LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Dans son recueil Alcools, Apollinaire rompt-il vraiment avec la tradition poétique ?

Dissertation : Dans son recueil Alcools, Apollinaire rompt-il vraiment avec la tradition poétique ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Février 2023  •  Dissertation  •  3 525 Mots (15 Pages)  •  219 Vues

Page 1 sur 15

FAVELLI                                                                                                             Pour le 9 janvier 2023

Camille  

1G1                                                          Dissertation français

[pic 1]

Sujet : Dans son recueil Alcools, Apollinaire rompt-il vraiment avec la tradition poétique ?

      La tradition, la modernité, deux termes qui malgré leur apparente opposition sont si joliment liés, on  pourrait même dire indissociables. Pour que la modernité existe, il faut une tradition, et pour parler de tradition il faut qu’une autre chose soit plus moderne. Comme le dit lui-même Guillaume Apollinaire  « On ne peut transporter avec soi le cadavre de son père… mais nos pieds ne se détachent qu’en vain du sol qui contient les morts ». Ce qu’il entend par cette métaphore tirée de son recueil Alcools, c’est que malgré que la modernité soit présente de manière générale de par notre propre évolution ou dans l’art par exemple, nous ne nous libérons pas totalement de la tradition, les deux s’influencent mutuellement.  La tradition en poésie particulièrement dans le cas que nous étudions se caractérise par des formes en vers, avec beaucoup  de régularité dans le type de vers, dans ses rimes, dans sa longueur et d’autres caractéristiques. La modernité quant à elle se caractérise par des thèmes nouveaux et souvent scandaleux, des formes nouvelles et de l’originalité quant au style. Mais pour parler de modernité, il faut toujours un  passé, un modèle qui se veut régulier et employé par beaucoup. La modernité rompt cette stabilité et devient novatrice pour l’époque. Cependant, le moderne d’une époque est la tradition d’une autre, tout, que ce soit la langue, les techniques d’écriture, les sujets et les contextes sont différents et cette évolution de notre société nous pousse toujours plus à nous réinventer. Alcools est un vrai chef de file de cette modernité, cette période d’avant-guerre mondiale qui est synonyme de progrès technologiques mais aussi de renouvellement dans l’art dont la poésie fait partie. Mais la poésie n’est pas la seule à se réinventer, la peinture, la sculpture et la littérature connaissent aussi un grand changement. Toutefois,nous nous demandons si Apollinaire, dans son recueil Alcools, modernise seulement la tradition poétique ou s’il s’en libère entièrement. Pour cela, nous nous intéresserons dans un premier temps aux éléments de modernité dans ce recueil pour ensuite nous intéresser dans un second temps aux éléments qui s’inscrivent encore cependant dans la tradition.

      Tout d’abord, nous pouvons voir qu’Apollinaire s’inscrit vraiment dans la modernité, il en est même en poésie le chef de file. Mais la modernité ne s’arrête pas seulement à la poésie, elle englobe l’art de manière générale comme la peinture, la sculpture, la littérature, la musique… C’est une période remplie de progrès technologiques, et par l’évolution humaine, les artistes tentent de s’émanciper de la tradition qui ne leur permettrait pas d’être libres, ils tentent donc de se réinventer. La modernité en poésie et chez Apollinaire se remarque tout d’abord dans le choix de ses thèmes abordés. En effet, il se remarque par des thèmes modernes qui sont assez inédits, scandaleux ou choquants presque pour l’époque. Des thèmes tabous tels que la sexualité sont évoqués librement, mais on observe surtout une influence urbaine et industrielle qui se retranscrit dans ses poèmes. Il évoque beaucoup en effet la ville qui va avoir une réelle influence dans ses poèmes. Cette influence se retrouve dès le début du recueil dans son poème « Zone ». En effet, ce poème élégiaque est très long. Il débute la nuit et se termine le lendemain matin. Il erre alors dans la ville parisienne qu’il décrit de manière très moderne. Il y évoque les nouveautés de son siècle et sa diversité. Le poème, d’influence dionysiaque est marqué par l’ivresse et donne son nom au recueil. Ce n’est pas le seul de ses poèmes à tenir son influence de la ville, de l’urbanisme, de sa modernité en tout cas. En effet, dans son poème « La chanson du mal aimé », on retrouve également cette influence de la ville qui se modernise. Des termes comme « Londres » ou « rue » indiquent qu’il y a une réelle influence de la ville dans les poèmes d’Apollinaire. Le thème abordé de la ville est dans certains cas adopté pour parler de malheur, de désespoir, de tristesse qui peuvent se retrouver dans le quotidien et dans son quotidien et la ville est souvent associée à des paysages grisonnants, à la morosité, un paysage morne et encore plus depuis l’industrialisation. La ville est sujette à des rencontres comme le montre Baudelaire par exemple dans son poème « A une passante », rencontre aussi séduisante que fugace, mais elle peut également être source d’espoir, de progrès. Il y a d’ailleurs une certaine boucle qui se forme dans le choix du premier et du dernier poème d’Alcools « Vendémiaire ». En effet, les deux sont très longs et donc marquent les esprits, on s’en souvient et le portrait de la ville,   s’il était assez mal connoté dans « Zone » est ici dépeint comme mélioratif. La nuit s’en va et voilà le poète grandi et apaisé.Il n’y a pas seulement la nuit ici qui porte conseil mais les poèmes qu’il a écrit qui lui ont servi à mûrir, à prendre du recul sur ses tourments. Mais la ville n’est pas le seul thème inédit abordé dans Alcools. Effectivement, ses poèmes se démarquent par les thèmes employés parfois peu poétiques ou très peu utilisés dans la tradition poétique. Dans « Les Colchiques » par exemple, le poète se compare à une vache et ce thème animal connoté de la manière dont il le connote est moderne et peu commun. Il fait beaucoup référence également à la sexualité qui est un sujet qu’on aborde très peu en poésie notamment à cette époque. Dans « Lul de Faltenin » par exemple, il emploie le terme de « chibriape » renvoyant à l’appareil génital masculin. Comme nous pouvons l’observer donc, la modernité de ses sujets est très importante bien que nous n’ayons pas vu toutes les œuvres. Mais ce n’est pas la seule raison qui fait qu’Apollinaire se démarque et réinvente la poésie.

      En effet, Apollinaire emploie un vocabulaire assez libéré ce qui reste dans la continuité des thèmes de sexualité abordés par exemple. Il se libère de toute doctrine et de toutes contraintes qui appauvrissent ses poèmes. Tout d’abord, il utilise un langage presque vulgaire parfois et qui ne rentre pas dans les codes de la poésie traditionnelle toujours très lyrique. Dans son poème « Rhénane d’automne », il utilise des onomatopées comme « kikiriki » ou « hi han », des mots très peu poétiques et enfantins ce qui apporte une tournure comique à certains de ses poèmes, qui pourrait être amené par l’adrénaline que l’on ressent dans un état d’ivresse. Il est également inventif sur le choix de ses mots et il est friand de néologisme comme « chibriape »ou « malourène » dans « Lul de Faltenin ». Il emploie des mots peu courants et sa poésie devient parfois complètement vide de sens et peu accessible.De plus, il parle de sujets tabous comme les « règles » dans « La synagogue » et parfois vulgaires comme « bâtard », « ils baiseront la thora » ce qui est encore signe de sa modernité.Il se libère en plus de ça de la ponctuation qui est complètement nouveau dans la poésie. Selon lui, l’absence de ponctuation permet de rendre le texte musical par les rimes et de démultiplier le sens de ses poèmes, il veut offrit à ses lecteurs une variation de sens pour laisser libre aux interprétations différentes de ses poèmes. C’est également un désir de contrer les règles encore une fois, car même les plus audacieux n’ont pas eu cette originalité. Cette absence de ponctuation sème parfois le doute comme dans « Les colchiques ». Effectivement, un des vers est troublant quant à la lecture que l’on peut y faire. Nous ne savons pas si nous devons nous arrêter à « y fleurit » et le seul moyen de savoir et de s’en remettre au sens le plus évident. C’est intentionnel de la part d’Apollinaire qui veut troubler et il veut apporter une certaine polysémie à ses poèmes.

...

Télécharger au format  txt (20 Kb)   pdf (72.9 Kb)   docx (15.6 Kb)  
Voir 14 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com