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Comment Apollinaire fait-il coexister tradition et modernité ?

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Par   •  20 Janvier 2021  •  Commentaire de texte  •  2 055 Mots (9 Pages)  •  3 018 Vues

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Le 19e siècle est marqué par le tremplin de la révolution industrielle, qui se poursuit au 20e siècle. Écrit dans une atmosphère de nouveauté le recueil Alcools d’Apollinaire paru en 1913 est une déambulation urbaine, mais aussi dans les souvenirs du poète. Guillaume Apollinaire est initialement marqué par le symbolisme, mais, ce dernier s’intéresse à tous les mouvements artistiques. Le poème « Automne malade », n’est pas le plus représentatif du recueil, mais il reprend un thème important aux yeux du poète et classique pour d’autres : l’automne, qui nous rappelle Hymne à l’automne de Ronsard. Il évoque aussi les mythes et légendes nordiques et germaniques chers à Apollinaire. « Automne malade » représente donc à la fois la tradition lyrique avec l’expression des sentiments du poète et du temps qui passe et la modernité poétique avec l’absence de ponctuation et la liberté dans la structure poétique. Nous nous demanderons alors comment Apollinaire fait-il coexister tradition et modernité dans le poème. Ainsi dans un premier temps, nous aborderons le sujet de la description poétique classique de l’automne, puis, dans un second temps, nous parlerons de la description cette fois-ci revisitée de l’automne par Apollinaire, et, pour terminer, nous évoquerons la douloureuse fatalité du poème.

Le poème « Automne malade » propose une représentation classique de l’automne. Il évoque un paysage riche et varié avec des éléments familiers à cette saison : « les roseraies » (v.2), « les vergers » (v.4), « fruits mûrs » (v.7), « les fruits tombant » (v.15), « les feuilles qu’on foule » (v.18.19). On retrouve également les animaux liés à cette saison comme : « les éperviers planent » (v.9), « les cerfs ont bramés » (v.13). Nous remarquons le passé composé : « ont bramé » qui souligne l’achèvement de l’action, le brame des cerfs est le cri qu’ils poussent pour attirer l’attention des femelles pendant la saison des amours, cela se passe à la fin de l’été et annonce le début de la saison suivante : l’automne. On peut aussi voir dans les deux vers une allitération en r et une assonance en ai : « Aux lisières lointaines/ Les cerfs ont bramé », cela suggère la longueur de l’action. Le poète peint la saison de l’automne, avec des petites scènes : « des éperviers planent », « les cerfs ont bramé ».

L’automne et la nature sont personnifiés : « Automne malade » (v.1), « Pauvre automne » (v.5), « Le vent et la forêt qui pleurent » (v.16), nous pouvons associer cela, à l’hiver qui succèdera à l’automne, une saison dure et glaciale. Le poète attend l’hiver avec tristesse, comme le souligne la métaphore des larmes : « Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille », cette dernière continue jusqu’au dernier vers : « S’écoule ».

Le poème « Automne malade » est profondément lyrique, un registre traditionnel en poésie. Le lyrisme est présent dès le premier vers : « malade et adoré », l’automne est personnifié, interpelé comme une personne. Apollinaire a ainsi recours aux pronoms personnels je et tu : il s’adresse à l’automne de façon intime, il la tutoie cela montre la proximité avec cette saison mais c’est aussi une des caractéristiques principales du lyrisme. L’auteur fait preuve de compassion envers cette saison : « Pauvre automne », deux mots qui constituent l’intégralité du vers numéro 5. On souligne la répétition lyrique de « Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs » (v.14), cette déclaration d’amour est introduite par « et » et mise en valeur par l’interjection « ô » qui souligne un sentiment d’exaltation, l’automne est donc l’occasion pour le poète de nous livrer ses sentiments. Le sentiment de mélancolie est omniprésent dans le poème, ce dernier est généralement associé à la saison, quand les feuilles dorées commencent à tomber des arbres pour finir leur course sur le sol, l’anxiété fait son apparition. La dépression saisonnière ou le blues hivernal est un mal bien connu, dû principalement au manque de luminosité pendant l’hiver. En automne, il est un peu trop tôt pour en ressentir les effets, on parle donc d’anxiété automnale qui précède la déprime dû à l’hiver, cela donne tout son sens au poème. Apollinaire est donc touché par cette anxiété, l’âme du poète correspond à la saison. Cela se voit notamment par la métaphore des larmes et des feuilles au vers 17, les larmes représentent l’âme tourmentée du poète et les feuilles, la saison d’automne. On retrouve également la fuite du temps, un thème traditionnel du lyrisme, à travers les temps verbaux : le futur : « mourras », « soufflera », laisse place au présent : « meurs », « planent » puis au passé « n’ont jamais aimé », « ont bramé ». Cette fuite se termine au dernier vers : « La vie s’écoule », le poète constate, impuissant, qu’il ne peut rien faire face à la fuite du temps.

Ainsi, « Automne malade » est donc un poème lyrique et profondément mélancolique. Même s’il semble très classique de par les thèmes qu’il aborde, il n’en reste pas moins dynamique et moderne de par sa forme et audacieux de par ses références. Nous allons par conséquent nous pencher sur l’automne mais cette fois-ci revisitée par le poète.

La forme du poème le rend très dynamique et moderne : Apollinaire crée un poème irrégulier. L’absence de ponctuation met en valeur le rythme, comme une récitation ou une lecture sans pause qui signifie pour le poète l’asphyxie, l’étranglement, ou encore sa douleur. Les vers ont un mètre très variable et oscillent entre 2 pour les 6 derniers verbes et 15 syllabes pour le vers 2. Les vers 10, 14 et 17 sont des alexandrins, les vers 6, 15 et 16 sont quant à eux des octosyllabes, ces irrégularités marquent un contraste avec les autres poèmes du recueil, plutôt réguliers, en alexandrins. Dans ce poème nous remarquons quatre strophes, représentant quatre actes. La première, porte sur les beautés de l’automne sur lesquelles pèse une menace : la destruction, la seconde, quant à elle, évoque la mort de l’automne, la troisième n’est qu’une information sur cette saison avec les bruits qui la

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