Bilan lecture analytique n°1 Extrait Madame Bovary

1° Séquence 1 Mots et mets : quand le personnage se met à table

Lecture analytique n°1 G. Flaubert Madame Bovary 1857 : le souper au bal

Magnard p.110

BILAN du cours

I Un éblouissement : le dîner du bal vu par Emma

Début cf. cours

La mention du pain, symbole de partage qui évoque aussi la dimension presque sacrée (cf. eucharistie) de la cérémonie pour Emma – appuyée par la comparaison avec le bonnet d’évêque l. 9- déclenche une description des mets disposés sur la table (R : il s’agit d’une table dressée à l’ancienne comme sous l’Ancien Régime, où tous les plats étaient disposés sur la table dès le début du repas). L’attention d’Emma se focalise d’abord sur les pattes rouges des homards puis sur les fruits. On comprend que l’héroïne est frappée par l’abondance qui connote le luxe : les pattes dépassaient les plats, les fruits sont gros et s’étagent sur la mousse. La couleur des fruits n’est pas mentionnée mais le lecteur pourra l’imaginer à la fin du passage avec la précision sur les grenades (rouges) et les ananas (jaunes), fruits exotiques dont la nouveauté pour Emma (« Elle n’avait jamais vu » l. 34) confirme l’aspect extraordinaire du repas. Le lecteur peut également imaginer l’étonnement d’Emma devant les cailles servies avec leurs plumes l. 12, comme si les mets eux-mêmes devaient être en costume.

R : Il est remarquable que dans cette description minutieuse, il faille attendre la fin pour que soit donnée une indication gustative : c’est comme si l’héroïne, émerveillée par le spectacle de la table en oubliait de manger ! Le froid du champagne glacé fait d’ailleurs écho par contraste à la première sensation notée l. 4 : Emma était « enveloppée par un air chaud » ; à la fin du texte, « elle frissonna de toute sa peau ». Du début à la fin, les perceptions sensorielles sont intenses.

Un autre détail prouve que Madame Bovary vit ce moment d’une façon particulière : en effet, aucune mention n’est faite de paroles ou de conversations ; les convives sont pourtant nombreux mais c’est comme si l’héroïne n’entendait rien : Emma est impressionnée par le décorum comme le prouve la focalisation centrée non pas sur les invités - anonymes à l’exception des hôtes mentionnés par leur titre de noblesse l. 3 marquis/marquise - mais sur le maître d’hôtel. La description minutieuse du service de ce dernier vient clore le mouvement d’ensemble en un ballet parfaitement réglé et le lecteur soudain convoqué dans la phrase « le maître d’hôtel … faisait d’un coup de sa cuiller sauter pour vous » l. 15 peut attraper au vol un morceau de choix !

Transition : Grâce à une description menée selon le point de vue du personnage, le lecteur peut percevoir l’émerveillement d’Emma invitée à la table des aristocrates.

Pourtant, le lecteur n’adhère pas totalement à la vision du personnage, ne partage pas complètement son enthousiasme : en effet, les interventions discrètes mais incisives (= au fig tranchantes, blessantes) du narrateur produisent un décalage propice à une autre vision sur le repas et sur le personnage lui-même.

II Un diner de conte de fées ou la vision d’une midinette (= jeune fille à la sentimentalité naïve)

Une lecture attentive du passage permet de déceler plusieurs traces de l’ironie du narrateur qui ne semble pas partager l’émerveillement de son personnage :

- Ainsi, la vision du maître d’hôtel en costume suit-elle

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