Fiche de révision : Baudelaire, « Une charogne »

Fiche de révision : Baudelaire, « Une charogne »

Introduction :

L’auteur : Charles BAUDELAIRE (1821-1868) est un poète français influencé par le romantisme, le parnasse, influencera le symbolisme avec sa théorie des Correspondances (synesthésies verticales et horizontales). Poète dandy, fréquentant la bohème, est également traducteur et critique d’art.

Le recueil : 

1857 – 1ère publication  du  recueil Les Fleurs du Mal qu’il aura mis douze ans à écrire.

Titre oxymorique → projet poétique : extraire la beauté du mal, les fleurs désignant à la fois la poésie, et la beauté (terme alchimique)

Ce recueil est alors composé de cent poèmes repartis en cinq sections dont la plus importante est « Spleen et Idéal » où figurent notamment trois cycles de poèmes pour chacune des 3 femmes qu’il a fréquentées.

Dans « Spleen et Idéal » il y décrit à la fois son état de mal-être mais aussi ce qui le fait rêver et s’évader.

A cause de la provocation de cet ouvrage, Baudelaire a droit à un procès pour « offenses à la morale publique et aux bonnes mœurs ». Six poèmes sont censurés et il écrit de nouveaux poèmes et crée une nouvelle section pour la réédition quatre ans plus tard en 1861.

Le poème : douze quatrains rimes croisées alternance alexandrins/rimes féminines et octosyllabes/rimes masculines, rythme qui donne la nausée.

Les neufs premiers quatrains décrivent la décomposition de la charogne étape après étape et les trois derniers sont un memento mori fait à la femme et au lecteur . Le poème se situe dans le cycle de Jeanne Duval.

- Projet poétique de Baudelaire : « Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or »

→ poète alchimiste qui tire de la beauté du mal, de la laideur ; faire une « fleur du mal »

THEMES 

→ Poème d'amour (lyrisme, présence de la femme, influence de Pétrarque)

→ Transformation de la mort → en vie (alchimie poétique)

→ Alliance des contraires (vie – mort, laid-beau, amour-mort)

→ Poème scandaleux (représentation triviale de la mort, l'érotisme)

→ Transfiguration de l'horreur, de la laideur, de la boue en œuvre d'art,

en boue poétique.

→ Hypotypose de la charogne (les sens sollicités – la charogne semble animée, vivante sous nos yeux)

Analyse linéaire

Strophe 1

- Cliché de la poésie lyrique v  1 et 2 → cadre idyllique : adjectifs mélioratifs « beau », « si doux » (intensif

qui accentue l'adj.) ; l'été (connote la chaleur, le soleil), le matin.

- Terme hypocoristique : « mon âme » → met en valeur la femme aimée (à la rime, apposé, entre virgules → apostrophe) → fait penser à la poésie amoureuse4

 - Pronom « nous » + verbe « rappelez-vous » → peut évoquer le couple, un souvenir amoureux.  + assonance en [ou] qui accentue la douceur de ces premiers vers.

- L'euphémisme « objet » pour désigner de manière neutre la charogne.

→ Contraste / prend à contre-pied l'attente créée par le titre    « Une charogne »

- Rupture v. 3 en nommant l'objet « une charogne infâme » (accentué par un adj. péjoratif)

→ antithèses : doux / cailloux ; âme / infâme 

- Thème de la mort qui apparaît avec la connotation du mot « cailloux »

→ évoque la pierre tombale  associé au « lit » qui évoque le lieu de l'amour (ou le lit de la rivière →  la source de vie)

Allie les contraires comme un alchimiste : la laideur / beauté ;  la vie / la mort ; l'amour / la mort

Alliance EROS (amour) et THANATOS (la mort)

→ rappelle la rime « mon âme » / « charogne infâme »

Strophe 2 

Comparaison charogne / femme « lubrique » → femme qui aime les plaisirs / la luxure.

→ accentué par les termes « brûlante », « suant », « ouvrait »,  la métonymie du « ventre », « les jambes en l'air » → met en avant un érotisme

→ connotation du « ventre » qui peut évoquer la vie (rappelle  le lien vie / mort)

- Provocation de la charogne : adj « nonchalante » / « cynique » → impudique

- « plein d'exhalaisons » → hyperbole qui met en avant la puanteur  de la charogne → dégoût du lecteur.

- Sollicite les sens du lecteur

→ vue : objet, charogne infâme, vîmes

→ odorat : exhalaison…

SYNESTHESIES (communication des cinq sens)

Tableau vivant de la charogne qui prend vie sous nos yeux  en sollicitant nos sens : HYPOTYPOSE 

Strophe 3 

Antithèses → registre lyrique « le soleil rayonnait » / « la grande Nature »  qui s'oppose à « pourriture »

Allusion à la nourriture avec l'expression « cuire » → semble donner l'idée  que la charogne peut donner vie.

Cycle de vie mimé → « rendre au centuple à la grande Nature » Alliance vie / mort +  accentué par un enjambement.

Allitération en [r] → rugosité qui contraste avec la douceur des premiers vers.

Strophe 4

Alliance des contraires : lyrisme « le ciel », « fleur », « l'herbe » (nature)  qui s'oppose à l'horreur de la charogne « carcasse », « puanteur »

Oxymore « carcasse superbe » → accentue opposition beauté / laideur, vie et mort + comparaison « carcasse » / « comme une fleur s'épanouir »

Sonorité désagréable « vous crûtes » (passé simple)

Insistance sur l'odorat avec le terme « puanteur » accentué par l'intensif  « si forte »

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