Discours sur la servitude Volontaire

Exposé de la Boétie « Discours de la servitude volontaire »

LB ne parle pas tout à fait de l’aliénation, il semble décrire des hommes qui sont devenus comme étrangers à eux-mêmes. Ils semblent se départir de tout ce qui leur est cher, leur comportement semble irrationnel, mais quand on lit le texte de plus près, on se rend compte que ces hommes n’étaient pas « fous » au départ, ils le sont devenus, l’aliénation est plus le résultat que la cause de la servitude volontaire.
On verra comment ces hommes sont devenus aliénés, car LB ne les considère pas comme fous au départ. Pourtant, ces hommes qui, semble-t-il, n’ont plus la force de désirer leur liberté, semblent être des hommes dénaturés, ou même déshumanisés.
En effet, dans l’anthropologie de LB la liberté est naturelle, « La liberté est naturelle ». cf le monde animal : certains animaux ne survivent pas en captivité « pour ne point survivre à leur liberté naturelle ». « gémir de leur bonheur perdu plutôt que de se plaire en captivité ».. 
Il faut être tombé plus bas que la bête pour oublier sa liberté première, les animaux eux ne l’oublient pas. La vocation première de l’homme est de vivre libre, donc son abandon est d’autant plus frappant.
« Quelle malchance a pu dénaturer l’homme- seul vraiment né pour être libre- au point de lui faire perdre la souvenance de son premier état et le désir de le reprendre ? ». 
Dans ce passage, idée de la dénaturation, mais aussi très simplement l’idée que la servitude se manifeste par un rapport au temps très particulier : à la fois une perte de souvenance et une perte de désir de liberté. La condition de la servitude se caractérise par une certaine détemporalisation parce  que ceux qui s’y engagent oublient leur liberté. L’impossibilité de constituer un projet. Cet être tombé dans la servitude est objet, ou victime, d’une sorte de figement dans la temporalité, il oublie ce qu’il était et ne sait pas ce qu’il peut devenir, pas capable de se projeter dans l’avenir, comme pétrifié. Nous se sommes plus dans l’anthropologie des anciens, l’esclavage n’est pas naturel, seule la liberté l’est.

LB, p 26 : « On ne regrette jamais ce qu’on a jamais eu ». La 1ère raison de la servitude volontaire c’est l’habitude, la coutume ou encore la tradition, au sens d’avoir traditionnellement servi. Le citoyen considère que sa seule possibilité est de se conformer à des modèles de comportements qui sont ceux de ses prédécesseurs.
La liberté renvoie au projet, la faculté de se projeter dans l’avenir. On consent d’autant mieux à la servitude qu’on n’a jamais connu la liberté, ou qu’on a été accoutumé à la servitude. « La 1ere raison pour laquelle les hommes servent volontairement c’est qu’ils naissent serfs et qu’ils ont été élevés comme tels ». De plus, sous les tyrans, les gens deviennent aisément lâches et efféminés. Quand on a perdu la liberté on perd aussitôt la vaillance, l’ardeur. Les gens soumis dépourvus d’audace et de pugnacité ont le cœur bas et mou. La perte de la liberté, qui peut être le résultat d’une violence, débouche sur une perte de vaillance et de courage.
Aucun doute pour LB que si l’on supprime l’habitude, les gens aimeraient conserver leur liberté. La servitude produit l’acceptation de la servitude.

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