Complainte De Jules Laforgues

* Identité de l’œuvre lue :

-Auteur : Jules Laforgue

- Titre : Les Complaintes

-Date de publication : 25 juillet 1885 à Paris chez l’éditeur Léon Vanier

-Genre littéraire : Symbolisme

* Le Contexte :

Les éléments de complexité retenus dans l'œuvre de Laforgue choquent les habitudes ordinaires des lecteurs du passé comme ceux d’aujourd’hui, en suggérant immédiatement un écart perceptible entre la norme d'usage du discours poétique contemporain et le registre d’expression propre a Laforgue. Quoi que, dans chaque cas, pour des raisons différentes et avec des effets distincts. C'est ainsi qu'on a pu accuser Laforgue à son époque d'imiter le poète de Morlaix, Tristan Corbière, de façon « plus fumiste et plus désinvolte … » Aujourd'hui, ce reproche se convertit plutôt en indice positif en raison de notre connaissance rétrospective de l'intertextualité poétique de cette période, qui permet de mieux saisir les rapports d'influence, de parodie, de contre façons, grâce auxquels le texte des « Complaintes » de Laforgue se trouve être un peu la réécriture de certains autres modèles de textes : chansons populaires, autres poèmes, etc. Reste, en arrière-plan, l'aporie de l'écart …

*Réflexions Personnels :

Il y a dans Les Complaintes une variété de tons, il y a aussi une variété de thèmes. Il suffit de lire la Table des matières pour remarquer que Laforgue puise son inspiration poétique dans des sujets aussi divers que la religion chrétienne et le paganisme, la lune et le soleil, le temps et l’espace, l’automne et le moi de mai, les morts et les fœtus, la province et Paris …

-thème n°1 : « La Mort »

Dans la complainte de l’oubli des morts :

V5 : «les morts c’est sous terre ; ca n’en sort guère »

Dans la complainte des complaintes :

V2 : « défunt »

-thème n°2 : « La religion »

Dans la complainte du libre abrite :

V1 : « le christ » / v7 : « jésus » / v17 : « Messie »

Dans la complainte des noces de pierrot :

V1 : « dieu » / v27 : « l’hostie ultime »

-thème n°3 : « L’univers »

Dans la complainte de lord pierrot :

V1 : « la lune » / v7 : « lune »

Dans la complainte de la lune en province:

V1 : « pleine lune » / v13 : « lune »

Dans la complainte de la consolation:

V8 : « étoiles »

Dans la complainte des grands pains:

V38 : « soleil »

Dans la complainte des formalités nuptiales:

V7 : « univers »

-thème n°4 : « les saisons »

Dans la complainte des printemps:

V6 : « printemps »

Dans la complainte des autres complaintes de l’orgue de barbarie :

V21 et v22 : « d’été » / « d’automne »

Dans la complainte de la lune en province :

v23 : «hiver »

* Valeurs défendues :

Les Complaintes de Jules Laforgue = un genre populaire. En écoutant la confidence du poète à son correspondant Charles Henry en août 1885, l’idée de se consacrer à ce genre populaire lui serait venue de la fête foraine nocturne pour l’inauguration du Lion de Belfort qui se tint au Carrefour de l’Observatoire, cinq ans auparavant, en septembre 1880. Les notes prises à cette occasion montrent une fête triste (l’adjectif revient trois fois), dégradée, grotesque, contemplée avec une ironie amère ; les qualifiants péjoratifs, les notations sordides ou dérisoires s’accumulent : « des tourniquets où des étudiants ont gagné un vase de nuit au fond duquel un œil en émail peint regardait », un cirque « avec des toiles grossièrement peintes éclairées par des quinquets fumeux et fétides, deux femmes en maillot fané se promenant sur les planches, gueulant », un paillasse dont le masque de farine . Laforgue s'ancre dans cet esprit fin de siècle, avec la particularité de cette écriture l'ironique avec laquelle il traite les lieux communs artistiques. En 1885, la vague du romantisme est passée et Laforgue, avec ses Complaintes, contribue à subvertir les idées de cette école littéraire : il en montre les travers, les défauts, les excès. Notamment dans sa « Complainte d'un autre dimanche » qui a pour thème principal un Soleil couchant.

* Ecriture de l’auteur :

- Dans Les Complaintes, il y a de nombreux exemples du côté triste, grotesque et amer que le poète prête à la vie :

« Mais quoi ! les Destins ont des partis pris si tristes, Qui font que, les uns loin des autres, l’on s’exile, Qu’on se traite à tort et à travers d’égoïstes,

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