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Dans quelle mesure Tavernier transforme-t-il l'aventure de la rivière? (Princesse de Montpensier)

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Par   •  10 Octobre 2020  •  Dissertation  •  1 675 Mots (7 Pages)  •  389 Vues

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Dissertation :  Dans quelle mesure Tavernier transforme-t-il la scène de la rivière ?

La Princesse de Montpensier est une nouvelle écrite et publiée par Mme de Lafayette en 1662. Son adaptation cinématographique, réalisée par Bertrand Tavernier près de quatre siècles plus tard, suit également le destin tragique de la jeune Marie de Mézières, tourmentée par ses parents pour épouser un homme dont elle ne voulait pas et déchirée entre sa vertu et sa passion pour le duc de Guise. Cependant, le réalisateur du XXIe siècle s’est accordé quelques libertés concernant le déroulement de l’histoire et propose une œuvre nouvelle, se distinguant du récit du XVIIe siècle. Nous allons ici nous intéresser à une scène particulière en nous demandant dans quelle mesure Bertrand Tavernier transforme la scène de la rivière.

D’abord nous nous intéresserons aux éléments de la nouvelle que Bertrand Tavernier a cherché à conserver et à mettre en valeur, et ensuite nous verrons en quoi il parvient à exposer sa propre vision de l’aventure et des relations qui lie les personnages.

La scène de la rivière est une scène capitale dans le déroulement du récit de la Princesse de Montpensier. En effet, c’est le lieu de retrouvailles entre le duc de Guise et la Princesse de Montpensier, qui réalisera que sa passion n’est pas éteinte, mais aussi la rencontre du duc d’Anjou qui courtisera la Princesse dès le début. Nous remarquerons que Bertrand Tavernier a souhaité conserver et amplifier le comportement espiègle et charmeur du duc d’Anjou, mais a instauré plus de distance entre la Princesse et le duc de Guise.

Ainsi, Mme de Lafayette et Bertrand Tavernier posent le contexte de cette rencontre de la même façon. Le duc d’Anjou accompagné du duc de Guise et d’une troupe d’homme, témoins de son importance, s’égarent alors qu’ils cherchaient à rejoindre Loches. Dans les deux œuvres le duc de Guise cherche à prendre les choses en main, certain d’avoir trouvé le bon passage, et voulant montrer son habileté au duc d’Anjou. Le résultat de cette entreprise est le même ; dans le récit de Mme de Lafayette, « toute la troupe fit la guerre au duc de Guise ». Dans le film nous assistons également à un plan de demi-ensemble dans lequel les hommes du duc d’Anjou se moquent de de Guise, malgré la décision du frère du roi de le suivre.

La scène paraît idyllique, tout comme elle était décrite dans la nouvelle, dans un passage qui fait plus penser au genre du roman bucolique que de la nouvelle historique. Le paysage, « un petit bateau qui était arrêté au bord de la rivière » semble paradisiaque et incroyablement paisible en comparaison aux guerres de religion qui déchirent la France. La beauté de la Princesse est également décrite de manière hyperbolique et elle semble aux deux jeunes princes être « une chose de roman ». En effet, dans le film, elle apparaît comme elle est décrite dans le livre, « fort belle, habillée magnifiquement ». La première image que nous avons d’elle dans cette scène est un plan de demi-ensemble où elle est assise sur une barque parmi ses servantes. Cependant, sa robe de couleur vive la distingue des autres et le soleil l’illumine. Lorsqu’elle se lève, par curiosité envers ces hommes qu’elle aperçoit au bord de la rivière et de Guise qu’elle croit reconnaître, elle est sublimée par un plan taille qui laisse de la place à la nature en arrière-plan.  

Nous retrouvons également la même joie que ressent le duc d’Anjou à la vue de la Princesse, qui lui parut « être une chose de roman ». Le personnage incarné par Raphael Personnaz dans la version de Tavernier lance à de Guise, taquin : « Quel charmant hasard... Le détour vous en sera pardonné, Henri. ». Bertrand Tavernier réalise également un jeu sur les sons extradiégétiques en lançant la musique propre à la Princesse de Montpensier, « La leçon » juste avant que les personnages ne l’aperçoivent. Ce choix accentue le côté romanesque de l’aventure que sont en train de vivre les ducs d’Anjou et de Guise. Tout comme dans la nouvelle où il se distingue par « sa bonne mine », le duc d’Anjou parvient encore une fois à se mettre en valeur auprès de la Princesse de Montpensier, après avoir manifesté son impatience auprès d’un de ses hommes qui devait demandait à la Princesse d’amener la barque. Il n’a pas peur de révéler sa détermination et son côté très séducteur et parvient à échapper à une situation ridicule en prétextant avoir été troublé par la beauté de la Princesse quand il perd l’équilibre sur la barque. Nous reconnaissons ici l’amour-propre du duc d’Anjou déjà évoqué dans la nouvelle, qui considère qu’une telle beauté ne peut être digne que de lui-même.

Enfin, les plans utilisés par le réalisateur sont très révélateurs des sentiments qu'éprouvent les deux amants à leur rencontre. Madame de Lafayette écrivait déjà dans sa nouvelle au sujet de la Princesse que la vue du duc de Guise « lui apporta un trouble qui la fit rougir et qui la fit paraître aux yeux de ces princes dans une beauté qu’ils crurent surnaturelle. » Avant que le duc d'Anjou ne rejoigne la princesse sur la barque, nous assistons à une succession de gros plans en contrechamps qui nous présentent les visages troublés de Marie de Mézières et de François de Guise. Le spectateur pressent le long regard qu'ils s'échangent et l'amour qui subsiste malgré leur séparation forcée. De même, au début de la scène, Tavernier propose un plan d'ensemble de Marie et des autres personnages sur les bateaux, avant que les princes ne les aient aperçus. Ce plan qui présage déjà l'aventure qui va suivre insiste sur le caractère inévitable de la rencontre, sur le destin voué à réunir de Guise et Montpensier.

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