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Incipit d'Alice aux pays des merveilles

Commentaire de texte : Incipit d'Alice aux pays des merveilles. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Janvier 2018  •  Commentaire de texte  •  2 517 Mots (11 Pages)  •  4 158 Vues

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Trois ans après avoir raconté pour la première fois son conte Les aventures d’Alice sous la terre à ses amies-enfants, Alice Liddell et ses sœurs, Les Aventures d’Alice au pays des merveilles parait, en 1865, conte dans lequel, reprenant les mots de l’auteur dans son « poème-prologue ». on poursuit « dans un rêve une enfant qui, dans un pays aux merveilles étranges et inconnues, bavarde en amie avec bêtes et oiseaux »

Ainsi, le titre et le poème-prologue, remplissent leur fonction d’identification, de description, et de séduction, avec des images évoquant un monde imaginaire et des « aventures », et un genre définit par l’auteur lui-même. Le contrat de lecture est donc clair : on s’apprête à lire un conte pour enfant inventé lors d’une ballade en barque.  Selon Vincent Jouve, dans la poétique du roman L’incipit permet en principe de nouer le pacte de lecture de façon plus implicite, et d’après le titre et le prologue on s’attend à la première ligne typique du conte : « il était une fois » , « dans un pays lointain » Hors il n’en est rien et l’histoire commence sur une scène de la vie quotidienne, ce qui permet de se demander dans quelle mesure il s’agit là d’un incipit traditionnel de conte?

Dans quelle mesure peut on s'attendre à partir de l'incipit à un récit aussi merveilleux que métaphorique ???????

Incipit traditionnel ?

  • Le titre et le poème prologue ont déjà permis l'identification du récit comme un conte a priori pour enfant, inventé lors d'un ballade en barque et qui promet, dans le titre, des aventures dans un pays merveilleux, reste à savoir quel genre d'aventures, et qui est Alice...

> Informer =  Dès les premières lignes le narrateur nous présente alice en train de s'ennuyer par une étouffante journée d'été qui la rend « sleepy » and « stupid » l.8 traduit par esprit engourdit.(mais important pour la suite de préciser V.O. Car sens diff.)  Elle est auprès de sa sœur qui lit un livre Nous ne savons pas avec précision son âge mais devinons aisément qu'il s'agit d'une enfant grâce à ses pensées l.5 « et à quoi sert un livre sans image ni dialogue ? » , ou l.46 Après sa chute dans le terrier« comme ils vont me trouver brave à la maison ! », réflexions typiquement enfantines.. Cette scène d'état initial est très courte, deux petit paragraphes quand survient alors l'élément perturbateur, le lapin, qui est le premier personnage en action du récit et, éveillant sa curiosité, sort Alice de sa torpeur. Il est l'élément qui fait basculer le récit dans le merveilleux , car Alice, encore engourdie par la chaleur ne trouve d'abord l.12« pas tellement surprenant d'entendre le lapin » parler puis réalise tout à coup « qu'elle n'avait  jamais vu auparavant un lapin pourvu d'un gilet à poche »l.20 pour Todorov, cité dans le dictionnaire littéraire ; l'entrée dans le registre merveilleux suppose l'acceptation de nouvelles lois empirique = ce que fait alice en acceptant de suivre sans s'en étonner un lapin qui parle.

>Intéresser > Cet événement suscite donc la curiosité, aussi bien d'Alice que du lecteur. On peut se damander si l'on est en présence d'un récit merveilleux, ou onirique,  car il se pourrait aussi qu'Alice se soit endormie et que le lapin en gilet lui apparaisse en rêve ce qui expliquerait qu'elle n'y trouve rien de « tellement surprenant »l.12 ainsi que sa chute au ralenti dans le terrier. Cette possibilité est d'autant plus crédible qu'Alice était « sleepy », somnolente , engourdie par la chaleur et l'ennui ayant à peine l'énergie de se lever pour cueillir des paquerettes avant de soudainement trouver l'énergie de poursuivre un lapin.

Le lapin lui-même et sa réplique « mon dieu mon dieu ! Je vais être en retard ! » L .13.sucite de l'intérêt et du suspense car on se demande, plongé dans un monde encore mi-réel mi-merveilleux où un lapin blanc peut bien être attendu...

>Nouer le contrat de lecture> Donc il s'agit d'un incipit in media res -au cœur de l'action , de nombreuses questions se posent, le personnage principal nous est présenté mais n'a pas réellement de caractéristique propre, elle peut être n'importe quelle petite fille, deux événements merveilleux surviennent, l'apparition du lapin et la chute dans le puits mais sont-ils merveilleux, oniriques, métaphoriques ou les 3 ?  Quoiqu'il en soit cet incipit rempli ses fonctions d'intéresser, d'informer et le pacte de lecture déjà annoncé par le titre se confirme : il s'agit bien d'un récit d'aventures merveilleuses qui a la forme et le ton d'un conte pour enfant.

Conte pour enfant

  • Définition Conte = se caractérise par trois critères principaux = il raconte des évènements imaginaires, voire merveilleux ; sa vocation est de distraire tout en portant souvent une morale ; il exprime une tradition orale multiséculaire et quasi universelles. > Alice répond à au moins deux de ces critères, mais pour ce qui est du dernier c'est moins évident = en effet, Alice est seule en son genre, elle n'a aucun compagnon de route, sa sœur est la seule humaine avec qui elle interagit. De plus elle est une fille mais pour autant Les Aventures d'Alice ne rentre pas dans la catégorie des « girl's stories » qui sont, dans la littérature anglophone, des contes écrits par des femmes pour les petites filles où l'héroine «rebelle ou docile, ou successivement l'une et l'autre » est un être protégée, faible, en danger, puis sauvée et souvent mariée.  P.109 – Lewis carroll et les mythologies de l'enfance _ Jacques DISSARD  

Le texte des aventures d'Alice ne commence pas vraiment comme un conte : Les personnages, Alice et sa sœur, n'ont rien de typique, la scène présentée est banale et intemporelle tandis que dans les contes traditionnel l'entrée dans le récit se fait par un éloignement dans le temps et dans l'espace. Il est possible que cela ait pour but de favoriser l'identification à Alice dont les attributs ne sont pas décrits, ni ses vêtements, ni sa coiffure ni le paysage dans lequel elle se trouve ne sont décrits. De plus son questionnement sur l'intérêt d'un livre « sans image ni dialogue » est partagée par la plupart des jeunes enfants qui peuvent ainsi majoritairement se reconnaître dans ce personnage quelque soit leur origine.

Le ton bienveillant, tendre, même amusé du narrateur renforce l'impression que le texte est adressé à un enfant. La chute très lente d'Alice produit un effet divertissant qui tronque le côté effrayant que peut avoir une telle chute, dans un puits  « trop sombre pour voir quoi que ce soit »l.35

Les contes ont un but de catharsis pour les enfants, vivre des aventure éffrayantes mais suffisamment éloignée dans le temps et l'espace pour rationnaliser cette peur, tandis que dans les aventures d'alice le merveilleux s'invite dans le jardin. L'inquiétude est atténuée ici non pas par l'aspect lointain du récit mais par l'humour.

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