Compte-rendu critique, OLIVIER, Émile. Repérages, Édition Leméac, 2001, p. 78-92.

Résumé

Le politique et l’art se sont souvent confrontés et de nombreux intellectuels en ont essuyé les conséquences.  Le texte d’Émile Olivier traite de la question de l’engagement des artistes ou des intellectuels au sens politique et social.  Ainsi, dans «un univers qui se dégrade »,  qui fait face à la mondialisation et aux problèmes sociaux, politiques et économiques, les artistes sont interpellés. L’auteur met donc en relief deux postures sur lesquelles se positionnent les intellectuels : la posture professionnelle et la posture humaniste. Ce sont par ces deux positions différentes qu’il est possible d’entrevoir la question de l’engagement, à savoir comment le professionnel ou l’humaniste intervient auprès de son public, comment ils se détachent ou s’assujettissent au pouvoir.  Qui plus est, l’engagement prend une forme différente selon la situation du pays; Émile Olivier en rend compte avec le cas d’Haïti, pays auquel il est particulièrement lié. Parallèlement, il différencie l’artiste et l’homme de pouvoir dans leur manière de masquer ou de dévoiler la réalité. De plus, le texte aborde le contrat tacite qui s’établit entre l’écrivain et son lecteur. La question de l’engagement social se définit dans le rapport de l’écrivain avec son public; l’écrivain peut se complaire dans sa solitude, mais cherche et accepte la reconnaissance du public et la critique.  Il communique avec son lecteur, prend position et peut dénoncer. Ainsi, la relation qu’entretiennent l’auteur et son lectorat peut prendre différentes formes selon la position de l’écrivain. Enfin, le texte se termine sur ces deux types de rapports qui lient l’écrivain à son public, soit celui du « grantécrivain » et celui de l’émergence des significations qui découlent de « l’informatisation des sociétés ».

Compte-rendu critique :

OLIVIER, Émile. Repérages, Édition Leméac, 2001, p. 78-92.

La mondialisation économique et sociale est un facteur déterminant dans l’effritement d’une société, d’un monde « privé de repères », comme le décrit Émile Olivier. Les pays en voie de développement sont freinés par le marché et s’enfoncent dans une pauvreté créée par ces géants des instituts financiers et le régime politique au pouvoir. Sous cet angle, il est possible de cerner la question de l’engagement que pose l’auteur de l’extrait de Repérages. La tension entre l’art et le politique y prend tout son sens. En effet, le texte, qui soulève plusieurs questions sur la relation qu’entretiennent l’auteur et son public, permet de mieux définir « l’écrivain engagé » par rapport à son environnement. Comment prendre position sans représailles dans un pays éclaté, qui fait face à « l’effondrement social »? « L’artiste cherche le dévoilement, l’éclaircissement, la lumière » (Émile Olivier, p.85) Ainsi, l’auteur vient, à travers son texte, reprendre la fonction de l’écrivain par rapport à son public, une fonction qui selon Sartre consistait à « faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul ne s’en puisse dire innocent »^[1] Sur ce point, il est intéressant de noter la façon dont Émile Olivier rapproche les créateurs impuissants d’un pays en voie de développement (l’Haïti) et ceux qui, en marge, tentent toujours de donner du sens à l’Histoire, à un monde qui s’écroule.  L’essai Repérages, qui est  en soit un acte de parole, une forme d’engagement politique et social sous lequel l’auteur assume sa parole, propose des réflexions littéraires et philosophiques; il suffit de songer à Sartre, aux écrivains engagés des siècles précédents comme Molière avec le conflit de sa pièce Le Tartuffe et aux artistes modernes pour raviver la question de l’engagement artistique dans une société qui fait face à la mondialisation. L’extrait de l’essai d’Émile Olivier, qui juxtapose les différentes postures de l’écrivain aux relations qu’il entretient avec son public, fait justement preuve d’engagement en proposant ses réflexions sur la question.

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