Baudelaire, le vin

Objet d’étude : Objet d'étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle

Parcours associé : modernité poétique ?

Texte 1 : Baudelaire, Les Fleurs du Mal, « Le Vin »,

L'âme du vin

Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles :
« Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité !

« Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme ;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,

« Car j'éprouve une joie immense quand je tombe
Dans le gosier d'un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.

« Entends-tu retentir les refrains des dimanches
Et l'espoir qui gazouille en mon sein palpitant ?
Les coudes sur la table et retroussant tes manches,
Tu me glorifieras et tu seras content ;

« J'allumerai les yeux de ta femme ravie ;
A ton fils je rendrai sa force et ses couleurs
Et serai pour ce frêle athlète de la vie
L'huile qui raffermit les muscles des lutteurs.

« En toi je tomberai, végétale ambroisie,
Grain précieux jeté par l'éternel Semeur,
Pour que de notre amour naisse la poésie
Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! »

MODERNITE ? transformer le Mal en Beau !

Il y a deux procès en censure en 1857 (sous Napoléon III) : celui de Madame Bovary, de Gustave Flaubert, et celui des Fleurs du Mal, de Baudelaire. Les deux œuvres sont accusées d’« atteinte à la morale publique ».

Qu’est-ce qui choque le lecteur du XIXe siècle dans Les Fleurs du Mal ?

Comme l’oxymore du titre l’indique, Baudelaire veut montrer la beauté du Mal, et par conséquent transforme le Mal en Beau. C’est provoquant !

C’est pour cette raison que Baudelaire rappelle le mouvement du Parnasse : la forme des poèmes dans Les Fleurs du Mal approche la perfection classique (les sonnets par exemple).

Mais la tension entre le Bien et le Mal est très romantique.

Baudelaire appelle sa mélancolie le Spleen (les anglicismes sont très à la mode chez les gens chics déjà à cette époque).

Il cherche à s’en guérir en imaginant ce qu’il appelle l’Idéal.

L’Idéal se reconnaît dans les poèmes des Fleurs du Mal par l’usage des correspondances, ou synesthésies : l’harmonie des sens, couleurs, sons, parfums, lesquelles mènent à l’élévation. C’est ce qui va inspirer le Symbolisme.

→ Repérages pour l’analyse linéaire de « l’Ame du vin » :

1. Un poème parnassien : Sur quelle figure de style repose le poème ? (relevez tous les procédés qui la composent) Pourquoi est-ce provocateur ?

La principale figure de style du poème est la personnification du vin. Les procédés qui la composent sont :

_ « L'âme du vin »

_ « l'âme du vin chantait » vers 1

_ « Sous ma prison de verre » vers 3 ; le vin parle du moment où il était en bouteille il en fait une métaphore en la comparant avec une prison.

_ « Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l'âme ;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant, » vers 5 à 8 ; le vin nous montre comment il est créé : grâce à la colline où pousse la vigne, la peine et la sueur du vigneron et le soleil pour faire pousser la vigne.

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