve que c’est un poème galant.

Le lyrisme amoureux est accentué par la tonalité didactique que l’on retrouve dans le poème. Même si au début ( au vers 1 et 2 ) et à quelques autres endroits ( au vers 6 et 14 ) il y a du lyrisme amoureux, on distingue aussi un conseil tout au long du poème. Comme dans le parragraphe, nous avons vu précédemment l’assimilation de la femme et la fleur qui dit à Marie qu’elle est belle mais c’est aussi une sorte d’avertissement. Quand nous regardons le poème à la façon d’un conseil, le premier quatrain prend un tout autre sens. Le bouquet n’est alors en fait qu'un prétexte pour la comparer à la courte durée de vie de la beauté d’une fleur car dès le vers 3 le déclin annoncé par l’adjectif “épanies” au vers 2. “Qui”

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