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Étude du Discours Sur La Servitude Volontaire de La Boétie

Mémoire : Étude du Discours Sur La Servitude Volontaire de La Boétie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Mars 2014  •  1 801 Mots (8 Pages)  •  1 773 Vues

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Le Discours de la servitude volontaire est un ouvrage rédigé en 1549 par Étienne de La Boétie, étudiant en droit de 18 ans, à l'université d'Orléans, qui se prépare à une carrière dans la magistrature. Sans doute marqué par la brutalité de la répression d'une révolte anti-fiscale en Guyenne en 1548, il traduit le désarroi de l'élite cultivée devant la réalité de l'absolutisme. Sa première publication date exactement de 1574. Ce texte pose la question de la légitimité de toute autorité sur une population, mais il le fait de manière aussi paradoxal que le pouvoir dont il parle. Ainsi, s’il s’apparente, à première vue, à un réquisitoire contre l’absolutisme, ce texte, et cet extrait en particulier, pose le problème de manière paradoxale, en rendant le peuple responsable de sa propre servitude. C’est selon ces deux axes que nous étudierons l’extrait, avant de tenter de répondre à la question suivante : s’agit-il d’un discours révolutionnaire ou l’amorce d’une réflexion humaniste portant sur la nature du pouvoir exercé par un monarque sur les peuples ?

I. Un discours adressé au peuple, contre le monarque ?

A première vue, on pourrait croire que ce texte est un discours exhortant le peuple à se soulever contre un monarque absolu, dans le style des Lumières, qui n’arriveront que bien plus tard.

A. Un discours adressé au peuple

- Omniprésence du récepteur, 2e pers pluriel « vous » : « vous » collectif désignant le peuple, « vos »… A peine trois lignes u texte ne comportent pas ce pronom.

- Peuple apostrophé dès la première ligne, par trois périphrases :

o « pauvres gens misérables » : peuple caractérisé par sa pauvreté ; LB insiste là-dessus en employant un pléonasme (« pauvres » = « misérables=, à moi que « pauvres » relève du registre pathétique)

o « Peuples insensés » : changement de ton : « pauvre » serait donc à prendre comme dans l’expression « pauvres fous » : le peuple est cette fois-ci caractérisé par sa folie.

o « nation opiniâtres… bien » : la folie est expliquée ici par l’attitude du peuple, défiant toute logique, renforcée par l’antithèse « bien » / « mal ». Tout le reste du texte développera cette opposition dans un réseau d’antithèses.

B. Contre le monarque ?

Le monarque est présenté comme un tyran immoral, ce qui aggrave l’accusation portée contre les peuples.

· Un monarque pécheur : Le champ lexical du plaisir est péjoratif : plaisir sensuel, plaisir de la chair : « luxure » (VS « amours » !), les « plaisirs » sont qualifiés de « sales », et le monarque s’y « vautre », et se « mignarde dans ses délices ». Les « convoitises », mot péjoratif lié au péché, ne sont pas de simples « désirs ».

· Un monarque voleur : « piller », « voler, « dépouiller », « larron ».

· Un monarque destructeur : « « dégâts, malheurs, ruine », amplifiés par l’accumulation. Et : « dévaster », « pilleries », « guerres », « vengeances ».

II. Un discours adressé aux peuples, contre les peuples

Paradoxalement, ce discours adressé au peuple pour remettre en question le pouvoir d’un monarque n’est pas adressé a priori contre celui-ci mais contre le peuple. Pris sous cet angle, le texte, avec toutes ces occurrences de « vous » ressemblent à un réquisitoire.

A. Un peuple fou

« Insensé » : car le peuple ne discerne pas l’évidence, il est aveugle. Il ne voit pas l’évidence : « ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps ». « Vous vivez de telle sorte que plus rien n’est à vous » : le lien de cause à conséquence met en cause le mode de vie même du peuple. On pense au mythe de la caverne platonicien (voir texte complémentaire) : la Boétie joue le rôle du porteur de lumière.

B. Un peuple passif :

· Manque de volonté : « Vous pourriez vous délivrer si vous essayiez, même pas de vous délivrer, seulement de le vouloir » : non pas accusation de mollesse, de passivité, mais avant cela, d’absence de volonté, accusation d’incapacité renforcée par l’adverbe « seulement ».

· Le peuple est présenté comme fanatisé, disposé au sacrifice : « Vous ne refusez pas de vous offrir vous-mêmes à la mort »

· Périphrases verbales : « vous vous laissez enlever » : le peuple est certes sujet, mais de phrases passives, comme s’il était incapable d’agir.

· Le peuple est comparé , implicitement, à des bêtes » : « Et d tant d’indignités que les bêtes elles-mêmes ne supporteraient pas » : le peuple se comporte comme des bêtes de somme,

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