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Les sonnets XIII et XIV de Du Bellay

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Par   •  13 Mars 2024  •  Commentaire de texte  •  2 530 Mots (11 Pages)  •  34 Vues

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Analyse des sonnets XIII et XIV.

Sonnet XIII.

        Ces sonnets sont des poèmes de la Renaissance tirés de l’ouvrage Les Antiquités de Rome écrit par Joachim Du Bellay; membre de la pléiade en 1558. Cet ouvrage raconte la déception du poète au terme de son voyage, suite à la découverte de la cité antique. En effet, Rome n’est plus que ruines, la société qu’il côtoie s’illustre par un faste ostentatoire, l’hypocrisie et l’ambition. Ainsi, ce recueil permet à l’auteur de méditer sur la civilisation romaine, en exprimant son admiration pour la grandeur latine et sa mélancolie devant l'anéantissement de la Rome antique.

Le sonnet XIII a pour enjeu de montrer que Rome, même en ruines, continue d’émerveiller le monde. Le poète offre une éloge à la cité antique qui a toujours su se relever et faire face aux destructions, aux guerres, aux catastrophes météorologiques, au temps qui passe afin de garder toujours la trace d’une Rome forte, debout et prospère dans les esprits à défaut de ne pas toujours l’être matériellement. La grandeur de Rome est au coeur de ce sonnet, servie pas de nombreux procédés stylistiques à l’instar de métaphores, d’énumérations, d’hyperboles ou de métonymie.

Ce sonnet à rimes embrassées et suivies se découpe en deux mouvements. Le premier des vers 1 à 11 énumère les destructions et désastres que Rome a subies au court du temps tandis que le second  mouvement des vers 12 à 14 se place en contraste avec la destruction en évoquant la grandeur de la ville qui ne cesse d’émerveiller le monde malgré ses blessures et avec ses cicatrices.

Le sonnet se construit sur l’anaphore « ni » qui est une conjonction de coordination à connotation négative et qui est présente jusqu’a la fin du premier tercet. Celle-ci est toujours suivie d’un argument et permet de démontrer quelque chose. Ici, « ni » met en valeur la grandeur de Rome, qui survit, émerveille toujours malgré cette énumération de désastres que la ville subie. On retrouve un contraste entre la destruction, les dégâts et la survie.

Au vers 1, les termes « fureur » et « enragé » forment un pléonasme qui renforce l’idée de violence de l’incendie ainsi que son incontrôlabilité. La flamme est une allégorie qui représente l’incendie. De plus, l’incendie est personnifié avec le terme « fureur » ce qui le rend vivant et davantage dévastateur. Les trois premiers vers se font échos de par leurs sujets. En effet, « fureur », « tranchant » et « dégât » appartiennent tous les trois au champs lexical de la destruction, du danger. Ces trois termes forment une gradation de la violence dans le premier quatrain. Le rythme binaire la renforce. Seule la violence et le chaos ressortent de ces trois premiers vers. La chute de Rome apparaît comme une fatalité après ces événements douloureux. La temporalité de ce passage est actuelle et s’ancre dans le présent. Le « tranchant du fer » évoque l’épée, la guerre, le sang. Ici ce « fer » est dit victorieux ce qui marque une domination de la violence. Cette domination est mise en valeur par le fer qui est un matériaux dur, inébranlable. L’adjectif « tranchant » renforce les débats que l’arme peut faire et participe à cette escalade de violence dans le premier quatrain. Enfin, l’adjectif épithète « furieux » au nom « soldat » renvoie encore une fois à de la colère, matérialisée par de la violence, des dégâts ici.

Le vers 4 clôture ce premier quatrain: la conséquence de ces destructions est lâchée: Rome est saccagée. La ville est ici personnifiée. Le groupe de mots « tant de fois » souligne la répétition et l’insistance de ces destructions, la ville qui ne s’en sort pas, une rage éternelle envers la ville de Rome. « Coup sur coup" au vers 5 joue un rôle de miroir avec « tant de fois ». Ces groupes permettent de marquer une insistance et une forme d’exagération dans la répétition. Le verbe « changer » montre que les destructions ont eu un impact sur la cité antique. La « fortune » n’a pas un sens économique mais bien le sens de puissance et de réputation de la ville de Rome lesquelles sont bafouées par les destructions.

Au vers 6 le verbe « ronger » a un sens péjoratif. Ici, « les siècles », métaphore du temps compromettent l’équilibre de Rome, l’attaque et tente de la détruire. L’adjectif épithète « envieux » au terme siècle personnifie le temps qui semble « ronger » la ville de Rome par jalousie et rancoeur. Le verbe « ronger » est une métaphore des pierres, des édifices de la ville, détruits à mesure que le temps défile. On retrouve une opposition entre le vers 6 et 5 dans la temporalité des actions. En effet, alors que la fortune est changée immédiatement, « coup sur coup », Rome est rongée au fil des « siècles ».

Au vers 7, l’auteur montre que l’esprit est bien plus destructeur que les coups physiques. En effet, Rome a subi d’importantes et violentes destructions mais le terme « dépit » renvoie aux hommes et aux Dieux. Ainsi, les sentiments des Hommes sont plus dévastateurs que l’incendie, la guerre, le sang en ce sens ou l’homme peut changer le destin de la ville s’il se détache de ce « dépit ».

Le vers 8 est important car il opère un changement. En effet, le pronom personnel « toi » renvoie à la ville de Rome qui devient maître d’elle-même, qui ne s’est pas laissée abattre par le dépit des Hommes, s’est relevée afin « d’émerveiller ». Les vers qui suivent ne témoignent plus de l’infériorité de Rome sur les hommes et le chaos ni de l’énumération des dégâts mais bien de sa renaissance.

Les vers 9 et 10 renvoient à des catastrophes météorologies auxquelles Rome a dû faire face notamment avec les débordements du Tibre. Le terme « vent » qui est un des quatre éléments de la nature fait ressortir une Rome plus grande qui ne faiblit pas malgré les bourrasques et la destruction qui a désormais une origine naturelle. « Tortueux » renvoie à une forme d’hypocrisie, de détour, de ruse qui ne se manifeste pas franchement à l’instar des invasions barbares qui ont frappé Rome et dont les conséquences matérielles sont décrites plus haut dans le poème.

Au vers 11, on retrouve encore un écho à la nature avec le terme « onde » qui renvoie à quelque chose d’imprévisible, « une onde de choc ». Les vers de ce sonnet se font le miroir les uns des autres. La nature, l’impact de la violence humaine, la divinité, tout se recoupe au travers de la vie de cette ville de Rome.

Au vers 12, Rome est de nouveau personnifiée. Son orgueil est affaibli par les évènements destructeurs qu’elle a affrontés. Ce terme est important car il renvoie à toute la splendeur, la fierté et grandeur de la cité antique qui sont bafouées par le temps, les guerres, le sang. A ce stade du sonnet, il semble impossible que Rome se relève et que les générations futures s’intéressent à ce « tas » de ruines.

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