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Commentaire de texte du portrait de Javert, Les misérables, Victor Hugo

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Par   •  12 Mars 2017  •  Commentaire de texte  •  1 650 Mots (7 Pages)  •  8 196 Vues

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La lutte du bien et du mal chez Victor Hugo est une thématique constante. Dans Les Misérables elle prend la forme particulière d'un conflit entre la conscience et la loi : c'est ce qui produira en Jean Valjean la fameuse "tempête sous un crâne", le dilemme entre l'honnêteté redoutable d'un aveu et la tranquillité du mensonge. La loi des hommes trouve son incarnation dans un personnage aux allures maléfiques, celui qui ne cessera de poursuivre les héros (Jean Valjean, Cosette, Marius) le policier Javert. Son portrait est en soi un tour de force : par quel jeu d'antithèses et de contrastes Hugo parvient-t-il à doter un être sans défaut apparent d'une image sombre ? On le verra en observant le trompe l'œil constant que nous dessine le romancier. L'étude de son art de peintre subtil et nuancé, permettra également de faire apparaître une dimension critique dissimulée derrière une vision qui aurait pu passer pour élogieuse.

I. Un portrait en trompe l'œil

A. V.H. nous offre de Javert une image négative par accumulation de notations péjoratives... Tout d'abord un être non humain "quand Javert riait, ce qui était rare et terrible...". Depuis Rabelais, on sait que le rire est "le propre de l'homme". L'adjectif "terrible" confère à la notation un tour diabolique, accentué par les sonorités. Cet éloignement de l'humain se traduit par des images comme celle de l'animalité : "comme sur un mufle de bête fauve", "un dogue", "un tigre". La métaphore d'un outil perçant : "son regard était une vrille. Cela était froid et cela perçait". Javert devient une sorte d'abstraction impersonnelle, une allégorie vivante : "c'était le devoir implacable..." " toute la personne de Javert exprimait l'homme qui épie..." "toute sa vie tenait en deux mots : veiller et surveiller". Hugo met aussi l'accent sur le sentiment d'aversion qu'il suscite : par sa laideur "Du reste peu de crâne, beaucoup de mâchoire" "nez camard avec deux profondes narines vers lesquelles montaient sur ses deux joues d'énormes favoris" " ses yeux qui se perdaient sous ses sourcils". Par le malaise qu'il provoque : "malheur à qui tombait sous sa main !". Ce malheur tient à une forme de proximité avec l'enfer : "il partageait pleinement l'opinion de ces esprits extrêmes qui attribuent à la loi humaine je ne sais quel pouvoir de faire ou, si l'on veut, de constater damnés et qui mettent un Styx au bas de la société". Le rapport avec le policier Javert avec la loi comme instance de châtiment le rapproche d'une divinité infernale.

B. Ce portrait repose sur d'incontestables qualités. Hugo n'a pour décrire ses principes d'actions que des termes mélioratifs. Javert est empli de la loi : "le respect de l'autorité". Son rôle social repose sur une foi "il enveloppait dans une sorte de foi aveugle et profonde tout ce qui a une fonction dans une l'Etat" "il y avait la conscience de son utilité, la religion de ces fonctions". Le champ lexical du mysticisme renverse ici la thématique diabolique précédente. Une vertu "cette sorte de satisfaction intérieure que donne la vertu". Egalement sérieux "il était stoïque, sérieux, austère". Une vie dénuée de défauts "il n'y avait aucun vice" "à ses moments de loisir, [...] il lisait" "cet homme était composé de deux sentiments très simples et relativement très bons". Des caractéristiques toujours doubles. Une image toujours dédoublée, à deux faces (une face humaine et l'autre...?) : "le respect de l'autorité // la haine de la rébellion" "il était stoïque, sérieux, austère // rêveur triste" "humble et hautain" ; " Javert sérieux était un dogue, lorsqu'il riait c'était un tigre". Il est "l'homme qui épie et qui se dérobe".

II. Victor Hugo, écrivain romancier, poète - et dessinateur révèle dans ce portrait tout sin art de peintre.

A. Cet art se caractérise par la précision du détail : "peu de crâne, beaucoup de mâchoire", le raccourci de l'expression "nez camard, avec deux profondes narines" révèle des traits marquants renforcés par la comparaison avec "deux forêts et ses deux cavernes" ; Hugo s'attache aux "lèvres minces", aux "dents, gencives" " les cheveux cachant le front et tombant sur les sourcils" ; le personnage est dessiné de la caricature. "On ne voyait pas son front qui disparaissait sous son chapeau, on ne voyait pas ses yeux qui se perdaient sous ses sourcils on ne voyait pas son menton qui plongeait sous sa cravate on ne voyait pas ses mains qui rentraient dans ses manches".

B. Le poète se montre habile à manier les images : "ces deux forêts et ces deux cavernes désignent ses narines" ; on voit entre ses yeux "un plissement épaté et sauvage comme sur un mufle de bête fauve" ; "un froncement central permanent comme une étoile de colère" ; " son regard était une vrille" ; "il avait introduit la ligne droite dans ce qu'il y a de plus tortueux au monde" ; "Brutus dans Vidocq" ; "la police comprise comme des Spartiates comprenait Sparte".

C. Sa voix se caractérise par la recherche d'une rythmique

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