Fiche de lecture Christine Mennesson, Une femme dans un sport masculin

Être une femme dans un sport « masculin »

Christine Men[pic 2][pic 3]nesson

Léa Goemaere/ Camélia Mouloua/ Axelle Derbay - 3 avril 2020

Introduction

Au cours du XXè siècle, l’interrogation portant sur l’évolution des rapports sociaux de sexe joue un rôle majeur dans la transformation des modes de vie.

Aussi, les pratiques sportives représentent un milieu social propice pour analyser des modes de socialisation et la construction des dispositions sexuées dans les sociétés contemporaines, c’est-à-dire à l’ensemble de perception, de pensées et d’actions propres à une catégorie de sexe. En même temps, l’augmentation du nombre de sportives et l’entrée progressive des femmes dans des sports dits masculins questionnent les définitions dominantes du genre.

Cet ouvrage  s’intéresse à l’expérience de femmes investies à haut niveau dans des pratiques sportives « masculines » à savoir le football et la boxe poings-pieds. En effet, l’analyse porte sur les conditions sociales qui permettent à des femmes de choisir des pratiques jugées masculines et sur les effets de la socialisation dans un monde « masculin ». L’appropriation de techniques corporelles « masculines » par les sportives questionne également les définitions traditionnelles des catégories sexuées.

Ainsi l’auteure montre comment la construction du genre dans ces univers particuliers varie selon les modes de socialisation à l’œuvre dans les différentes activités et lieux de pratique.

Biographie de l’auteure

Christine Mennesson est une sociologue, maître de conférence à l’Université Paul Sabatier de Toulouse et membre du laboratoire de recherche « Sports, Organisations, Identités ». Elle s’intéresse principalement a la construction du genre, aux rapports sociaux par classe et par sexe ainsi qu’aux modes de domination. Elle est l’auteure de nombreux ouvrages tels que « art is a combat sport », « le chemin de bois » ou encore « 2001 l’odyssée de l’espace ».

Présentation de la méthode :

L’auteure emploie une méthode dite qualitative, en d’autres termes elle emploie une technique  qui  renvoie à une méthode de recherche intéressée par le sens et l'observation d'un phénomène social en milieu naturel.

Cette enquête fut menée dans les milieux du football féminin et de la boxe poings-pieds de haut niveau, l’auteure use de l’observation participante c’est a dire qu’elle est sur le terrain, observe la scène et la décrit. Au cœur de cette description, elle expose le chemin que parcours les femmes dans le monde du sport masculin : de leur entrée dans la pratique jusqu’à leur accès au haut niveau.

De plus Christine Mennesson possède une approche holiste puisque ses ouvrages portent d’avantage sur la contrainte qu’exerce la société sur les individus.

Enfin, l’auteure s’appuie sur les fondamentaux de la sociologie tels que Bourdieu, Goffman et Lahire.  

Problématique: L’expérience fondamentalement ambivalente des sportives les conduit-elles à questionner la domination masculine et à faire évoluer les rapports sociaux de sexe dans ces mondes d’hommes ?

Le cas des footballeuses et des boxeuses pose la question centrale d’un enjeu sociologique derrière la pratique de sport  jugés masculins.

Plan :

1. Les modes de socialisation et les types de configuration familiale contribuant à la formation de dispositions sexuées

1. Footballeuses et boxeuses : des dispositions sexuées « inversées »
2. Des configurations familiales spécifiques

1. La modification des dispositions sexuées : l’importance du contexte

1.  L’apprentissage technique des boxeuses « soft ».
2. Le travail de maitrise des comportements de genre chez les boxeuses « hard ».

3.   Le travail de représentation de soi

Présentation du résultat :

Dans une brève introduction, l’auteure nous expose l’enjeu de son enquête à savoir la place des femmes dans des pratiques jugées masculines. Elle nous enseigne que la disposition sexuée appelée aussi disposition de genre (l’ensemble de perception, de pensées et d’actions propres à une catégorie de sexe) est au fondement de l’hexis corporelle qui désigne pour rappel la forme visible de l’habitus sur la scène sociale et en ce sens la manière de se tenir et d’exercer son corps.

1. Les modes de socialisation et les types de configuration familiale contribuant à la formation de dispositions sexuées

A. Footballeuses et boxeuses : des dispositions sexuées « inversées »

Dans une première partie, Christine Mennesson met en exergue le fait que tous les travaux portant sur la construction historique de la virilité moderne corrèle avec le rôle central du sport. En effet, les caractéristiques de certains  sports à savoir l’agressivité, la violence et la puissance physique construisent une masculinité dite « virile » et faisant preuve d’hégémonie c’est à dire d’une domination sans partage. En ce sens l’engagement de la femme dans ces disciplines sportives qualifiées « masculines » est loin d’être facilité.

En outre, les femmes sont préposées à pratiquer certains sports, c’est ce qu’on appelle la « conformité sexuée ». Ces sportives sont fortement  médiatisées quand elles se distinguent au haut niveau car elles renvoient un reflet du modèle féminin. A contrario, les femmes qui s’imposent dans les milieux sportifs « masculins » transgressent les codes de la féminité. Ainsi les femmes sportives font face à une double contrainte : elles doivent conserver leur féminité qui leur est propre tout en adoptant une gestuelle sportive masculine afin de ne pas être stigmatisées.

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