Bernard-Marie Koltès, Le Retour au désert

Commentaire de texte : Bernard-Marie Koltès, Le Retour au désert

        Au XXe siècle, le théâtre est un lieu privilégié pour représenter l’affrontement et le conflit. A cette époque Bernard-Marie Koltès, dramaturge contemporain français, fait paraître sa pièce de théâtre Le Retour au désert, en 1988. Celle-ci repose sur l’affrontement entre un frère, Adrien, et sa sœur, Mathilde. Ses textes sont marqués par la violence des rapports humains et la cruauté de domination et d’exploitation. C’est ce que confirme notre extrait. Ici, pendant la guerre d’Algérie, Mathilde revient en France avec son fils dans le but de régler ses comptes et de récupérer la maison familiale. Une vive dispute l’oppose alors à Adrien devant les serviteurs, Aziz et Madame Queuleu. Nous pouvons donc nous demander comment cette forte opposition est marquée. Nous aborderons dans un premier temps les différentes mentalités qui oppose le frère et sa sœur. Puis dans un second temps nous analyserons cette scène de violence.  

        Tout d’abord, nous allons nous intéresser aux deux mentalités très différentes du frère et de sa sœur qui les opposent. C’est pourquoi nous observerons un homme de tradition, une femme déterminée et enfin une personne qui les oppose, leur père.

D’emblée nous pouvons remarquer que Adrien est un homme de tradition encré dans le passé, qui paraît important pour lui. Notamment dans sa réplique ligne 40 : « en mémoire de lui », on voit qu’il porte une importance particulière à la mémoire, il a le culte des ancêtres et notamment celui de son père. D’un autre côté, nous remarquons qu’Adrien est un homme rempli de préjugés, il a une vision sectaire des rapports hommes-femmes. Cette vision est marquée par la gradation ligne 9 : « Tu n’es qu’une femme, une femme sans fortune, une mère célibataire, une fille-mère, », on voit qu’il méprise totalement sa sœur et les femmes en général. On peut surtout relever « Tu n’es qu’une femme » qui souligne qu’il se place en position de supériorité par rapport à celles-ci.

Nous pouvons ensuite voir que Mathilde, contrairement à son frère, est, elle, tournée vers le futur. Cette volonté d’aller de l’avant et de ne pas rester dans le passé est notamment marquée par l’emploi du futur et de l’adverbe « Demain » ligne 38.  Elle montre également qu’elle est révoltée, elle oppose souvent le pronom « je » au « vous » qui montre qu’elle se sent seule contre tous. Mais malgré cela elle montre sa détermination par une amplification : « maison » ; « jardin » ; « ville » ; « ciel », qui illustre le fait qu’elle veut avancer et ne pas rester bloquée sur des éléments passés.

Enfin, l’opposition de la sœur et du frère est notamment marquée par un élément qui est leur père. Tous deux n’ont pas du tout le même sentiment vis-à-vis de celui-ci. D’un côté Adrien lui apporte une grande importance, on le remarque avec la répétition du mot « père » et également du substantif « mémoire ». On remarque qu’il porte encore de l’« amour » à son père qui semble ne plus être de ce monde. Alors qu’à l’inverse Mathilde ne ressent rien si ce n’est du dégoût. On relève le lexique de la saleté avec « salie », « salirai », « sale », pour elle la mémoire de son père est morte, elle ne représente rien et elle la compare même à des « ordures ».

On visualise donc bien l’opposition présente entre Mathilde et Adrien. Tous deux ont une mentalité très différente, ils incarnent deux visions différentes du monde et de la façon de le percevoir. De plus ils ont un sentiment opposé sur une personne qui les unis pourtant, leur père. On comprend donc bien que la communication entre eux est difficile et que le dialogue est également mouvementé.

        En second lieu nous allons donc nous intéresser à la scène de violence provoquée par la dispute. Nous observerons alors la haine insoutenable ainsi que l’affront d’un frère et d’une sœur et enfin la famille qui est présente.

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