Commentaire "Antigone" de Jean Anouilh

Après Sophocle, Jean Anouilh reprend le mythe d'Antigone. L’intrigue de cette tragédie tient sur la fille d'Oedipe, la jeune Antigone est en révolte contre son oncle, le roi qui interdit d'enterrer le corps de son frère Polynice. Présentée sous l'Occupation, en 1944, l'Antigone d'Anouilh met en scène l'absolu d'un personnage en révolte face au pouvoir, à l'injustice et à la médiocrité. Dans cet extrait, nous avons assisté à un échange entre Antigone et sa sœur Ismène, nous pouvons ainsi nous questionner sur en quoi Jean Anouilh, à travers ce dialogue banal entre ces sœurs qui s’aiment, nous reflète-il leur désaccord et le sort tragique de Antigone ? Ce problème sera analysé sous deux angles, d'abord la relation de ces deux sœurs, puis la détermination et le destin tragique de Antigone.

Dans cette scène, Jean Anouilh fait de ces deux sœurs des sœurs bien différentes dès qu'elles sont petites. En premier lieu, c’est une figure d’insistance qui permet de nous faire remarquer cette différence. Par exemple, le mot “cheveux” est répété quatre fois dans la bouche de Antigone. En effet, on constate que Antigone insiste sur les cheveux de Ismène, on peut supposer que Antigone fait une comparaison avec les cheveux “lisses” et “bien ordonnées” de Ismène contre ses cheveux désordonnées, et que Antigone, différente de sa soeur qui ne “pense pas de bêtise”, n’est pas obéissante ni docile à son oncle.

D’autre part, l'attitude amicale entre les deux sœurs se manifeste par l’utilisation de la phrase interrogative “Tu es malade ?” L.1 montre l’inquiétude de Ismène envers sa sœur. Réciproquement, l’impératif “Il faut que tu dormes” L.4 montre que Antigone s’inquiète également pour sa sœur. Puis, on observe la répétition de la didascalie de Antigone qui “sourit” deux fois. Ainsi, on voit que Antigone tient une relation paisible avec Ismène.

Enfin, c’est une gradation qui permet à Antigone de déverser toute sa réticence à l’idée de quitter sa sœur. En effet, pendant leur enfance, Antigone lui “barbouillait de terre” ; "mettait des vers dans le cou” ; “attachée à un arbre” ; “coupé tes cheveux” L.7-8. Antigone revient sur des mauvaises choses qu’elle avait faites à sa sœur à leur plus jeune âge, on peut supposer un aveux, Antigone souhaite s’excuser auprès de sa sœur avant qu’elle la quitte. De plus, on remarque la répétition de la didascalie de Antigone qui "caresse les cheveux” de sa sœur. Par ce geste, Antigone montre sa réticence à quitter sa soeur, elle souhaiterait la caresser plus pendant qu’elle est encore en vie

En effet, Antigone se montre attachante à sa sœur car un destin tragique l’attend.

Dans ce texte, Antigone annonce sa mission. Celui d’aller enterrer le corps de son frère Polynice. Ici, c’est l'irréel du passé qui nous montre l’aspect tragique : “j’aurais bien voulu ne pas mourir” L.24. De ces paroles, on comprend que c'est une mission de Antigone, elle est déterminée à le faire , au prix de sa vie, c’est le destin implacable de Antigone.

Cependant, Ismène

...