Compte rendu - Nadja, André Breton

Gabriella Regina de Lucca Silva Moreira  n. USP 9015204 (soir)

Exercice de production écrite – Nadja

        Cet extrait est situé à la fin de la deuxième partie du livre, quand Breton vient de savoir que Nadja s’est faite arrêter et se trouve dans un asile de fous. Un peu avant, Breton fait une grande critique à ce type d’institution : « Il ne faut jamais avoir pénétré dans un asile pour ne pas savoir qu’on y fait les fous tout comme dans les maisons de correction on fait les bandits » (p. 161).

        Nadja incarne l’ensemble du projet surréaliste spontanément par sa façon de vie, sa manière de s’exprimer et aussi ses attitudes. Par rapport aux conventions sociales, elle manifeste une grande liberté et indépendance, c’est une « âme errante » – comme elle même se définit – qui ne fait pas des plans pour sa journée puisqu’elle fait ce qu’elle veut sans être attachée à rien. Cela est plus évident dans le passage où Breton lui demande où elle dîne, lorsqu’elle répond : « Où ? (le doigt tendu) : mais là ou là (les deux restaurants les plus proches), où je suis, voyons. C’est toujours ainsi » (p. 82).

Selon Breton, Nadja était faite pour servir l’émancipation humaine. Grâce à cet esprit libre, elle est un personnage qui lutte pour la liberté et, en même temps, qui ne reconnaît pas la réalité devant elle – c’est justement cela qui va devenir sa force et sa fragilité. Breton condamne les excès de la raison et le conformisme social, qui selon lui entravent la liberté, alors la rencontre de cette femme qui incarne la liberté sous une forme révolutionnaire et qui finit par écarter les « barreaux de la logique, (…) la plus haïssable des prisons », c’est comme la personnification de ses pensées. Nadja ne s’intéresse pas à l’heure, à la rigueur, aux principes et de cette façon son génie créateur finit par toucher les aspirations surréalistes.

En n’étant ni soumise au temps ni aux contraintes de la vie, cette femme vie sans aucune préoccupation du monde réel et c’est cette particularité qui va beaucoup plaire à Breton. Sacrifiée dès sa première apparition jusqu’à la fin du récit, Nadja passe dans la vie de Breton comme un météore et devient un personnage emblématique du surréalisme. C’est tout d’abord une muse qui permet au poète d’échapper au réel et de déchiffrer le surréel, d’accéder à l’invisible, aux sens cachés du monde. Mais c’est la folie amoureuse qui permet à l’auteur ainsi qu’à Nadja d’exprimer la partie cachée et mystérieuse de leur psychisme, parce que c’est à travers de cette folie que le langage de l’inconscient est libéré.

        Un autre rôle de Nadja c’est celui d’une voyante, une annonciatrice, à la mesure qu’elle enseigne le sens de la vie à Breton et participe à la quête identitaire de l'auteur – on ne doit pas oublier qu’il commence le livre en demandant « Qui suis-je ? ».  Dans cette recherche, Nadja se soumet aux désirs et aux volontés de Breton sans se questionner ni revendiquer une identité propre comme remarque Simone de Beauvoir en disant que Nadja « est une sorte d’initiatrice au-delà, une merveille naturelle ». Sa folie est accompagnée certes d'hallucinations et d'agissements tout à fait bizarres, mais elle ne semble pas vouloir s'en libérer. Soumise au charme, à l’érudition et à l’intelligence de Breton, elle accepte sa condition et termine par être sacrifiée pour la cause révolutionnaire. En fait, Nadja était, dès le début, condamnée.

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