Le Vin Pour Baudelaire
Compte Rendu : Le Vin Pour Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar dissertation • 16 Janvier 2014 • 1 170 Mots (5 Pages) • 2 889 Vues
Le vin chez Baudelaire
Ce thème, même s'il n'est pas essentiel chez Baudelaire, revêt une
certaine importance. Il est présent tout au long de la vie et de l'écriture de
l'auteur des Fleurs du mal et est évoqué dans tous les genres que ce dernier
a magnifiés :
• la poésie : « Le Vin » est le titre d'une section des Fleurs du mal,
composée de cinq textes
◦ « L'Âme du vin »
◦ « Le Vin des chiffonniers »
◦ « Le Vin de l'assassin »
◦ « Le Vin du solitaire »
◦ « Le Vin des amants »
• le poème en prose (« Enivrez-vous » dans Le Spleen de Paris)
• l'essai narratif, avec la section « Le Vin » dans « Du Vin et du
haschich » des Paradis artificiels.
• le théâtre avec le scénario intitulé L'Ivrogne.
Il est frappant également de voir à quel point Baudelaire (qui, il est
vrai, est coutumier du fait) est revenu sur ces textes. Les deux premiers
poèmes ont été mis en prose dans « Du Vin et du haschich », le scénario
est un développement du troisième.
Sur un thème comme celui-ci il est facile de se fourvoyer. Aussi pour
comprendre ce que signifie le vin pour Baudelaire, il est tout d'abord
important de comprendre ce qu'il n'est pas.
1. Ce que ne sont pas les textes de
Baudelaire à propos du vin...
1.1 ...la poésie d'un alcoolique
Comme Baudelaire, qui a longuement parlé du haschich, en a en fait
peu consommé, au cours d'expériences très prudentes et surveillées, il ne
fut pas alcoolique, et sans doute même très rarement ivre. Son ami Le
Vavasseur écrit : « Il était naturellement sobre. Nous avons souvent bu
ensemble. Je ne l'ai jamais vu gris, ni lui moi. » Et le photographe Nadar,
qui fut son intime de 1843 jusqu'à sa mort : « Jamais, de tout le temps que
je l'ai connu, je ne l'ai vu vider une demi-bouteille de vin pur. » Le vin est
pour Baudelaire un thème littéraire, et non un élément de sa vie.
1.2 ...un avertissement contre les dangers de l'alcool
Seul « Le Vin de l'assassin » pourrait entrer dans cette catégorie.
Mais ce n'est probablement pas vrai non plus. L'assassin n'est pas
condamné sur le plan moral comme ivrogne : c'est plutôt le fait de tuer la
femme qu'il aime qui fait de lui un personnage intéressant pour Baudelaire.
De la même manière, si l'on compare les textes de Baudelaire avec le
tableau de Degas, « L'Absinthe », on est immédiatement amenés à trois
remarques :
• La femme boit de l'absinthe, comme l'indique le titre du tableau ;
c'était une boisson très dangereuse, qui a rendu fous ou - fait moins
connu - aveugles beaucoup de ses consommateurs. Elle est
aujourd'hui interdite sous la forme qu'elle avait à l'époque. Or chez
Baudelaire, il n'est question que de vin, et d'aucune autre boisson
alcoolique. Même quand il évoque plusieurs manières de s'enivrer, le
seul breuvage qui vient sous sa plume est le vin : « [E]nivrez-vous ;
enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre
guise. » Ce n'est pas de l'alcool que parle Baudelaire, c'est du vin.
• Elle est seule ; même si un homme est assis à la même table qu'elle,
il se détourne et ils n'ont manifestement pas un regard ni une pensée
l'un pour l'autre. Au contraire chez Baudelaire le vin est
essentiellement social. Dès qu'il est ivre, le chiffonnier se voit à la
tête d'une armée, roi d'un pays dont les sujets l'aiment. Dans « Du
Vin et du haschich », le guitariste fait une superbe musique avec celle
de son ami, et un autre
...