LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Analyse Et Rapprochement Entre L'œuvre Originale De Voltaire Et L'adaptation Cinématographique De Norbert Carbonnaux

Dissertation : Analyse Et Rapprochement Entre L'œuvre Originale De Voltaire Et L'adaptation Cinématographique De Norbert Carbonnaux. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Octobre 2014  •  988 Mots (4 Pages)  •  2 768 Vues

Page 1 sur 4

Nous découvrons dans le film de Norbert Carbonnaux, réalisé en 1960, une adaptation de l’œuvre de Voltaire tout à fait original, notamment par le fait que les péripéties de Candide se déroulent en Alsace, dans le contexte de la seconde guerre mondiale.

D’un point de vue personnel, j’ai particulièrement apprécié le choix de l’acteur interprétant Candide, il porte sur son visage une naïveté juvénile qui sert la compréhension du personnage et de la devise acquise de son précepteur Pangloss.

Lors de cette adaptation cinématographique, les noms des personnages principaux sont respectés, et des « tirades « complètes de l’œuvre originale sont insérées, notamment grâce à une voix off. C’est le cas au tout début du téléfilm, lorsque Cunégonde observe les ébats de Pangloss avec la femme de chambre. Le jeu de l’actrice est alors particulièrement exagéré, notamment lorsqu’on la voit revenir au château « pensive », ce qui donne un aspect enfantin à une scène qui est loin de l’être. Les détails du mouchoir qui tombe, des bouches qui se rencontrent sont respectés, voire mis très en avant par une manière de filmer au ralenti, le cinéaste respecte même le jeu des « genoux qui tremblent » par la danse du charleston. Cette manière de filmer très naïve m’a beaucoup plu, toute la candeur du personnage principal est posée dans ces premières minutes de film. Le fait que le cinéaste insiste sur ces minutes de film plutôt que sur les scènes plus atroces est un parti pris qui rend le texte plus accessible à un large public sans à mon goût en enlever la saveur, mais on insiste il me semble davantage sur la naïveté du personnage, quitte à le rendre presque stupide. De la même manière, la scène au champ de bataille entre les deux chefs français et allemand montre certes le ridicule de la situation, voire le ridicule de cette guerre, mais la scène est drôle, notamment par le jeu de « frères ennemis » typique du jeu clownesque lorsque chacun crie « feu ». Une fois encore, la présence de l’humour permet au cinéaste d’insister sur la naïveté du personnage de Candide, d’en faire un personnage charmant, et il semble que ce soit un choix de l’auteur de ne pas insister sur la cruauté, la violence et l’intolérance du monde que Voltaire dénonçait. C’est certainement aussi dans cet espoir que le cinéaste a choisi Louis De Funès pour interpréter le trafiquant de marché noir, cet acteur étant connu uniquement pour ses rôles de comique. Le comble de la naïveté de Candide est traduit dans la scène où il accompagne un médecin sourd et aveugle dans les camps de concentration, alors qu’on leur exhibe de faux détenus. Plus qu’une dénonciation de la cruauté de ce monde, il me semble qu’il s’agit d’un choix du cinéaste de dénoncer la difficulté de la société à voir la cruauté de ce même monde : on peut parler de naïveté, on peut même parler d’aveuglement, voire de volonté délibérée de ne pas voir, ce qui en 1960 peut être une manière engagée de dénoncer ceux qui disaient ne pas savoir ce qui était fait aux juifs dans les camps de concentration. Bref, ce qui m’a le plus marqué dans cette adaptation est le parti pris de la candeur, voire du déni, du refus de voir de notre société, insistant sur cet aveuglement plutôt que sur les horreurs réelles.

A un autre niveau, l’adaptation de Candide fait ressortir, avec d’autres événements mais d’une manière proche les limites propres aux religions. Tout d’abord, j’ai apprécié les images de la procession religieuse suite au bombardement de Lisieux : par son côté inadapté, une procession ne risquant pas de contrecarrer une attaque de bombes ; par son côté inefficace, un bombardement encore plus violent ayant lieu le lendemain ; par son côté culpabilisant, l’origine du bombardement devant être trouvée dans une faute commise par le peuple. Cette scène est à mettre en parallèle avec le chapitre 6 de Candide, « comment on fit un bel autodafé pour empêcher les tremblements de terre, et comment candide fut fessé. », où la solution proposée est tout aussi inadéquate, utopique et inefficace. De même, l’intolérance religieuse est dénoncée dans les deux œuvres, le fanatisme et ses conséquences.

Dans cette adaptation de Candide, et peut être encore plus que dans le texte original, la femme se résume à son apparence physique et à sa capacité à faire tourner la tête des hommes. Plutôt que sa beauté incontestable, ce sont les atouts séducteurs de Cunégonde tels que sa poitrine généreuse qui sont mis en avant. Cunégonde se prostituera à un trafiquant de marché noir et à un chef de la Gestapo, il me semble que dans le film, on insiste moins sur le côté misérable de cette condition, mais davantage sur les bénéfices qu’elle en retire. Lors de la fuite de Candide et Cunégonde en Argentine, j’ai retenu la scène où les dictateurs se succèdent tous les quarts d’heure et courtisent la jeune demoiselle, celle-ci se montre alors pensive voire intéressée, ce qui va dans le sens d’une Cunégonde moins soumise et moins naïve que dans l’œuvre originale. Dans le film également, reconnue comme collaboratrice, Cunégonde est tondue, et enfin en Egypte, elle échouera dans le harem du roi Farouk, où on la voit danser, souriante. Cette version semble insister sur les avantages que peut représenter la beauté pour une femme, les profits qu’elle peut en tirer, plutôt que sur l’aspect violent, noir de l’œuvre originale, où les femmes sont privées de liberté, séquestrées, abusées. Il semble que la naïveté de Candide dans cette œuvre cinématographique est encore amplifiée par le fait que Cunégonde ne lui est pas infidèle totalement par obligation. Dans les deux œuvres, la beauté de Cunégonde semble sa qualité principale mais alors qu’elle lui joue des tours dans l’œuvre originale, il semble que dans l’œuvre cinématographique elle en devient un atout dont elle sait user.

...

Télécharger au format  txt (6 Kb)   pdf (75.9 Kb)   docx (10 Kb)  
Voir 3 pages de plus »