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Analyse linéaire "Moesta et erabunda" des "Fleurs du Mal" de Baudelaire

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Par   •  27 Mars 2021  •  Analyse sectorielle  •  1 346 Mots (6 Pages)  •  694 Vues

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Les nombreux changements sociaux et politiques du XIXe siècle provoquent le « mal du siècle». Ce « mal du siècle » est le sentiment de nostalgie, de mélancolie que Baudelaire qualifiait de “spleen”. Baudelaire, poète et critique d’art, est très observateur des mutations de son siècle. Les Fleurs du Mal est l'œuvre de toute sa vie, son monument. Son titre donne à première vue l’idée de la tension entre le beau et le Mal. Il marque en effet le tournant vers la modernité de par son ancrage urbain et sa noirceur. Dans ce recueil, Baudelaire montre l’âme humaine déchiré entre le Spleen et l’Idéal. Notre poème Moesta et errabunda se trouve dans la section “Spleen et Idéal”. Ce poème est composé de six quintils d’alexandrins aux rimes croisées, où le dernier vers de chaque strophe répète le premier. Nous pouvons alors nous demander ; comment ce poème oppose-t-il le spleen du poète à un paradis perdu ? Pour cela nous verrons dans une partie que le poète souhaite s’évader pour fuir l’instant présent, trop oppressant. Enfin, nous verrons un éloge du paradis perdu, où le poète pose la question de sa capacité à restaurer ce paradis inatteignable.

Le poème Moesta et errabunda s’ouvre sur une adresse lyrique à une femme prénommée “Agathe” v.1. L’impératif à la deuxième personne du singulier “dis-moi” v.2 inscrit la voix du poète dans une solitude à laquelle il espère se soustraire en “s’envolant”. Le terme “ton coeur”v.1, avec le pronom possessif, donne l’impression d’une confession intimiste et amoureuse où le poète implore la présence de l’être aimé. Mais très vite, le poète oppose la réalité hait à un ailleurs idéalisé. Ainsi, les vers 2 et 3 sont structurés sur une antithèse entre spleen et idéal. En effet, la “cité” v.2 est associée à un adjectif péjoratif qui exprime le dégoût “immonde” v.2 tandis que l’ “autre océan” est un monde virginal décrit par l'harmonieuse énumération ternaire d’adjectifs mélioratifs avec “bleus,clair,profond” v.4. La reprise du v.1 au v.5 renforce l’appel au départ de Baudelaire et crée une musique envoûtante que l’on retrouve dans l’ensemble du poème. Dans la deuxième strophe, Baudelaire poursuit une métaphore filée entre la mer et l’ailleurs ; “la mer, la vaste mer, console nos labeurs !” v.10. Cette mer est personnifiée en figure maternelle, en effet elle “console” au v.6, le poète et chante une “sublime berceuse” v.9 comme le ferait une mère. Cet ailleurs évoqué par Baudelaire est donc tourné vers l’enfance. Mais cette nature ambivalente. Elle est à la fois source d’apaisement mais également effrayante de par son étendue et son chant dysharmonique qu’elle tient d’un “démon” v.7 surnaturel. La nature est donc ambiguë, à la fois effrayante et sublime. Elle n’offre pas de consolation absolue au poète. Baudelaire rompt ainsi avec la tradition romantique en représentant la nature comme une force menaçante avec laquelle le poète ne peut plus fusionner. Cependant, l’adresse amoureuse du premier vers laisse place à une adresse au “wagon” v.15 et à la “frégate” v.15. La distance se creuse donc entre le poète et Agathe. L’être aimé est remplacé par l’objet comme si l’amour n’avait pas su libérer le poète qui se tourne vers des objets muets. Le parallélisme de construction et l’exclamation du v.11 donne une impression d’urgence poignante. Ce sentiment d’urgence est renforcé par la répétition exclamative “loin ! loin !” v.12. L’urgence d'accéder à l’ailleurs est justifiée par la description sordide de l’”ici” au v.12-14, caractérisé par le champ lexical de la souffrance “pleurs”, “triste”, “remords”, “crimes”, “douleurs”. L’ici est un espace désespérant où les Hommes se noient dans leur propre tristesse “ ici la boue faite de nos pleurs” v.12. Le spleen serait un désespoir généralisé, fruit de la modernité urbaine, et que le poète tente de fuir. Puis Baudelaire fait parler Agathe aux vers 14 et 15. D’autant plus qu’Agathe signifie “beau” en grec, symbole de la pureté originelle. Or cette figure féminine idéale est ici souillée puisqu’elle réclame elle aussi à s’éloigner “des remords, des crimes, des douleurs” v.14, dans lesquels son âme a été plongée. Le fantasme

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