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Incendie, scène 25, Wajdi Mouawad

Commentaire de texte : Incendie, scène 25, Wajdi Mouawad. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Septembre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 527 Mots (7 Pages)  •  4 172 Vues

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Wajdi Mouawad, auteur franco-libanais contemporain de nombreuses pièces de théâtre, dramaturge accompli, metteur en scène émérite et aussi comédien à ses heures perdues. Il écrivit ainsi Incendies en 2003, présentant, comme à son habitude, une guerre, cette fois-ci le concernant particulièrement puisque se situant au Liban. Ainsi, dans cette pièce, nous retrouvons deux jumeaux, en quête de l’histoire de leur mère qui semble tragiquement liée à cette guerre fratricide. Dans la scène 25, une amie de la mère des jumeaux nous raconte la destruction d’un village ainsi que l’extermination de ses habitants, notamment la mort de deux enfants sous les yeux de leur mère. Nous pouvons donc nous demander en quoi cette extrait reflète le titre de la pièce : Incendies. Pour cela, nous verrons d’abord comment l’incendie s’ancre dans la réalité, puis comment la guerre ravive les braises du passé pour brûler l’avenir.

Par la destruction de ce village, l’incendie s’ancre dans la réalité, notamment grâce à l’hypotypose qui vient ici plongé le lecteur dans la barbarie de cette scène. Ainsi, Sawda nous donne un maximum de détail au moyen d’accumulation telle que “Couteaux, grenades, machettes, haches, fusils, acide” l.2,3 donnant une indication sur la violence à venir. Elle continue avec d’autres hypotyposes comme “Leur main ne tremblait pas.” l.3, cette description bien qu’inutile nous permet de comprendre l’indifférence de ces hommes à brûler et piller un village. Et Sawda leur retire toute humanité grâce à la comparaison : “ils sont entrés comme des fous furieux.” l.38,39. Ainsi grâce à ces hypotyposes, le lecteur plonge dans la barbarie du récit et se prépare à recevoir de plein fouet la suite du récit.

Sawda continue son récit avec un déchaînement et une accumulation de violence porté via des répétitions comme “Dans le sommeil, ils ont planté leur arme, dans le sommeil et ils ont tué le sommeil des enfants ,des femmes, des hommes qui dormaient dans la grande nuit du monde !” l.4 à 7, ou la présence de 3 “sommeils” permet d’appuyer sur l’atrocité des actes et l'innocence des victimes qui vont decreschendo : en partant des enfants pour aller jusqu’aux hommes. Mais elle ne s’arrête pas là dans sa description puisqu’elle montre que tout le monde est touché aux lignes 21 à 23 “Ils ont tué mes parents, tué mes cousins, tué mes voisins, tué les amis lointains de mes parents !” via cette gradation decreschendo des victimes : des plus proches aux plus éloignées on comprend que nul n’est épargné, elle appuie de plus sur le mot : “tué”, montrant toute l'ignominie de cette guerre. Et pour finir dans son accumulation de violences, de barbaries et d’atrocités, elle utilise la métaphore “ll y avaient des vagues de sang qui coulaient des ruelles.” l.45 afin de montrer toute l’amplitude du massacre, et le torrent de violences, semblable à une vague. Ainsi, l’accumulation de toutes ces horreurs nous montre ô combien la guerre est violente et va nous mener sur ce qu’elle engendre.

En effet, le plus effroyable dans cet extrait réside dans la souffrance commune de la mère et de ses enfants, point d’orgue de la scène qui permet encore une fois d’exposer toute l’horreur de cette guerre. Cette mère, devant choisir lequel de ses enfants survivra, choix impossible montré par la répétition de choisis dans “Choisis! Choisis lequel tu veux sauver. Choisis ou je les tue tous.” l.53, malgré cette impossibilité l’impératif la ramène à la réalité et lui impose cette triste décision. Ce choix cornélien est encore appuyé avec le pléonasme “incapable de rien” l.57 qui nous indique la seule possibilité pour la mère : attendre la sentence. Toute la souffrance de la mère reste contenue dans son corps qui est personnifié à la ligne 65 : “Et ton son corps hurlait : “Alors à quoi bon les avoir portés si c’est pour les voir ensanglantés contre un mur !”” Montrant ainsi la douleur de cette mère : la finalité de sa vie, ses enfants, se retrouvent mis à mort en quelques instants. Dans ce passage, la souffrance de tout un peuple est mis en scène à travers la mère. Ainsi, on peut voir que l’inscription dans la réalité de toutes ces souffrances, ces peines, ces douleurs nous permet ici d’ancrer l’incendie de la guerre et de ses souffrances.

Mais, en plus des souffrances toutes réelles, cette guerre en provoque bien d’autres, plus profondes, enfouies au fond des êtres qui sont amenées à périclités au fil des âges pour devenir la source de nouvelles batailles, de nouvelles douleurs. Ainsi, cette guerre

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