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La parole est-elle impropre à un échange authentique ?

Étude de cas : La parole est-elle impropre à un échange authentique ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Juin 2013  •  Étude de cas  •  2 707 Mots (11 Pages)  •  1 174 Vues

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EXEMPLE 1

« Une monstrueuse aberration fait croire aux hommes que le langage est né pour faciliter leurs relations mutuelles », écrit Michel Leiris (Glossaire, j'y serre mes gloses, 1939).

Vous vous demanderez si cette affirmation est applicable à la parole.

1) MISE EN PLACE DU SUJET :

- Michel Leiris se fait ici l'écho d'une conception pesssimiste du langage que l'on pourra utilement restreindre à la parole. L'énoncé redondant ("monstrueuse aberration"), s'installant délibérément dans le paradoxe, prétend détruire l'idée reçue selon laquelle le langage aurait initialement répondu à un désir de communication. Il suffit de porter un tout autre regard que Rousseau sur les premières communautés humaines pour s'autoriser en effet d'un certain scepticisme : la parole ne se prêterait-elle pas plutôt à cette volonté de réduction de l'autre que Freud prétend reconnaître dans les pulsions fondamentales de l'individu ?

- Une telle confrontation de points de vue radicalement antagonistes favorisera le simple entraînement que nous proposons ici à la construction des deux premières parties de la dissertation. On pourra soit imaginer une synthèse possible soit élaborer avec ces seules deux parties un plan concessif.

? PROBLÉMATIQUE : La parole est-elle impropre à un échange authentique ?

2) EXERCICE :

Reconstituez le raisonnement en classant les arguments suivants, assortis de leur exemple respectif, autour de deux grandes parties :

I – La parole conditionne un échange harmonieux.

II – La parole est mieux faite pour manifester pouvoir et volonté de manipulation.

1 - « Qu'on songe de combien d'idées nous sommes redevables à l'usage de la parole ; combien la grammaire exerce et facilite les opérations de l'esprit ; et qu'on pense aux peines inconcevables, et au temps infini qu'a dû coûter la première invention des langues ; qu'on joigne ces réflexions aux précédentes, et l'on jugera combien il eût fallu de milliers de siècles, pour développer successivement dans l'esprit humain les opérations dont il était capable. »

Rousseau, Discours sur l'origine de l'inégalité, 1755.

2 - L'écriture ne permet-elle pas mieux que la parole ce recul par lequel un discours peut être posément analysé et critiqué, favorisant ainsi un examen partagé ?

3 – « Nous n'avons jamais bu d'ambroisie, ni de nectar et n'avons qu'une expérience linguistique des mots "ambroisie", "nectar" et "dieux" - nom des êtres mythiques qui en usaient - néanmoins nous comprenons ces mots et savons dans quel contexte chacun d'eux peut s'employer. »

Roman Jakobson, Essai de linguistique générale (1969)

4 - « Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre », dit le proverbe. Combien en effet de plaidoyers restés vains (Socrate, Galilée) faute d'un auditeur prêt à se laisser convaincre !

5 - La parole est marquée par le milieu social dont l'individu est originaire. Parler, c'est ainsi manifester tous les déterminismes qui génèrent et entretiennent les inégalités.

6 - La parole est constitutive de la pensée. Point de pensée sans parole ni donc de capacité d’échange.

7 - La parole est le ciment des sociétés et la condtition de l'éducation citoyenne où l'homme, animal politique, est voué à s'épanouir. Voilà pourquoi tant de sociétés ont cherché à juguler la parole et à ruiner ainsi toute possibilité d'échange.

8 - « Les fruits ne se dérobent point à nos mains, on peut s'en nourrir sans parler ; on poursuit en silence la proie dont on veut se repaître ; mais pour émouvoir un jeune cœur, pour repousser un agresseur injuste, la nature dicte des accents, des cris, des plaintes, voilà les plus anciens mots inventés, et voilà pourquoi les premières langues furent chantantes et passionnées avant d'être simples et méthodiques. » Rousseau, Essai sur l'origine des langues (1781).

9 - « Tout langage a par constitution la valeur de dénominateur commun. Parler, c'est donc s'écarter de soi pour se confondre avec tous. Il n'y a pas de langage pour l'originalité, - c'est-à-dire pour la différence, c'est­à-dire pour la personnalité. »

Georges Gusdorf, La Parole, 1952.

10 - « La raison du plus fort est toujours la meilleure », conclut la fable de Jean de La Fontaine « Le loup et l'agneau », dans laquelle un loup affamé trouve avec une évidente mauvaise foi tous les arguments qui lui permettront de satisfaire sa faim.

11 - La parole peut favoriser la langue de bois, l’accumulation des sophismes propices à celui qui garde le pouvoir et entend le conserver.

12 - Au cours des siècles, les correspondances entre écrivains ou scientifiques (par exemple les lettres échangées entre Descartes et le père Mersenne ou celles, innombrables, de Voltaire avec les philosophes de son temps) attestent l'apport de l'écriture dans les échanges intellectuels.

13 - La parole est née de la volonté d’agir sur l’autre et d’établir l’échange harmonieux nécessaire à une société.

14 - La parole fait un usage sempiternel des mêmes vocables et expressions, si bien que parler, c’est employer pour chacun les mots de l’autre et se résigner à un échange purement utilitaire.

15 - Sans le désir d'échange, il n'y aurait pas eu de parole.

16 - « Quelqu'un qui est né dans le VIIème arrondissement - c'est le cas actuellement de la plupart des gens qui gouvernent la France - dès qu'il ouvre la bouche, reçoit un profil linguistique. [...] La nature même

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