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Dissertation Edgar Morin, Ainsi, la démocratie constitue l’union de l’union et de la désunion.

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Par   •  13 Janvier 2023  •  Dissertation  •  3 648 Mots (15 Pages)  •  243 Vues

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PLAN DE DISSERTATION

PROPOSITION DE CORRIGÉ

Sujet : Dans Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur 2000, Edgar Morin note : « Ainsi, la démocratie constitue l’union de l’union et de la désunion. » Commentez et discutez ce propos à la lumière des œuvres au programme.

La démocratie est complexe dans son essence et dans ses composantes mêmes : elle ne peut être définie de façon simple. La souveraineté du peuple citoyen comporte en même temps l’autolimitation de cette souveraineté par l’obéissance aux lois et le transfert de pouvoir aux élus ; de même, l’idéal d’un peuple souverain uni doit composer avec la liberté, la singularité et la dignité proclamée de l’individu. Constatant ce second paradoxe, Edgar Morin définit la démocratie dans Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur par la clausule suivante : « Ainsi, la démocratie constitue l’union de l’union et de la désunion ». La démocratie apparaît ici comme un régime socio-politique intrinsèquement contradictoire et difficile à cerner, mais identifiable tout de même (« constitue ») : il se composerait de deux tendances opposées qu’il parviendrait à unir, « l’union », c’est-à-dire la volonté commune des citoyens de vivre ensemble, de partager une communauté de sentiments et des idéaux semblables, et simultanément « la désunion » : en effet, une démocratie vivante ne peut réduire les différences et les antagonismes au risque de basculer dans le totalitarisme et le despotisme. Elle accorde une place centrale à la singularité et à l’identité de chacun favorisant l’individu auquel elle confère des droits et des libertés inaliénables. Morin pose ainsi l’équilibre nécessaire des forces contraires constitutives de la démocratie. Néanmoins, il est légitime de se demander si celle-ci oscille toujours de manière parfaite et harmonieuse entre

« l’union » et la « désunion ». L’une des tendances ne finit-elle pas toujours par l’emporter sur l’autre et par dénaturer l’essence même de la démocratie ? Plus encore, Morin ne réduit-il pas la démocratie à un système autotélique en niant les forces extérieures qui viennent à l’infléchir ? À la lumière des pièces d’Aristophane Les Cavaliers (-424) et L’Assemblée des femmes (-392), de l’essai de Tocqueville De la démocratie en Amérique (II, IV, 1840) et du roman de Philip Roth Le Complot contre l’Amérique (2004), nous verrons qu’il est vrai que la démocratie théorique vise à réaliser « l’union de l’union et de la désunion » et à en faire son essence-même. Toutefois, ce modèle demeure un idéal qui bien souvent ne résiste par à l’épreuve de la réalité, qu’elle soit interne (le déséquilibre des forces d’union et de désunion qui sous-tendent la démocratie) ou externe (l’influence de forces extérieures et supérieures). Dès lors, sans négliger l’importance de la singularité et de la diversité, ne doit-on pas privilégier l’union pour prémunir la démocratie contre les dangers qui la guettent ? Bien plus, n’est-ce pas l’union de l’union qui fait la grandeur de la démocratie : non pas un instinct aveugle ou une conscience passive de notre communauté, mais la recherche active et la construction de ce qui nous rapproche, dans le respect de nos différences ?

  1. CERTES, EN THÉORIE, « LA DÉMOCRATIE CONSTITUE L’UNION DE L’UNION ET DE LA DÉSUNION », COMME L’AFFIRME MORIN.
  1. Une communauté plurielle et évolutive

La démocratie se construit sur une volonté partagée d’être et de vivre ensemble en s’appuyant sur des règles démocratiques collectives, mais celles-ci sont ne sont ni figées, ni issues d’un jugement unanime. La démocratie vit de pluralité, y compris au sommet de l’État (division des pouvoirs exécutif,

législatif et judiciaire), et doit l’entretenir pour s’entretenir elle-même. Elle a donc tout autant besoin de la diversité que du consensus de la majorité des citoyens et du respect des règles communes.

Les Cavaliers : Alliance entre le chœur de cavaliers représentant l’aristocratie et le Charcutier et les serviteurs issus des couches populaires pour chasser le Paphlagonien et régénérer la démocratie.

Le Complot contre l’Amérique : les Roth et les Cucuzza ont une histoire différente, une histoire qui

aurait pu les séparer (a priori des Juifs sur les Italiens fascistes) ; et pourtant ils s’unissent, malgré leurs divergences, dans un même idéal démocratique : le retour de Roosevelt, symbole d’une reconstitution possible de l’Amérique, est approuvé par les deux pères de famille : « Ça y est enfin ! S’écrie mon père. Il est de retour, FDR est de retour ! On a bien besoin de lui, dit Mr Cucuzza. » (ch. 7, p. 411)

Plus encore, la démocratie se nourrit de manière endémique, parfois éruptive, des conflits, des antagonismes et des concurrences qui, en opposant les citoyens, en les poussant à débattre et à utiliser des outils comme le vote, lui donnent sa vitalité : de là provient l’importance des divergences politiques, idéologiques, économiques, existentielles.

Tocqueville : À l’origine de la démocratie française, le triomphe de l’égalité, fruit d’une « Révolution violente » (ch. 4, p. 109). Les pouvoirs secondaires et les associations tendent vers l’union, vers une démocratie commune et saine, mais en même temps ils résistent au pouvoir central et y apportent une pluralité d’actions et de jugements différents.

Importance de l’agôn et des moments de « délibération » du chœur dans le théâtre antique (cf. l’agôn des Cavaliers qui s’étend sur environ mille vers).

L’Assemblée des femmes : Le modèle collectiviste et communiste proposé par Praxagora – qui certes

ne fonctionne pas – est issu d’un profond différend entre les hommes et les femmes. Et la conflictualité ne cesse de se faire entendre dans la pièce : divergences entre les générations, remarque très critique de la Jeune Fille à l’égard du modèle « familial » proposé : « Aussi en imposant cette loi, vous remplirez la terre d’Œdipes ! » (p. 245)

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