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Le recueil alcool de Guillaume Apollinaire

Fiche de lecture : Le recueil alcool de Guillaume Apollinaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Mars 2014  •  Fiche de lecture  •  2 589 Mots (11 Pages)  •  3 458 Vues

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Alcools est publié à Paris au Mercure de France en 1913. De nombreux poèmes étaient déjà parus auparavant en revue. C’est le premier grand recueil poétique publié d’Apollinaire, mais il rend compte d’un long trajet poétique puisqu’il rassemble des poèmes écrits de 1898 à 1913 (d’ailleurs souvent retravaillés et modifiés). Malgré le bon accueil du public et des autres écrivains, les critiques sont peu enthousiastes, voire agressifs, ce qui touchera fortement le poète, notamment l’incompréhension à l’égard de son recueil qualifié de « boutique de brocanteur » par Georges Duhamel au Mercure de France.

Dès 1904, alors qu’il publie dans les revues, il fait le projet d’une « plaquette à paraître : Le vent du Rhin », contenant l’ensemble des poèmes rhénans inspirés par son séjour en Allemagne et son amour malheureux pour Annie Playden. Il comptait y rajouter « La chanson du mal-aimé », écrite en 1905, ce qui aurait créé une unité dans la présence d’une tonalité mélancolique. Mais cette publication ne se fera pas, et une nouvelle publication sera annoncée par Gustave Kahn en 1908 sous le titre Le roman du mal-aimé, titre confirmant la tonalité élégiaque première des poèmes présentés. La publication sera encore retardée. A partir de la rencontre avec Marie Laurencin, le poète quitte sa posture d’amant malheureux, ce qui se ressent dans la composition de ses textes. Nouvelle inspiration, plus dynamique et dionysiaque, également plus influencée par son entourage, notamment les peintres cubistes comme Picasso. C’est ce qui explique qu’en 1910, le titre du recueil devient Eau-de-vie, et il ne changera plus que sur les épreuves avant la publication, pour devenir Alcools.

Pourquoi Alcools ? Car l’ivresse rapporte l’acte poétique, dans la continuité de Baudelaire et de Rimbaud, à un « dérèglement des sens ». Les références explicites à l’ivresse et aux boissons de toutes sortes (vins, eau-de-vie…) sont fréquentes dans le recueil. De même, l’univers d’Alcools est jalonné de nombreux lieux pourvoyeurs de boissons : des tavernes, des auberges, des brasseries... Le titre est donc d’abord synonyme de présence concrète de l’alcool dans le recueil, comme un thème dominant. Mais symboliquement, l’alcool est également l’universelle soif du poète face au monde et aux choses, qui veut tout voir pour mieux les décrire. L’alcool suggère en outre la transgression, la possibilité de faire fi des tabous et des normes, et représente ici les audaces d’une poésie novatrice et moderne.

2) Résumé

Organisation interne :

pas d’ordre chronologique, au contraire plutôt plaisir à brouiller les cartes. Ainsi, il place « Zone », l’un de ses derniers poèmes écrits, en tête de recueil, et ceci à la dernière minute sur les épreuves. Il en est de même pour « Le pont Mirabeau » écrit en 1911, alors que les poèmes de la période rhénane ne sont qu’en partie réunis dans la partie « Rhénanes » : aucun ordre thématique ou chronologique, mais en tout cas recherche d’alternance entre textes longs et courts (pourrait expliquer placement), et surtout placement d’une ouverture et d’un final très forts, quasiment de même longueur et de même inspiration. Le recueil, malgré un désordre apparent, joue bien sur une forme d’ordre permettant de se fermer sur lui-même pour prendre tout son sens et toute sa force.

Date et situation de certains poèmes :

- avant 1901 : « Merlin et la vieille femme », « Le larron », « L’ermite », « L’adieu ».

- 1901-1903 (période rhénane) : « Annie », « Les colchiques », « La synagogue », « Rhénanes d’automne », « Les femmes », « Le vent nocturne », « Les sapins », « Clair de lune », « Nuits rhénanes », « Mai », « Les cloches », « La Lorelei », « La tzigane », deux premières strophes de « Fiançailles ».

- 1903-1906 (retour à Paris) : « La chanson du mal-aimé ».

- 1907-1912 (période Montmartre) : « A la santé », « Crépuscule », « Marie », « Lul de Faltenein », « Le brasier », fin de « Fiançailles », « Poème lu au mariage d’André Salmon », « Vendémiaire », « Le pont Mirabeau », « Zone ».

Alcools est donc définitivement le recueil représentatif de l’esthétique et de la pensée d’Apollinaire, en plus d’être son premier recueil, et ceci car il réunit des poèmes de 15 ans qui présentent autant l’évolution que la cohérence poétiques de l’auteur. Et c’est pourquoi ce recueil est à considérer comme « le » recueil d’Apollinaire.

Le recueil débute par « Zone », très long poème qui peut être vu comme le poème emblématique d’Alcools, puisqu’il incarne le désir d’Apollinaire de se situer entre modernité et tradition, avec le choix de présenter des rimes régulières, (même si les rimes sont principalement sonores), et en même temps des strophes et des mètres à longueur variable, selon l’impact qu’il veut provoquer sur le lecteur. De plus, tous les thèmes chers au poète sont évoqués (mythologie, modernité de la ville, ivresse, amour, envol, marginalité, voyage, errance…). On trouve enfin la première signification possible du titre : « Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie / Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie », et l’annonce du fort désir de modernité : « A la fin tu es las de ce monde ancien ». Et c’est peut-être parce qu’il est si révélateur de sa poétique qu’Apollinaire a choisi de mettre ce poème en introduction de son recueil.

Ensuite, « Le pont Mirabeau » est à voir comme un poème principalement élégiaque, puisque le poète y chante ses amours déçues, la fuite du temps, ou encore le désir de la mort. Mais, pour contrecarrer à cette présence de thèmes classiques dans l’élégie, des innovations se rencontrent dans la métrique des vers, à l’inverse du choix de la chanson et de la régularité des rimes.

Puis « La chanson du mal-aimé », de nouveau dans une optique beaucoup plus innovatrice et moderne, évoque l’errance du poète à la recherche de son amour qui l’a rejeté (ici Annie Playden, qui est partie à Londres pour échapper au poète obsédé par elle). Ce poème en six sections abonde encore une en thèmes de prédilection du poète, et en formes poétiques diverses, plus ou moins traditionnelles, comme si pour lui chaque poème représentant

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