Dans quelle mesure La Nouvelle Héloïse est-elle fondée sur un rejet du romanesque ?

Dans quelle mesure La Nouvelle Héloïse est-elle fondée sur un rejet du romanesque ?

Julie ou la Nouvelle Héloïse est un roman épistolaire de Jean-Jacques Rousseau, philosophe des Lumières, paru en 1761. Dans cet ouvrage, un amour interdit prend forme où passion et vertu s’entremêlent dans un échange de lettres entre Julie et Saint-Preux.

Dans quelle mesure La Nouvelle Héloïse est-elle fondée sur un rejet du romanesque ? Premièrement, nous nous intéresserons aux éléments romanesque que composent cette oeuvre.

Puis, dans un deuxième temps, ce qui fait de cette dernière un rejet du romanesque.

Tout d’abords, l’intrigue peut être qualifiée comme un des principaux éléments romanesques de l’oeuvre. En effet, elle est dominée par les sentiments amoureux des correspondants et leur idéalisation, répandue dans le romanesque. Rousseau nous fait part de sa conception de l’amour à travers un intrigue minimaliste. Celle-ci regroupe un petit nombre de personnages : Saint Preux (surnom), Julie D'Etanges, Claire, Milord Edouard, M. et Mme D’Etanges, M. De Wolmar. Aussi, elle est basée sur une liaison interdite car l’amour éprouvé par Julie et Saint Preux est entravé par plusieurs facteurs tels que leurs codes sociaux (aristocrate/noble) et l’alliance entre Julie et Wolmar.

On peut par exemple se pencher sur l’incipit où l’intrigue est lancée avec une violente déclaration de l’amant (St Preux) et qui laisse entrevoir une fin tragique. Une situation dramatique, vouée à l’échec qui va être le fil conducteur de toute l’histoire et, donc, suit la logique du roman classique à intrigue sentimentale. Mais, cet incipit est aussi un anti-début de roman car Saint Preux n’est pas du tout attiré par le physique de Julie mais par son esprit.

Deuxièmement, cette oeuvre est un choc pour l’époque de par son originalité et son rejet du romanesque. Rousseau s’intéresse avec sérieux aux personnages et considère leurs « problèmes » personnels. Il va s’intéresser à l’Aristocratie, alors qu’elle était mal vu au 17ème siècle, et y dessiner un portait moral. En effet, malgré l’intrigue amoureuse on peut discerner un discours philosophique de la part de Rousseau, l’amour reste un prétexte pour la philosophie. Par exemple, dans la lettre I-9, Julie défend l'amour chaste ou dans la lettre I-23, Saint-Preux fait éloge des mérites de la nature. Aussi, on peut décrire cette oeuvre comme hybride : comme épistolaire et comme sentimental( et libertin).

Le genre épistolaire n’est pas nouveau, avec Montesquieu et les Lettres persanes, mais il est original puisqu’il permet beaucoup de libertés pour l’auteur. En effet, on peut se permettre une certaine spontanéité dans l’écriture, le langage s’adapte au personnage représenté et à son point de vue. Ce qui permet un accès intime au personnage et à son caractère, on apprends à le connaître personnellement. La temporalité peut facilement varier sans perdre le lecteur avec des ellipses. Enfin, on a une matérialité comme support des lettres qui permet l’aspect dramatique de cette histoire d’amour. Cette dimension du roman sentimentale est approché d’une différente manière puisque niée par Rousseau mais l’intrigue reste malgré cela amoureuse.

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