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Fiche sur les Fleurs du Mal de Baudelaire

Dissertation : Fiche sur les Fleurs du Mal de Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Octobre 2014  •  4 447 Mots (18 Pages)  •  3 738 Vues

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La poésie fut l’instrument privilégié de tous ceux qui cherchèrent à dépasser la réalité au XIXe siècle. La publication par Charles Baudelaire des Fleurs du Mal en 1857 constitue une étape décisive. Contre Champfleury, le théoricien du réalisme et les réalistes qui à la même époque prétendent que le romantisme est dépassé, Baudelaire y voit « l’expression la plus récente, la plus actuelle du Beau ». Mais c’est un nouveau romantisme qu’il propose, défini avant tout par la spiritualité et la modernité. Ces perspectives nouvelles débloquent la situation de la poésie. A cette date, en effet, les poètes se trouvaient placés devant un dilemme : il leur fallait choisir entre deux extrêmes, le lyrisme romantique qui privilégie les sentiments ou le formalisme parnassien purement attaché à la forme, au style. Baudelaire leur ouvre une troisième voie moderne et spirituelle, le symbolisme, et a été considéré comme le chef du fil de ce mouvement mystique.

N’est-ce pas la grande libération du mal du siècle, celle de Chateaubriand, celle de Lamartine ? Le mal chez Baudelaire est sans doute de n’avoir pu être entièrement ce qu’il a appelé de ses vœux. Après la volupté et le dégoût, il a souffert de cette incertitude.

Quel pathétique se dégage de la section II de Hygiène, quand Baudelaire fait un retour sur lui même en toute lucidité : « Après une débauche, on se sent toujours plus seul, plus abandonné. - Au moral comme au physique, j’ai toujours eu la sensation du gouffre, non seulement du gouffre du sommeil, mais du gouffre de l’action, du rêve, du souvenir, du désir, du regret, du remords, du beau, du nombre, etc. - J’ai cultivé mon hystérie avec jouissance et terreur. Maintenant, j’ai toujours le vertige, et aujourd’hui 23 janvier 1862, j’ai subi un singulier avertissement, j’ai senti passer sur moi le vent de l’aile de l’imbécillité. » Il est désormais à l’heure du choix. Le dilemme est là, l’alternative est sans rémission. Tel est le sentiment de la pensée II où passe l’angoisse : « Hygiène. Morale. - A chaque minute nous sommes écrasés par l’idée et la sensation du temps. Et il n’y a que deux moyens pour échapper à ce cauchemar, pour l’oublier : le plaisir et le travail. Le Plaisir nous use. Le travail nous fortifie. Choisissons. - Plus nous nous servons d’un de ces moyens, plus l’autre nous inspire de répugnance. - On ne peut oublier le temps qu’en s’en servant. - Tout ne se fait que peu à peu. » Et la fin souligne le moyen du salut : « Pour guérir de tout, de la misère, de la maladie et de la mélancolie, il ne manque absolument que le goût du travail. ».

Il y a chez lui la peur incontestable d’un Au-delà de châtiment, de l’Enfer : « Hygiène - En renvoyant ce qu’on a à faire, on court le danger de ne jamais pouvoir le faire. En ne se convertissant pas tout de suite, on risque d’être damné ».

Baudelaire a eu le privilège heureux ou malheureux d’avoir senti le premier ce déchirement et cette aspiration vers un Bien idéal et vers Dieu, le Dieu de son enfance, et vers le Mal et la révolte satanique.

Les Fleurs du mal

Unique recueil de poèmes en vers de Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal englobent la quasi-totalité de sa production poétique, de 1840 jusqu'à sa mort survenue fin août 1867.

Publié le 25 juin 1857, réédité dans des versions différentes, ce recueil est l’une des œuvres majeures de la poésie moderne. Ses quelque 150 pièces, empreintes d’une nouvelle esthétique où l'art poétique juxtapose une réalité souvent crue - voire triviale - à la beauté la plus ineffable, exerceront une influence considérable sur des poètes ultérieurs aussi éminents que Paul Verlaine, Arthur Rimbaud et Stéphane Mallarmé.

Œuvre

Titre

Dès 1845, un recueil de quelque 26 poèmes fut annoncé sous l'intitulé « Les Lesbiennes ».

À partir de 1848, Baudelaire y substitua le titre « Les Limbes ». Mais il dut l'abandonner à regret (il en appréciait les résonnances théologiques), un recueil du même nom, poésies intimes du bien oublié Georges Durand, étant déjà paru en mai 1852.

Ce n'est qu'en 1855 que Baudelaire choisit « Fleurs du Mal » pour intituler 18 poèmes parus, le 1er juin, dans la Revue des deux Mondes. Dès lors, ce titre s'imposera définitivement.

À l'âge de 18 ans, Baudelaire avait envoyé par lettre, à sa mère, un « bouquet de fleurs singulières » : des poèmes.

Dans l'un de ses projets de préface, Baudelaire précise, non sans ingénuité feinte ni malicieuse provocation : « Il m'a paru plaisant, et d'autant plus agréable que la tâche était plus difficile, d'extraire la beauté du Mal. Ce livre, essentiellement inutile et absolument innocent, n'a pas été fait dans un autre but que de me divertir et d'exercer mon goût passionné de l'obstacle ».

Le titre laisse entendre que les voies du Beau et du Bien ne convergent pas nécessairement (« Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme / Ô Beauté ? » - Hymne à la beauté ), et que l'artiste revendique toute liberté d'investigation créatrice.

Structure

Le poète divise son recueil en six parties : Spleen et Idéal, Tableaux parisiens, Le Vin, Fleurs du Mal, Révolte et La Mort. Un premier poème, Au Lecteur, sert de prologue.

Cette construction reflète le désir d'ascèse de Baudelaire, sa quête d'absolu. Spleen et idéal dresse un constat sans concession du monde réel : c'est une source d'affliction et de blessures (le spleen), qui suscite chez Baudelaire un repli sur soi mais aussi le désir de reconstruire mentalement un univers qui lui semble viable. Les trois sections suivantes constituent autant de tentatives d'atteindre cet idéal. Le poète se noie dans la foule anonyme du Paris populaire et grouillant où il a toujours vécu (Tableaux parisiens), s'aventure dans des paradis artificiels résumés par Le Vin et sollicite des plaisirs charnels qui s'avèrent source d'un enchantement suivi de remords (Fleurs du Mal). Ce triple échec entraîne le rejet d'une existence décidément vaine (Révolte), qui se solde par La Mort.

Spleen et Idéal (85 poèmes)

Spleen et Idéal ouvre les Fleurs du Mal. Cette première section établit un bilan : voué de toute éternité à la faute, au mal et à une souffrance rédemptrice (Bénédiction), le monde réel inspire à Baudelaire un dégoût et un ennui qui vont jusqu'à

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