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Analyse de la fable d'Esope "l'Ane et le Chien cheminant de conserve"

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Par   •  27 Septembre 2022  •  Commentaire de texte  •  827 Mots (4 Pages)  •  398 Vues

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Analyse littéraire de L’âne et le chien cheminant de conserve.

Un âne et un chien qui cheminaient ensemble trouvèrent à terre une lettre cachetée. L’âne la ramassa, rompit le cachet, l’ouvrit et la lut à haute voix, de façon à être entendu du chien. Or cette lettre traitait de fourrage – en d’autres termes, de foin, d’orge et de paille. Aussi le chien, qui goûtait fort peu la lecture de l’âne, finit-il par lui dire : « Saute quelques lignes mon très cher : peut-être trouveras-tu qu’il est question de viandes et d’os ». Mais comme l’âne, après avoir lu toute la lettre, ne trouvait rien de ce que cherchait le chien, celui-ci intervint à nouveau : « Jette ce chiffon à terre, mon ami ; il n’a absolument aucun intérêt ».

Cette fable d’Esope constitue un apologue, court récit à portée moraliste composé d’un « corps » et d’une « âme » (La Fontaine). Ici, la morale n’apparaît qu’implicitement, forçant le lecteur à se confronter au récit de manière active pour y trouver un sens. Nous allons présenter les enjeux littéraires de ce court récit en examinant comment il médite sur les rapports de force qui se dessinent entre les lecteurs.

De manière surprenante, l’âne prend l’initiative intellectuelle. Sans doute la cause de sa curiosité s’articule-t-elle autour d’une attitude bestiale endémique au genre merveilleux. L’élément perturbateur du récit (ici, une missive scellée servant de prétexte au développement de l’intrigue) ne semble affecter les protagonistes malgré le caractère détonant de l’objet ; d’où l’attitude nonchalante de l’équidé qui entame le processus anthropomorphique de décachetage d’une lettre sans aucune hésitation morale. Cette absence de doute peut être provoquée par un désir d’apprendre et de se cultiver, peu subtilement suggéré par le fabuliste, mais on peut aussi soutenir que l’âne est poussé par un réflexe surnaturel, au-delà du vague intérêt pour la littérature, conduit par la main de l’auteur et servant une portée plus théâtrale où il va enfiler un costume de pédagogue et rendre un service culturel à son comparse pour le bien et l’accomplissement du devoir didactique. Il est d’ailleurs intéressant de souligner que la position de l’âne vis-à-vis du chien est ambiguë, car celui qui instruit par la fable est souvent l’esclave (et cela se voit lorsque le chien donne un ordre à son « ami »).

 

On observe une progression à thème linéaire dans les réflexions des animaux vis-à-vis de la lettre obscure, qui introduit d’une manière quasi-filmique le décalage entre deux voire trois paradigmes en opposition. Celui de la lettre est discutable, dans le sens où l’objet, bien qu’il soit fondamentalement dépourvu de conscience, introduit des normes dans l’appréhension de la culture (cachetage/sceau formel, mise à l’écrit d’une littérature pourtant simple à comprendre pour des animaux). En revanche, les visions de l’âne et du chien sont à la fois opposées et complémentaires. L’un lit le texte de son regard d’âne, pas forcément objectif (de ce qu’en sait le lecteur), et l’autre écoute ces mots avec une attention de chien, peu objective de ce que l’on comprend du compte-rendu oral qu’il fait de la lettre. Le canidé est visiblement trop incompétent pour avoir une réelle conversation entre lecteurs, mais cette inaptitude découle certainement d’un défaut de communication et d’intersubjectivité entre les personnages, au-delà du simple refus de s’ouvrir à une altérité culturelle et la défaillance du goût pour le nouveau.

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