Compte rendu critique

Le bleu, la couleur de la vie

Par : Léa Baillard

Un recueil en prose faisant prendre conscience de l’essentiel dans nos vies et capable de nous faire ressentir l’immense chance d’être vivant. Voici donc une réflexion sur l’une des publications renommées de Louise Warren.

Une remise en question

Le présent recueil évoque l’idée des constantes remises en question sur la vie par plusieurs thèmes dominants. Cette poésie intime révèle d’abord le thème des éléments de la nature qui nous entourent avec les mots « Oiseaux » (P.24), « Neige » (P.17), « Saule » (P.91), « Montagne » (P.16), « Air » (P.85), « Lac » (P.34), etc. Cela a pour effet de faire prendre conscience de chaque détail de l’environnement qui sont parfois ignorés étant donné leur banalité. L’idée de gestes usuels accomplis au quotidien est aussi représentée par les parties du corps comme la tête, les poumons, le cœur, mais surtout par les bras, les mains et la paume qui sont les parties les plus significatives de la gestuelle. On retrouve aussi beaucoup de couleurs, particulièrement le bleu et ses variantes, comme le turquoise. Parfois cette dernière est comparée à la vie et la fragilité de celle-ci :

Si une seule planche cède, la montagne se déchire et tu perds le bleu. (P. 91)

Il n’y a pas de chronologie significative entre les parties du recueil, cependant on voyage entre l’éveil et le sommeil par les mots « Le jour commence » (P.56), « Tu ne sais plus si tu as dormi » (P.100), « À l’aveugle, tu bouges par instants » (P.101), « fermons les yeux des noyés et dormons » (P. 41), etc. Le concept de la vieillesse est présent tout au long de l’œuvre par exemple par les mots suivants : « cheveux gris » (P.100), « t’applique à mourir » (P.46) et « écoulement du temps » (P. 104). Tout au long de la lecture du recueil, l’espace est vaguement défini au sein même des poèmes. On a parfois l’impression d’être dans une chambre grâce à une brève description d’objets présents dans la pièce comme une commode, un lit, des rideaux, des draps. Certaines allusions permettent au lecteur d’être en train de regarder à travers une fenêtre la vie à l’extérieur ou alors d’avoir un regard sur des pensées, des rêves.

Une vie en prose ou en rose ?

Le recueil est composé de 3 parties de poèmes en prose sans titre d’environ 6 à 7 lignes maximum et quelquefois d’une page, ce qui prouve que Warren va droit à l’essentiel dans son message et démontre une grande simplicité. La comparaison et la métaphore sont très présentes dans chacun des poèmes puisqu’en effet l’objectif de l’œuvre est de faire prendre conscience de l’importance de l’entourage qui influence la routine de la vie.

Toutes ces questions qui tournent dans ta tête comme des insectes alors que tu n’as pas besoin de savoir. (P.99)

Cette citation démontre l’importance d’une remise en question existentielle tout en faisant une comparaison avec un élément de la nature, soit les insectes, ce qui rejoint par le fait même les thèmes dominants mentionnés plus haut.

Une découverte

Il serait faux de dire que je suis une admiratrice de la poésie en prose et que lire des recueils fait partie de mes passe-temps. Je dois par contre avouer que ce court recueil m’a permis d’en apprendre davantage sur ce style d’écriture. Je trouve que la plus grande beauté des poèmes en prose se trouve dans le choix des mots de l’auteure.

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