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Camille Maupin

Mémoire : Camille Maupin. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Avril 2012  •  3 960 Mots (16 Pages)  •  1 837 Vues

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Introduction

Le présent travail traitera de Félicité de Touches, Camille Maupin de nom de plume, figure inspirée de George Sand. Par son double prénom, Félicité et Camille, le narrateur annonce d'emblée au lecteur qu'il aura affaire à un personnage double qui se place entre les deux sexes.

Ce travail analysera d'abord ce personnage en tant que femme auteur, pour ensuite s'attacher aux ressemblances entre George Sand et Camille Maupin, mais aussi les contradictions qu'incarne Félicité des Touches à différents niveaux. Au niveau du genre tout d'abord, Félicité prend un pseudonyme masculin et est décrite à plusieurs reprises comme un homme. Contradiction également par rapport au monde traditionnel, catholique et royaliste de la Bretagne. Finalement, l'opposition qui existe entre Félicité et Béatrix, personnage éponyme du roman traité : elles se complètent l'une l'autre et ont chacune des traits de caractère antagonistes.

1. Camille Maupin, femme auteur

Camille Maupin, nom de plume de Félicité des Touches, est une des rares femmes auteur de son temps. En prenant un prénom masculin comme pseudonyme, Félicité veut être appréciée pour son talent, sans préjugés de genre, mais également se protéger du petit monde de Guérande et de la mentalité étriquée de son époque, qui en apprenant qu'elle est auteur, la mépriseraient.

Si nous ne parlons pas de femme écrivain mais bien de femme auteur, c'est que pour Balzac, ce ne sont pas deux termes synonymes et que Camille n'est pas un écrivain au même titre que le sont les hommes comme lui. Le talent d'auteur de Camille, n'est pas celui que le lecteur pourrait croire, il réside plus dans son art de manipulation que dans son écriture : « les romans que vous faites, ma chère, sont un peu plus dangereux que ceux que vous écrivez »1, disait Béatrix. En effet, c'est la façon de manipuler par son langage qui démontre la très bonne maîtrise du langage de Camille et non pas seulement le fait qu'elle écrive des romans et des pièces qui eurent du succès. Nous voyons Béatrix dire à Camille « je ne suis pas auteur : il m'est impossible de voir des idées dans des sentiments... »2. Béatrix énonce ici une distinction importante qui met en avant le fait qu'être auteur est habituellement réservé aux hommes : les femmes sont des êtres sentimentaux, tandis que les hommes sont des êtres plus terre-à-terre qui accordent plus d'importance aux faits et aux idées qu'aux ressentis. Les hommes sont placés du côté du savoir, les femmes du côté des sentiments.

Cette distinction nette entre le rôle de l'homme et de la femme sera plus explicitée dans la suite de ce travail, mais elle est significative pour Camille. Camille a voulut être homme par sa volonté d'indépendance, mais ça lui empêchera d'être femme.

À cause de cela, Camille finit par désavouer ses livres car ils l'ont empêché d'être aimable (dans le sens de se faire aimer), elle se considère à la fin comme perverse et audacieuse, et elle dit comprendre ce qu'elle doit être, comme toute femme : être « un enfant plein d'innocence »3. Les règles sociales traditionnelles sont donc prédominantes. Balzac, malgré son respect pour certaines femmes auteurs, pense que les femmes doivent rester dans le rôle imposé par la société.

« Camille Maupin fut le masque sous lequel se cacha pendant longtemps une charmante fille, très bien née, une Bretonne, nommée Félicité des Touches. (...) Camille Maupin, l'une des quelques femmes célèbres du dix-neuvième siècle, passa longtemps pour un auteur réel à cause de la virilité de son début. »4 Si Camille a pu passer pour un auteur réel, c'est par son côté homme, comme si, pour Balzac, une femme ne pouvait être un réel auteur.

2. Camille Maupin, double de George Sand ?

Camille Maupin et George Sand ont de nombreux points communs, et ce n'est pas une coïncidence. Balzac s'est pleinement inspiré de George Sand pour créer Camille Maupin. C'est d'ailleurs suite à une visite de six jours chez George Sand que Balzac décide d'écrire un roman inspiré de personnages réels (Marie d'Agoult, Liszt et George Sand).

Les références à George Sand dans Béatrix sont nombreuses et explicites, des indices clairs se trouvent dans le texte. Camille Maupin est citée comme l'égale de George Sand à plusieurs reprises (p. 97, 115, 133, 216), George Sand est présentée comme illustre écrivain et comme la rivale de Camille : « ouvrage de la célèbre rivale [George Sand] de Camille »5.

Ces deux femmes ont aussi un ordre renversé de la perception des choses : « ordinairement la femme sent, jouit et juge successivement ; (...) Pour Mlle des Touches l'ordre fut renversé ». Balzac, dans sa correspondance avec Mme Hanska, décrit cette même perception des choses à propos de George Sand.

Le lecteur peut également lire de Camille qu'elle n'est pas aimable, dans le sens qu'on ne pourrait l'aimer, propos tenu par Balzac à propos de George Sand dans une de ses nombreuses correspondances avec Mme Hanska6.

Toutes deux sont contre le mariage et anti-royalistes. Les trois premiers romans de Sand, Indiana, Valentine et Lélia sont des livres contre le mariage, ils sont une révolte contre les conventions sociales et le pouvoir masculin, ce qu'incarne Camille Maupin.

Au niveau physique, George Sand et Camille Maupin se ressemblent également. Elles sont toutes les deux petites, elles ont les cheveux bruns et la peau olivâtre. Au niveau moral, elles sont autodidactes (l'une, Camille, est orpheline et apprend seule, l'autre, Sand, a un précepteur), elles aiment la musique et la pratiquent, elles fument, aiment l'équitation, et s'habillent en homme. Il ne faut toutefois pas penser que George Sand s'habillait toujours en homme, et une des raisons de cette tenue vestimentaire est une raison économique : les tenues d'hommes étaient moins chères que les robes de femmes. La chambre de Camille Maupin est également remplie d'objets chers à Sand : une cravache, une pipe, une houka, des accessoires orientaux, elles ont le même goût oriental. Elles ont toutes les deux été confondues au début, de par leur pseudonyme, avec un homme, à cause de la virilité dégagée de leur œuvre. Balzac dit des deux qu'elles sont hommes et pas

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