Corpus sur le Monologue dans la Pièce de Théâtre

CORPUS

Discours prononcé dans une pièce de théâtre par un personnage seul ( ou qui se croit seul ), le monologue est un moment singulier d’une pièce, un temps suspendu, introspectif, délibératif où se joue le drame intérieur du héros. Il n'est jamais gratuit et s'inscrit au cœur de l'intrigue. Au théâtre, il assume plusieurs fonctions comme illustrées dans ce corpus de texte. Nous étudierons donc les diverses fonctions du monologue qui sont ici l’expression de la solitude dans Le Cid, le récit de la destinée dans Le Mariage de Figaro, la confusion mentale dans L’Avare ainsi que l’usage d’un procédé classique du comique dans Ubu Roi.

En premier lieu le monologue exprime la solitude du héros dans un moment difficile, face à un dilemme, une crise existentielle qu'il affronte dans une démarche introspective. Dans Le Cid de Corneille, Rodrigue doit affronter une situation sans issue dont le monologue nous fait partager les interpellations désespérées, les délibérations intérieures à la première personne :

«  Je dois à ma maîtresse ... » ; «  J'attire en me vengeant sa haine et sa colère, J'attire ses mépris en ne me vengeant pas » ;«  Je m'accuse déjà de trop de négligence ».

les apostrophes enflammées : « Que je sens de rudes combats !)

les interrogations ouvertes : «  Faut-il laisser un affront impuni ? Faut-il punir le père de Chimène ».

Cette solitude n'est qu'apparente. La conscience de Rodrigue qui règle son sens du devoir est omniprésente comme un sur-moi qui, dans une implacable logique, impose ses choix. Rodrigue n'est donc pas seul mais dialogue avec cette conscience sous forme d'antithèses, d'oxymores et que traduisent les formes impersonnelle à la troisième personne : «  Il faut venger un père, et perdre une maîtresse », «  Il vaut mieux courir au trépas ».

De plus, ce peut être aussi le récit d'une destinée qui dépasse la personne et s'inscrit dans un combat plus large, plus universel que la situation sentimentale apparente. Ainsi, dans Le Mariage de Figaro, Figaro crie son désespoir se croyant trahi par celle qu'il aime et qui s'est promise à lui pour son rival, le Comte. Sous le coup de la colère, Figaro assène une tirade mémorable qui dénonce, bien au-delà de la situation amoureuse, l'arrogance des puissants dans un contexte pré-révolutionnaire : «  Qu'avez- vous fait pour tant de biens ! Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus ». Il y décrit sa condition et son amour de la liberté en affirmant «  que sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur ». Il s'adresse ainsi à un interlocuteur son maître mais, au-delà, par le mécanisme de la double destination, c'est l'aristocratie qu'il dénonce et donc une grande partie du public qui vient applaudir la pièce et qui en fera son succès.

De surcroît, le monologue est aussi l'occasion de mettre en scène une certaine confusion mentale de celui qui se parle tout seul dans un délire personnel, procédé que l’on retrouve souvent dans les comédies. Harpagon

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