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Analyse de la Lettre CXLI, Les liaisons dangereuses

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Par   •  7 Octobre 2016  •  Commentaire de texte  •  2 150 Mots (9 Pages)  •  5 154 Vues

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Lettre CXLI

p. 417, de « Un homme de ma connaissance… » à la fin de la lettre.

Introduction :

Situation : le XVIIIe s, Laclos, le roman par lettres, l’intrigue des Liaisons D. (rapidement).

Juste avant ce texte :

La tension est en train de monter entre Valmont (V) et la marquise de Merteuil (M) : Valmont veut prouver à M qu’il n’est pas amoureux de Mme de Tourvel, afin de préparer M à lui céder – il le croit au reste sincèrement ; M lui répond qu’il est amoureux, et n’est pas convaincue. Puis, elle laisse une lettre de V (CXXXVIII) sans réponse : V s’en irrite, écrit une nouvelle lettre (CXL), où il le lui dit, puis lui parle de Cécile, mais par quelques formules, laisse entendre que seule Mme de T l’intéresse (les deux lettres sont distantes de six jours). La réponse de Mme de M (L CXLI, dont est extrait le texte) est froide et agacée ; après avoir montré à Valmont combien il s’aveugle, et combien elle est offensée par la préférence marquée qu’il donne à Mme de T, M lui raconte une petite histoire, qui contient une lettre fictive, et est une invitation à rompre.

Problématique : PB : la lettre a un double objectif, convaincre Valmont de l’envoyer, et porter un coup mortel à Mme de Tourvel. Il s’agit donc de voir comment Mme de Merteuil, en manipulant Valmont, tente de remplir ce double objectif.

Plan : cette lettre scelle le destin de trois personnages, Mme de Merteuil, Mme de Tourvel et Valmont. Je propose donc de voir l’un après l’autre la manière dont chacun d’eux apparaît dans cette histoire, en lien avec ce qu’il est dans le roman. D’où les trois parties :

I, Mme de Merteuil, manipulatrice experte.

II Mme de Tourvel, victime sacrifiée.

III Valmont, amant incertain et manipulé.

I Mme de Merteuil

L’amie « généreuse » de la lettre se comporte comme Mme de Merteuil : l. 16-18 : « cet homme avait une amie qui fut tentée un moment de le livrer au public en cet état d’ivresse … Mais pourtant, plus généreuse que maligne… » cf lettre V : « … rougissez-vous-même et revenez à vous. Je vous promets le secret. » Elle veut « tenter un dernier moyen » (l.21) pour cet homme qui « passait ainsi sa vie, ne cessant de faire des sottises. » (l.15). De même Mme de Merteuil représente-t-elle V souvent comme irréfléchi, et prétend-elle raisonner à sa place : Cf Lettre V : « Amie généreuse et sensible, j’oublie mon injure pour ne me soucier que de votre danger ; et quelque ennuyeux qu’il soit de raisonner, je cède au besoin que vous en avez dans ce moment. » L CXXXIV : » »Vous êtes bien comme les enfants… Est-il donc généreux de me laisser supporter seule tout le fardeau de la prudence ? » L. CLII : « Eh bien, je vais raisonner pour vous… »

Cette petite histoire, apparemment légère, s’insère à un moment extrêmement tendu du roman, dans une lettre très froide de Mme de Merteuil. Juste avant d’introduire son histoire, M menace Valmont de lui répondre, définitivement sur ce qui les unit (La question de V, qu’elle cite, était «Y a-t-il encore quelque intérêt commun entre vous et moi ?») – c’est-à-dire, de briser tout lien intime avec lui, et de rompre le pacte selon lequel elle doit se donner à lui. Elle feint de quitter le sujet, par l’antiphrase « je n’en veux absolument plus parler », au moment même où elle indique à V qu’elle exige qu’il rompe, et lui indique comment. Les phrases par lesquelles elle introduit son histoire sont des antiphrases - communes dans le langage poli : elle signale en fait à Valmont l’ « attention » qu’il doit prêter à cette histoire.

A la fin de la lettre, M prend deux congés de V : à la fin de l’histoire, « Jusque-là, adieu tout simplement… » et après la réponse sur la fausse couche de Cécile, où elle en profite pour se moquer de Valmont, « Bonsoir, Vicomte. » Reprendre la parole aussi vite après un adieu est, comme au début, une légèreté jouée. Mais Mme de M. a annoncé son ultimatum – le refus de céder à V, qui impliquerait la fin de leurs relations. Mme de Merteuil se maintient donc toujours dans un ton ambigu, rempli d’ironie – mais ici, le message est clair. Ce double congé est une manière de marquer deux fois de la distance, par la gravité de l’adieu, et par la brusquerie sèche du « Bonsoir, Vicomte.» Il y a là un message d’hostilité – et une maniipulation pour pousser Valmont à rompre.

Conclusion partielle : Mme de Merteuil est donc ici très intéressée, malgré son apparent détachement. Ses relations avec Valmont se jouent ici, et elle tente une dernière manipulation, par laquelle elle compte triompher de Valmont lui-même, comme elle le lui dit dès qu’elle apprend qu’il a rompu (Lettre CXLV).

II Mme de Tourvel, victime sacrifiée :

Mme de Merteuil parle peu de la femme aimée dans cette histoire : elle est simplement « une femme qui lui faisait peu d’honneur. » Malgré l’euphémisme (= une femme ridicule), c’est le même point de vue que celui qu’elle donnait sur Mme de Tourvel dans la lettre V « Vous, avoir la Présidente de Tourvel ! Mais quel ridicule caprice ! … Qu’est-ce donc que cette femme ? etc » Cependant, par son portrait violemment moqueur, M s’était attiré une réponse de V, qui était un éloge vibrant d’amour de Mme de Tourvel. Elle ne recommence pas la même erreur, et passe très vite sur cette femme.

La lettre suggérée par Mme de Merteuil est d’une grande violence, dès le début – Mme de Merteuil la décrit ainsi dans une lettre suivante (CXLV) : « Ah, croyez-moi, Vicomte, quand une femme frappe dans le cœur d’une autre, elle manque rarement de trouver l’endroit sensible, et la blessure est incurable. » Elle ménage ses effets par un crescendo dans l’humiliation : d’abord, l’ennui ; puis la fin de l’amour de Valmont ; puis le fait qu’il l’ait trompée ; puis, qu’il « aime éperdument » une autre femme (ce qui est plus grave qu’une tromperie) ; enfin, en l’invitant à choisir un autre amant, c’est son amour à elle qu’il nie – montrant qu’il n’en a rien reconnu (Mme de Merteuil tombe juste : Valmont, dans la lettre suivante, envisage lui-même cette hypothèse : Lettre CXLIV : « je

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