LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Commentaire de la nouvelle Gobseck d'Honoré Balzac

Mémoire : Commentaire de la nouvelle Gobseck d'Honoré Balzac. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  29 Mars 2015  •  5 207 Mots (21 Pages)  •  3 926 Vues

Page 1 sur 21

Balzac : Gobseck, 1830

Ce que montre Balzac dans son oeuvre c’est l’homme, tout l’homme. L’homme enfermé dans ses excès et dans ses passions.

Les sujets abordés par le roman balzacien choquent par leur aspect vulgaire « le bon goût » d’une bourgeoisie en mal de légitimité sociale. Il parle aussi bien du peuple, que du travail, de l’argent ou du plaisir. « Tout se paie » avertit lucidement Gobseck. Pour ce corsaire parisien, l’argent doit être, à l’inverse d’un Grandet qui l’immobilise, « en perpétuelle activité » au service des désirs de celui qui le possède. Le roman balzacien parle également du luxe lourd, cher et clinquant, des objets quotidiens, du corps, de la maladie, de la sexualité, de l’adultère, de la vie de tous les jours, de la nourriture, des paysages français, des magasins, des vêtements, de la famille, des loisirs. Et de Paris, la ville qui résume toutes les autres, la ville lumière, la ville enfer fascinante comme le péché.

Balzac est le représentant indépassable de cette littérature. L’ère moderne engendre de nouveaux modèles de réussite, de nouvelles valeurs. C’est la vie sociale qui change le caractère des hommes écrit-il en sociologue pertinent. Jeunes, ils sont naïfs, purs, bons. Adultes ils deviennent cyniques et égoïstes. La majeure partie de ses romans illustrent ce constat.

Au temps de Balzac un écu valait 3 francs. L’argent et les fêtes données pour le célébrer corrompaient les derniers cercles où s’était réfugié l’esprit de caste de l’aristocratie.

Gobseck illustre bien cette lecture de son œuvre. Un personnages en est les héros, un personnage habité par le désir de la possession matérielle, hantés par le besoin, qu’on croirait vital, de l’accumulation de la richesse, de l’or. Mais un personnage moins monolithique qu’il ne paraît.

L’argent est représenté par les banquiers et les spéculateurs (Nucingen, Rastignac), les usuriers (Gobseck, Gigonnet), les industriels et les commerçants (Crevel, Birroteau).

Gobseck ou Les Dangers de l’inconduite (Scènes de la vie privée).

Publié en 1830 avec d’importants rajouts en 1835. Gobseck est une des cellules mères de La Comédie Humaine. C'est une longue nouvelle dont le héros est un usurier. Elle est racontée par Derville, un des avoués les plus probes de La Comédie Humaine. Ce petit roman déroule des éléments factuels qui nous permettent de le situer dans le temps. Ainsi nous apprenons que Gobseck, le personnage principal, est né vers 1740. - il est majeur dit-il depuis 1761. Il meurt à 89 ans.

L’histoire commence donc vers 1816, c’est à dire au début de la première Restauration, celle de Louis XVIII.

Dans le Père Goriot, qui se déroule pendant l’hiver 1819/1820, la relation amoureuse de Mme de Restaud et Maxime de Trailles est à son zénith.

En 1818/1819, Derville a 25 ans. Il est en train d’entrer dans la vie active, ses études de droit terminées. C’est pendant cette période qu’il obtient une aide financière de Gobseck pour l’achat d’une étude de notaire.

A la mort de l’usurier Derville nous apprend qu’il le connaît depuis 16 ans.

L’intrigue qui décrit la psychologie d’un usurier aborde également les ravages de l’adultère d’une manière très crue (épisode de la fouille de la chambre mortuaire). Le récit est fait, rappelons le, par un notaire. Ce dernier le raconte un soir après une heure du matin à son hôtesse, Madame de Granlieu, une influente vicomtesse qui habite « le noble faubourg », le Faubourg Saint Germain où réside la noblesse de souche. Mme de Granlieu est riche et son nom est ancien. L’histoire de Gobseck est dite là, c’est à dire au sommet de la pyramide aristocratique parisienne. Derville, qui fut l’un des protagonistes du drame, peut donc informer son hôtesse en toute connaissance.

Il faut savoir, et Balzac nous le rappelle dès le début de la nouvelle, que Derville avait obtenu, en tant qu’avocat, la restitution des biens de cette illustre famille que la révolution de 1789 et le Premier Empire avaient confisqués.

Homme probe, savant, travailleur, modeste, l’avoué Derville n’a jamais profité de ses succès dans les procès qu’il a intenté pour se faire valoir dans le grand monde. C’est ce qui a plu à Madame de Granlieu et explique l’estime dans laquelle elle tenait Derville. Pour Balzac, Derville n’avait « pas une âme d’avoué » : c’est à dire qu’en réalité il en avait une. De celles que l’on admire.

Derville cependant sentait bien que si la mère l’affectionnait, la fille, le jeune Camille de Granlieu amoureuse d’Ernest de Restaud, montrait à son endroit « plus d’égards que d’amitié et plus de politesses que se sentiments. »

Dès les premières pages, Balzac nous brosse un portrait de Gobseck, personnage autour duquel se déroule l’histoire, qui résume toute sa psychologie.

Jean Esther van Gobseck après avoir déversé le trop plein de sa jeunesse dans des aventures extrêmes devient dans son âge mûr partisan de l’économie vitale pour durer. Bouger le moins possible c’est vivre le plus longtemps possible. Il donne l’exemple de Fontenelle qui a, dit-on, vécu de la sorte jusqu’à cent ans.

Du lever au coucher du soleil ses actions sont régulières, programmées pour éviter toute dépense inutile. Derville est frappé par le fait qu’il n’élève jamais la voix. Il s’arrête de parler dès qu’un bruit vient perturber sa parole.

Il habite rue des Grès, aujourd’hui rue Cujas, entre la rue Saint Jacques et le Boulevard Saint Michel, un quartier à l’époque socialement déclassé

La maison qu’il occupe et lui se ressemblent, est-il noté. Ils ont le même air : sobre, sombre et propre. On aurait dit, écrit Balzac, l’huître et son rocher.

L’appartement où il vit est humide. En y entrant toute gaîté s’effaçait, mais pas seulement à cause de la tristesse du lieu.

Gobseck a une face lunaire, des cheveux gris cendrés, toujours bien peignés, un visage de bronze, des yeux jaunes « comme ceux d’une fouine », sans cils, et craignant la lumière à cause de cela, des lèvres minces comme ceux des « vieillards peints par Rembrandt. » Fils naturel d’une juive de Hollande, il est l’un des rares parents de la « la Belle Hollandaise » - assassinée dans un hôtel borgne de Paris. Gobseck confie à Derville en souriant pour expliquer l’absence

...

Télécharger au format  txt (30.9 Kb)   pdf (262.6 Kb)   docx (22.1 Kb)  
Voir 20 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com