Analyse du chien et du loup de Jean de la fontaine

EXEMPLE «Le Loup et le Chien»  

Le XVII e siècle est la représentation de la rectitude et de la raison. Les Français obéissaient au roi Louis XIV et répondaient à son désir de bienséance. Plusieurs auteurs ont tenté d’enseigner aux lecteurs l’attitude à adopter pour respecter la morale. Jean de La Fontaine est un fabuliste qui s’adonnait à cette pratique littéraire. Il a écrit de nombreuses fables dont «Le Loup et le Chien». Par l’écriture de cette dernière, cet auteur a voulu illustrer que la liberté n’a pas de prix. Le thème de la nourriture ainsi que les conditions de vie des personnages serviront à le montrer.

Dans un premier ordre d’idées, le lecteur peut remarquer que le rapport à la nourriture n’est pas le même pour les deux personnages. D’un côté, le Loup semble souffrir de la famine. On remarque que le «Loup n’avait que les os et la peau» (v.1). Cette litote atténue la réalité en mettant l’accent uniquement sur une partie du corps de l’animal. En réalité, l’apparence famélique du canidé sauvage sous-entend qu’il peine à se nourrir pour survivre. D’un autre côté, le Chien, quant à lui, bénéficie de l’abondance. L’énumération de ses attributs physiques le suggère au lecteur : «Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau / Gras, poli qui s’était fourvoyé par mégarde» (v. 3-4). Les adjectifs qualificatifs mettent l’accent sur la saine apparence de cet animal. De plus, le vocabulaire pour le décrire est appréciatif, ce qui augmente la distinction de ce dernier. La polysémie du dernier adjectif, «poli», suggère au lecteur un poil luisant et des bonnes manières. Ainsi, il est possible de constater que deux personnages, malgré leur proximité filiale, n’ont pas le même accès à la nourriture qui est le prix de la liberté.  

Les conditions de vie de chacun des canidés sont, comme la nourriture, fort différentes. Le Chien, pour sa part, est dans un état de servitude :  

• Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens

Portants bâtons, et mendiants ;

Flatter ceux du logis, à son Maître complaire (v. 22-24).

Les premiers mots de cet extrait forment un euphémisme qui sert à atténuer la réalité servile de l’animal domestique. Ainsi, les tâches énumérées semblent moins exigeantes qu’elles ne le sont. De plus, le dernier vers forme un chiasme qui a pour effet de dévoiler la réalité au lecteur, c’està-dire la servitude du Chien en plaçant le maître au centre des actions de l’animal. Quant au Loup, il bénéficie de la liberté. Il se fait appeler «sire». La connotation de ce nom dévoile toutes les possibilités qui sont à la disposition de cet animal. De plus, lorsqu’il comprend la condition réelle de son cousin, son choix est univoque :  

• Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas  Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ?  - Il importe si bien, que de tous vos repas

 Je ne veux en aucune sorte,

 Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. "

 Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor. (v. 35-40)  

Les nombreux points d’interrogation mettent l’accent sur la surprise du Loup. Il est étonné de l’état dans lequel le Chien accepte de vivre. L’hyperbole des repas amplifie la richesse du Chien. La phrase négative qui succède ce procédé met en valeur la décision du Loup. De plus, la métaphore du trésor crée une analogie avec la nourriture. Ainsi, le lecteur comprend que la liberté ne s’achète pas, peu importe ce qui est offert en échange. Au dernier vers, le Loup est appelé «maître», ce qui dévoile sa détermination à garder le contrôle de ses actions. Bref, la liberté du Loup et la servitude du Chien mettent en scène des conditions de vie opposées afin d’illustrer que la liberté n’a pas de prix.

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