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Commentaire linéaire Sonnet VIII Hécatombe à Diane Agrippa d'Aubigné

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Par   •  10 Janvier 2021  •  Commentaire de texte  •  1 864 Mots (8 Pages)  •  694 Vues

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Khôlle de Lettres

Hécatombe à Diane, Sonnet VIII, Agrippa d’Aubigné

        A travers son recueil de sonnets intitulé Hécatombe à Diane, qui constitue la première partie de son Printemps, Agrippa d’Aubigné mêle macabre et amour, comme le laisse penser ce titre surprenant et légèrement morbide. Le sonnet VIII, situé au début du recueil donc, ne fait pas exception. Enfant des guerres de religion sanglantes qui meurtrirent la France au XVIème siècle, le poète protestant traite ici le sujet de la guerre et de ses ravages. En terme de forme, il s’agit d’un sonnet marotique en alexandrins. Le poème peut être divisé en trois parties : le premier quatrain commence la présentation des méfaits de la guerre, au second quatrain une rupture s’opère et métaphore ambiguë est mise en place par le poète, enfin, le sizain consiste en une apostrophe à l’amour et à la fortune.

Ouy, mais ainsi qu’on voit en la guerre civile

Les debats des plus grands, du faible et du vainqueur,

De leur douteux combat laisser tout le malheur

Au corps mort du pais, aux cendres d’une ville,

 

Je suis le champ sanglant où la fureur hostile

Vomit le meurtre rouge et la scytique horreur,

Qui saccagent le sang, richesse de mon cœur,

Et en se débattant font leur terre stérile.

 

Amour ! fortune ! helas, appaisez tant de traicts,

Et touchez dans la main d’une amiable paix :

Je suis celuy pour qui vous faictes tant la guerre !

 

Assiste, amour, tousjours à mon cruel tourment !

Fortune, appaise toy d’un heureux changement !

Ou vous n’aurez bien tost ny dispute, ny terre.

        Nous allons voir comment d’Aubigné, entre métaphore et prosopopée, fait entendre une élégie surprenante, qui oscille entre plainte amoureuse et dénonciation des violences de la guerre.

 

        Le poème s’ouvre sur une formule surprenante : le « oui mais ainsi qu’ » (qu’on peut lire aujourd’hui « oui mais tandis que ») correspond à une réponse. Elle introduit une opposition qui ne se comprend qu’au vers 5, il y a donc un effet de suspens pour le lecteur.  L’usage du pronom indéfini « on » témoigne d’une universalité, la guerre qu’il va décrire peut être vécue par un « on » général. Il faut noter le verbe de perception « voit », qui trahit la volonté du poète de former une image pour le lecteur. Le vers 1 s’achève par la mention du thème du poème : « la guerre civile ». L’enjambement entre les deux premiers vers montre symboliquement la portée de la guerre civile, dont les conséquences dépassent le cadre du vers.

Dans le vers 2, le superlatif relatif de supériorité « des plus » insiste sur la puissance de ces « grands » et donc sur l’ampleur de la guerre. Ces derniers sont divisés en deux catégories : « le faible » et le « vainqueur », toutefois ils sont réunis dans le même hémistiche et isolés par des virgules, ce rassemblement témoigne de la vanité de la guerre, en montrant la proximité du vainqueur et du vaincu (qu’ils le veuillent ou non).

Les vers 3 et 4 présentent l’idée principale du quatrain : à savoir que les combattants « laissent » (c’est-à-dire abandonnent) des destructions derrière eux sans être « personnellement » touchés. Ces deux vers sont construits parallèlement aux vers 1 et 2, avec un enjambement, une absence de virgule pour le premier vers et une virgule à la césure du second. Ce parallélisme montre les conséquences de la guerre : d’une part les « débats », de l’autre les « destructions ». L’homéotéleute « leur » / « malheur » met aussi en évidence la conséquence du combat. Tout comme la rime antithétique « vainqueur » / « malheur » (la victoire mène quand même au malheur). D’autre part, l’antéposition de l’adjectif « douteux » souligne le caractère incertain de l’issue du combat. Le vers 4 développe ce que les « grands » laissent : « un corps mort du pays »,  on note l’homéotéleute qui souligne les deux termes, ainsi que la métaphore : le pays est un être vivant qui a été tué. Le parallélisme de construction « au » et COI ainsi que le passage du singulier au pluriel symbolisent la multiplication des destructions. Il faut noter trois allitérations et une assonance dans ce quatrain, celles-ci seront développées dans le reste du poème. Une allitération en « t », en « r », et en « k » : des sonorités rudes qui donnent à entendre la violence de la guerre. L’assonance en « i » (surtout présente dans le premier vers et qu’on retrouvera dans le deuxième quatrain) peu agréable évoque les cris des victimes de cette guerre civile.

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