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Commentaire du sonnet 92 Les Regrets, Du Bellay

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Par   •  20 Octobre 2017  •  Commentaire de texte  •  1 662 Mots (7 Pages)  •  4 089 Vues

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Sonnet 92 des Regrets

Beaucoup de sonnets composant le recueil des Regrets présentent une satire. Du sonnet 87 à 92, Du Bellay dresse la satire des artifices et du comportement féminin. Il se place ici dans l’héritage de Martial et Juvenal. Les sonnets 87, 88 et 89 évoquent la figure de la magicienne, de l’enchanteresse ; séduisantes, elles cachent une menace de mort. Le substantif « séductrice » vient du verbe latin « seducere » qui signifie conduire loin du chemin de la droiture. La séductrice détourne du chemin par des artifices, par la magie. Les sonnets 90, 91 et 92 renvoient au thème du maquillage, du travestissement qui sont liés chez Du Bellay à des attitudes ontologiques. Plus précisément, ces poèmes expriment le dégoût provoqué par la surcharge d’artifice dans le visage et le corps. Le sonnet 92 vient établir une rupture dans cette série puisqu’il n’est plus question de figures mythologiques féminines mais de courtisanes romaines. Les mythes laissent place au quotidien romain le plus trivial. Le poème se présente comme une adresse mais elle est plus tardive qu’au sonnet 87, 89 et 90. L’évocation des moeurs légères des courtisanes (qui représentent un huitième de la population romaine) se clôt sur un nom qui est soit celui d’une prostituée soit celui du sieur de La Cassaigne qui, avant d’être gouverneur de Lectoure, séjourna à Rome. Comment l’auteur mêle-t-il l’art poétique et littéraire à une satire piquante et crue ? Nous verrons dans un premier temps que ce sonnet français nous livre un portrait de la courtisane romaine au XVIe siècle. Puis, nous évoquerons la dynamique satirique du texte. Enfin, nous montrerons que la satire est celle d’un poète exilé à Rome et dont le style est sans complaisance.

Le portrait occupe une place de taille dans le sonnet 92, présent dans les dix premiers vers, il donne lieu à une description précise de la courtisane.

Ce portrait remplit plusieurs fonctions : référentielle, symbolique et esthétique. Il a pour but de permettre au lecteur de se forger une idée précise du personnage, de le visualiser en le rendant vraisemblable. Il montre la portée sociale, morale ou psychologique d’un personnage. Enfin, il offre une galerie de personnages beaux ou laids selon les critères esthétiques de l’époque.

Du Bellay dresse le portrait de la courtisane à Rome au XVIe siècle. Sur une population stable de près de 80 000 habitants à cette époque, le nombre des prostituées est évalué à 10 000, ce qui est considérable par rapport aux autres grandes villes d’Europe. Ainsi, un huitième de la population romaine vit de la prostitution. Le premier quatrain comporte une description physique du personnage. Le poète évoque la chevelure bouclée de la courtisane, les sourcils que l’on devine arqués, le visage maquillé de « blanc » et « vermeil ». Le second quatrain et la moitié du premier

tercet renvoient aux habitudes, à la moralité, psychologie, sentiments et comportements de la Page "1 sur 4"

courtisane. Le poète montre l’instabilité de la courtisane au vers 5 : « Aller de nuit en masque, en masque deviser », et la légèreté de son être aux vers 6 et 7 « Se feindre à tout propos être d’amour saisie, / Siffler toute la nuit par une jalousie ». L’énumération présente du vers 9 au vers 10 renvoie aux habitudes de la courtisane « Baller, chanter, sonner, folâtrer dans la couche, / Avoir le plus souvent deux langues en la bouche ». Du Bellay semble faire allusion à l’oeuvre Amores et au « Baisers de Faustine » : « quand dans nos bouches humides nos langues vont et viennent » vers 7 et 8.

Dans les deux quatrains le portrait est statique puis il devient dynamique dans le premier tercet et plus précisément aux vers 9 et 10. Le portrait suit alors une certaine logique : la figure est d’abord figée puis elle prend part au mouvement, appuyé lui-même par des verbes d’actions tels que « baller, chanter, sonner ».

La structure du portrait est singulière. On a une énumération de propositions infinitives qui s’étend sur 10 vers : « se friser », « Se pincer », « Parfumer », « Aller », « Se feindre », « Siffler », « favoriser », « Baller, chanter, sonner, folâtrer », « Avoir ». Puis, on a la proposition principale au vers 11 : « Des courtisanes sont les ordinaires jeux. ». On a d’abord une structure énumérative puis une structure attributive avec « sont les ordinaires jeux » qui fonctionne comme un résumé des vers 1 à 10. On parle en stylistique d’une anaphore résomptive. Ainsi, on ne peut pas s’arrêter aux deux premiers quatrains, on a un mouvement qui s’arrête à la fin du vers 10. Puis on a aux vers 13 et 14 l’apparition du dialogisme habituel chez Du Bellay « Si tu les veux savoir (Gordes) et si tu veux / En savoir plus encore, demande

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