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Commentaire, Phèdre, Racine, acte V, scène 7 La mort de Phèdre.

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Par   •  1 Novembre 2022  •  Commentaire de texte  •  2 574 Mots (11 Pages)  •  464 Vues

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Commentaire, Phèdre, Racine, acte V, scène 7 La mort de Phèdre.

Dans la scène précédente du même acte, Théramène a annoncé à tous, et notamment à Thésée, qu’Hippolyte était mort en héros, condamné par Thésée. La douleur du père éclate dans la scène suivante mais Thésée veut rester dans l’ignorance et veut croire que son fils était bien coupable d’avoir voulu séduire Phèdre. Il serait en effet trop douloureux pour lui de l’avoir condamné alors qu’il était innocent. Mais Phèdre ne veut pas laisser Thésée dans l’ignorance et annonce dans trois vers terribles qui précèdent sa dernière tirade : « Non, Thésée, il faut rompre un injuste silence : / Il faut à votre fils rendre son innocence / Il n’était point coupable. » Et lorsque Thésée veut l’interrompre, elle reprend pour finir son aveu avant que la mort l’emporte puisqu’elle s’est empoisonnée juste avant la scène 7. L’extrait qui suit est donc la dernière tirade de Phèdre, celle qui rend son honneur à Hippolyte, et à Phèdre par la même occasion, et achève la tragédie.

En quoi la mort de Phèdre plonge-t-elle le lecteur/ spectateur dans la tragédie ?

  1. V1 à 13 l’aveu final, honnête enfin mais tardif.

  1. V1 à 7 L’aveu glaçant

Phèdre, qui a gardé le silence pendant toute la pièce, et qui a ainsi condamné Hippolyte, parle enfin et elle coupe même la parole à Thésée au début de sa tirade pour aller jusqu’au bout de son aveu : celui qui rendra son honneur à Hippolyte et qui lui rendra, à elle aussi, son honneur. La première partie de l’hémistiche du vers 1 met en avant l’urgence de la situation « Les moments me sont chers ». Le spectateur comprend alors, implicitement, que Phèdre est condamnée et cela donne à ses paroles une importance très solennelle. La double césure encadre l’impératif qui suit « écoutez-moi », et met en avant l’urgence du discours et son importance fondamentale. La fin du vers est une adresse à Thésée, car c’est à lui avant tout que s’adresse l’aveu. Il est mis à la rime avec la réplique précédente de Thésée et avec les termes :

« infortuné », « condamné » et « excusée » pour mettre en avant l’horreur de la situation   pour Thésée et la situation de Phèdre, qui ne cherche pas à être excusée, mais bien à rétablir la vérité. Le vers deux s’ouvre par la formule emphatique « C’est moi qui » qui met en avant la culpabilité de Phèdre. Elle s’accuse directement et appuie sur cette accusation tandis qu’elle rend à Hippolyte les qualités qu’il a toujours eues mais qu’elle lui a retirées par son silence coupable. Les deux adjectifs épithètes qui qualifient Hippolyte, dont Phèdre met en avant la filiation avec Thésée en l’appelant non par son nom mais par sa qualité de fils, sont mélioratifs : « chaste » et « respectueux ». Le terme « respectueux » est d’ailleurs mis encore plus en avant par la lecture en diérèse du groupe vocalique « u/eux ». Le vers 3, où Phèdre parle d’elle-même, s’oppose au vers précédent pour accentuer encore sa culpabilité : aux termes « chaste » et « respectueux » s’opposent les termes qu’elle attribue à son œil, vecteur de l’amour coupable de Phèdre : « profane » et

« incestueux ». Comme pour « respectueux », le groupe vocalique « u/eux » d’ « incestueux » se lit en diérèse ce qui permet d’opposer encore plus visiblement Hippolyte et Phèdre. Mais Phèdre n’est pas la seule coupable et si son aveu lui rend son honneur d’héroïne tragique, la culpabilité d’autres personnages également. Aux vers 4 et 5, ce n’est plus Phèdre le sujet de ses actions, ce sont les dieux et OEnone. Il s’agit de mettre en avant la fatalité tragique qui pèse sur Phèdre : elle est coupable d’avoir laissé accuser Hippolyte par son silence, et elle l’avoue, mais elle n’est pas coupable de l’amour qu’elle a ressenti pour lui, ni du mensonge d’OEnone. Le vers 4 « Le ciel mit dans mon sein une flamme funeste » met en avant la

culpabilité des dieux, qui se cachent derrière le terme « le ciel » et l’allitération en « s » insiste sur la perfidie de cet amour dont elle n’est pas coupable. Cela fait écho à ce que Phèdre a dit à OEnone lorsqu’elle lui a avoué son amour pour Hippolyte : c’est Aphrodite (ou Vénus) qui l’a perdue, comme elle a perdu toutes les femmes de sa famille. (acte I, scène 3 « Puisque Vénus le veut, de ce sang déplorable/ Je péris la dernière et la plus misérable. ») Il s’agit d’une fatalité tragique qui pèse sur elle, et qui la rend excusable de l’amour incestueux qu’elle a ressenti. Elle peut donc accéder au rang d’héroïne tragique puisqu’elle garde un certain honneur, une certaine innocence dans sa culpabilité. De plus, un deuxième coupable est désigné : Phèdre a gardé le silence, un silence coupable certes, mais elle n’a rien dit contre Hippolyte. C’est OEnone qui a menti v5 « La détestable OEnone a conduit tout le reste. » L’adjectif épithète antéposé « détestable » est mis en avant par sa place avant le nom qu’il complète et il insiste sur l’ignominie d’OEnone, ce qui rend Phèdre moins coupable car elle n’a pas agi contre Hippolyte, elle a passivement accepté, ce qui est moins grave et ce qui permet à Phèdre d’être également une victime dans la pièce. Les vers suivants ont toujours OEnone pour sujet v6-7 « Elle a craint qu’Hippolyte, instruit de ma fureur, / Ne découvrît un feu qui lui faisait horreur. » Ils mettent encore en avant la culpabilité d’OEnone, la rendant sujet de l’action, mais également l’innocence d’Hippolyte. En effet, « fureur » et « horreur » sont à la rime et ils montrent d’un côté l’amour coupable de Phèdre et de l’autre la réaction très saine d’Hippolyte. Cette fois, ce ne sont plus Phèdre et Hippolyte qui sont opposés, mais OEnone et Hippolyte, ce qui insiste sur la culpabilité partagée aussi par OEnone.

  1. V8 à 13 L’explication à Thésée

L’accusation contre OEnone se poursuit aux vers suivants lorsque Phèdre explique toute l’histoire à Thésée. Elle utilise un terme encore une fois péjoratif pour la désigner au vers 8, mis en avant par la césure décalée qui intervient juste après ce terme « La perfide ». Les vers 8 et 9 sont en enjambement et mettent encore en avant la culpabilité d’OEnone, ils insistent également sur le fait que Phèdre est aussi une victime, du sort, et d’OEnone : « La perfide, abusant de ma faiblesse extrême, / S’est hâtée à vos yeux de l’accuser lui- même. » L’allitération en « s » est de nouveau utilisée pour insister sur la perfidie d’OEnone. La suite de l’explication de Phèdre poursuit la résolution de la pièce : l’une des coupables est morte et c’est Phèdre qui a permis cela, comme pour expier une partie du crime commis contre Hippolyte v10-11 « Elle s’en est punie, et fuyant mon courroux, / A cherché dans les flots un supplice trop doux. » Une tragédie doit se terminer par un retour au calme pour permettre au spectateur d’opérer une réelle catharsis et les coupables doivent donc être punis. La première à être punie, puisqu’elle est aussi coupable, c’est OEnone. La punition vient d’elle-même, le verbe réflexif « s’en est punie » le montre dans le 1er hémistiche, mais la suite du vers, le deuxième hémistiche, montre également que c’est Phèdre qui a précipité la mort d’OEnone car elle fuyait sa colère. D’ailleurs, le châtiment est considéré comme trop doux par Phèdre : elle oppose la douceur de ce châtiment à la violence de sa colère car les termes « courroux » et « doux » sont à la rime. La deuxième qui doit être punie (on ne punit pas les dieux, même s’ils sont responsables), c’est Phèdre. Et, alors qu’elle termine d’expliquer l’horreur à Thésée, Phèdre parle de son châtiment : v12-13 « Le fer aurait déjà tranché ma destinée ;/ Mais je laissais gémir la vertu soupçonnée. » La métonymie « le fer » insiste sur la violence du châtiment que Phèdre se réservait : se tuer à l’aide d’une épée. Le fait d’insister sur le matériau qui compose l’épée rend l’action encore plus froide, plus violente. Ce châtiment imaginé fait écho                 à la mort qu’elle a voulu s’infliger lorsqu’elle a avoué son amour à Hippolyte et qu’elle lui a demandé de la transpercer avec son épée. (acte II scène 5 « Au défaut de ton bras prête-moi ton épée. ») Le vers 13 cependant commence par la conjonction de coordination d’opposition « mais » qui explique pourquoi Phèdre est toujours en vie : avouer et rendre à Hippolyte son honneur bafoué. L’assonance en « è » du vers  met en avant la plainte, de Phèdre, mais surtout de l’innocent accusé à tort et qu’il faut réhabiliter. Ainsi, le fait que Phèdre soit toujours vivante l’honore : elle ne vit pas par lâcheté, elle vit pour s’accuser aux yeux de tous et rendre son innocence à Hippolyte, alors que rien ne l’y obligeait. Elle retrouve ainsi, par son aveu, son rôle d’héroïne tragique.

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