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Alcools, entre tradition et modernité

Commentaire d'oeuvre : Alcools, entre tradition et modernité. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Mai 2021  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 060 Mots (5 Pages)  •  1 084 Vues

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Alcools, recueil de poèmes écrit -ou composé- par Guillaume Apollinaire et publié en 1913, serait selon une opération de collaboration entre la Fnac et Le Monde réalisée au printemps 1999, l’un des « cent meilleurs livres du [Xxeme] siècle ». Malgré l’évidente subjectivité d’un tel classement, le succès de cet ouvrage centenaire s’explique certainement par la fascinante dualité de l’écriture du poète, qui semble ne permanence écartelé entre une poésie séculaire et une autre, plus novatrice, plus étonnante, plus audacieuse ; d’une modernité si intrépide qu’elle soustrait parfois aux regard du lecteur les marques de la poésie traditionnelle. Ces héritages sont notamment remarquables à travers les thèmes dont traite Apollinaire et grâce aux formes et aspects de ses poèmes.

Dans un premier temps, Alcools se structure principalement autour de six sujets qui sont : l’amour malheureux, la mélancolie, l’automne, le feu et le soleil, les légendes germaniques et femmes traîtresses ainsi que l’ennui de l’emprisonnement ; auxquels il est possible d’ajouter la mort et la religion qui occupent également une place prépondérante dans l’ouvrage. Apollinaire, bien que doué d’un indéniable génie artistique, paraît en effet rencontrer des difficultés quant à sa relation aux femmes, qui n’ont jamais semblé pouvoir assouvir les désirs du poète. -Une de ses amies, l’écrivaine Louise Faure-Favier, en rendra d’ailleurs compte dans le dix-huitième chapitre de son roman, Souvenir d’Apollinaire, publié en 1945 et intitulé : « Apollinaire et les femmes ou le chapitre impossible ». On observe par exemple dans « la chanson du Mal-Aimé » que le poète chante la plainte de l’amant délaissé :

« Adieu faux amour confondu

Avec la femme qui s’éloigne

Avec celle que j’ai perdue

L’année dernière en Allemagne »

Cette femme qui lui occasionne tant de souffrance est Annie Playden dont il est tombé amoureux au début du siècle, mais qui ne ressent rien pour lui. Elle lui permet toutefois de composer des textes d’un bouleversant lyrisme amoureux, poursuivant une tradition alors plus de deux fois millénaire. Notons également que l’emploi de prénoms féminins pour titrer les poèmes renvoie à la célébration de la femme, thème poétique particulièrement en vogue à la Renaissance, chez Pierre de Ronsard ou Clément Marot (Le Blason du beau tétin, Épigrammes, 1535). En plus d’aborder un thème maintes fois repris, Apollinaire s’inscrit dans une tradition élégiaque remontant à l’Antiquité en évoquant la mélancolie et avec elle les concepts de carpe diem et tempus fugit. En effet, le poète nous fait part de l’impermanence de l’amour, de la jeunesse, des choses en elles-mêmes, avec par exemple une référence aux « roses » des poèmes galants de Ronsard (aux vers 4,9 et 10 d’Aubade chantée à Laetare un an passé ) ou en l’exprimant clairement : « La vie s’écoule » (v22-23, Automne malade). L’expression du temps fugace s’exprime également relativement fréquemment avec l’évocation de l’automne, une saison qui « fait mourir l’été »(Automne, v7) et l’entraîne à écrire des poèmes empreints de tristesse voire de désespoir funèbre. On retrouve cela chez nombre de poètes plus anciens tels que Ronsard (Hymne de l’automne, 1564) ou Victor Hugo (« Voici que la saison décline », Dernière gerbe, 1902). Cependant, Apollinaire ne limite pas ses poèmes à l’expression de sa perception mélancolique du temps. En effet, il semble animé d’une dynamique de renaissance qu’il illustre à l’aide nombreuses images que l’on retrouve notamment dans

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