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Commentaire de la fable le bassa et le marchand, La Fontaine

Fiche de lecture : Commentaire de la fable le bassa et le marchand, La Fontaine. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Juin 2016  •  Fiche de lecture  •  1 791 Mots (8 Pages)  •  13 016 Vues

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« Le bassa et le marchand », La Fontaine.

Axe 1 – Cette fable est-elle vraiment orientale ?

  1. Cette fable fait écho à l’empire Ottoman avec les termes « Bassa » et « Turcs». Ces termes sont mis en avant par des répétitions, par la majuscule qu’ils portent et leur emplacement à la césure comme au vers 3.  L’interpellation à «Mahomet» est une allusion à la religion musulmane. Au XVIIème siècle, la France a vent de la culture de l’Empire Ottoman notamment grâce à l’essor des relations commerciales et diplomatiques entre les ottomans et les nations européennes. La mode orientaliste a tôt fait de s’emparer des arts qui s’inspirent notamment de la civilisation turque. Les œuvres ayant trait à la culture turque étaient alors qualifiées de turqueries. Elles pouvaient aussi bien traduire la fascination des européens pour l’orientalisme que révéler une intention burlesque vis-à-vis de cette mode. La comédie Le Bourgeois gentilhomme de Molière est un exemple d’œuvre qui tourne en dérision la culture turque. Cette pièce sonnait d’ailleurs comme une vengeance de Louis XIV qui garda un goût amer de la venue en son royaume de l’ambassadeur Soliman Aga qui resta de marbre devant les fastes de la cour du Roi Soleil.

  1. Malgré les références à l’Empire Ottoman, le cadre spatio-temporel reste flou dans cette fable. Les expressions «l’autre monde» et « en certaines contrées » sont construites avec un déterminant indéfini et sont imprécises. Les références temporelles sont quant à elles absentes. En ce qui concerne les personnages, ils ne sont évoqués que par leur nationalité. Autrefois, l’Empire ottoman était majoritairement présenté comme un régime autocratique, despotique, cruel et barbare.  Au XVIIème siècle, être qualifié de « vrai Turc » était une injure et dans de nombreuses œuvres, notamment au siècle des Lumière, les Turcs incarnaient la figure du Tyran. Dans De L’esprit des lois, Montesquieu dresse un tableau du régime autoritaire Turc pour mieux mettre en lumière les travers du régime français. Le philosophe révèle également la barbarie des turcs dans l’annexe des Lettres Persanes.  Dans la fable «  Le bassa et le marchand turc », La Fontaine offre une vision assez noire de l’Empire Ottoman avec notamment un champ lexical de l’obscure, de la violence («breuvage », « poison », « trafiquants », «venger ») et l’expression dépréciative «ces gens».

Néanmoins La Fontaine dénie certains aspects négatifs de la culture ottomane, cette vision est donc à nuancer. Le bassa ne choisit pas la brutalité mais sollicite l’intelligence du marchand Grec comme en témoigne l’impératif « Ecoute moi ». Un lexique de la bienveillance (« Ami », « confiance », « protecteur ») vient s’opposer à l’isotopie de la violence.

Le bassa commence son discours sur un ton paternaliste avec le terme « ami » qui permet de ne pas brusquer son interlocuteur, de lui inspirer confiance. La raison est mise en avant par des rejets tels qu’au vers 35. La figure d’Alexandre est d’ailleurs aussi valorisée par un rejet.  

 - Le terme « quant » marque un raisonnement, un enchainement logique des idées, une capacité d’abstraction et crée un effet d’antithèse entre la violence et la raison.

 -  La conjonction d’opposition « mais » vient révéler l’indépendance d’esprit du bassa qui fait preuve de recul en considérant que le marchand n’est pas à mettre dans le même sac que les trois turcs.    

   

  1. Cette fable est intemporelle et universelle. Plusieurs nationalités sont évoquées et aucuns marqueurs temporels ne sont pas présents. De plus, si la première fable se déroule au cœur de l’Empire Ottoman, la seconde dégage un effet de généralisation de par les allégories des animaux qui représentent les personnages.  Dans cette fable, l’orientalisme est de surface. Pour faire du commerce international, il faut des appuis locaux qui aient de l’influence, du pouvoir et que l’on rétribue.

 Les rimes significatives « appuyait » avec « payait » soulignent les conventions du    commerce, les accords passés, les transactions.

  •  L’isotopie du soutien (« l’appuyait », « protecteur » et « support commun ») vient renforcer l’importance d’être épaulé par des personnes extérieures à sa nation pour faire rayonner son commerce à l’international.
  • Enfin, un « Bassa » est un haut dignitaire turc. Il a donc beaucoup de poids dans ses relations.

Cette loi économique est intemporelle et universelle. Par exemple, la famille de la protectrice de La Fontaine, madame de la Sablière, pratiquait du commerce avec l’Orient.

Axe 2 – Une fable double.

  1. « Le marchand et le bassa » est une fable double. Le premier apologue se déroule du vers 1 à 36 et respect le schéma narratif :

- La situation initiale est exposée du vers 1 à 5

- L’élément perturbateur est annoncé du vers 6 à 10

- Les péripéties s’enchainent du vers 11 à 21

- L’élément de résolution apparait au vers 36

- « Le Grec le crut » constitue la situation finale.

-  La Fontaine emploie des temps variés (imparfait « l’appuyait », « le payait » etc. ; futur simple          « préviendront » ; présent de l’indicatif « je te crois » ; gérondif « Les prévenant » ; passé simple « il s’en alla » ; impératif présent « Ecoute-moi »)

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