Réponse De Mme De Berny à M. Honoré De Balzac (imaginée)

Lettre à M. Honoré de Balzac, avril 1822

Votre déclaration d’amour m’avait comblé de sentiments agréables, j’ai eu l’impression de m’envoler très haut dans le ciel, là où il n’y a que des anges. Vos mots m’ont ramené vers un passé lointain, vers mon jeune âge, je les lisais et relisais. Parfois même, je me levais en plein milieu de la nuit pour me mettre sûre que votre lettre est bien enfermée dans ma boîte à bijoux.

Vos sentiments ? Je n’en doute point, ils sont chastes et sincères, mais souffrez que je suis à l’âge de votre mère. Puis-je donc vous offrir mieux qu’un amour maternel ? Vous qui êtes jeunes, vous qui avez le cœur qui s’ouvre et se serre très vite, trop vite.

Aujourd’hui, votre amour est une vérité, mais sachez que demain, ce serait une erreur, Votre cœur lancera une nouvelle conquête à la recherche d’une jeune femme, à la recherche d’un printemps, à la recherche d’un amour qui soufflera la vie dans vos veines gelées par l’hiver, mon hiver. L’idée de vous ôter votre jeunesse me chagrine, elle me torture.

Ne me croyez pas à l’abri de la désolation, la souffrance et la mélancolie, je veille des nuits et des nuits, et dans l’obscurité et la solitude, je vois clairement que me vaut souffrir pour un amour naissant que de donner vie à un amour condamné à être éphémère, Non pas à cause de vous, mais bien à cause de moi.

En lisant mes mots, vous auriez dit que je vous console, vous auriez donc tort, car, à travers ma lettre, je me cherche une consolation pour moi-même. Je souffre votre absence, votre présence m’aurait sans doute infligé, je ne trouve la paix nulle part. Que le bon dieu ait pitié de moi, de toi, de nous. Que le paradis nous réunisse un jour, là où l’hiver devient printemps, là où le printemps reste pour toujours printemps. Adieu !

Laure de Berny.

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